MX Magazine

Chronique

La chronique du mois…

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Salut à tous, j’espère que vous allez bien. Ce mois-ci, je vais vous parler de mes différente­s expérience­s de coach. J’ai commencé mon job d’entraîneur aux côtés de Frédéric Vialle, le père de Tom, c’était en 1996. Cette année-là, Fred est monté sur la troisième marche du podium en GP 125. J’ai appris plein de choses, lui aussi, c’était cool. Dans la foulée, Frédéric Bolley m’a contacté. Avec lui, on est allé au bout ce que l’on voulait puisqu’il est devenu double champion du monde 250. C’est un mec à part, décalé du monde du MX, on a toujours conservé de bonnes relations. Ensemble, nous avons vécu des choses exceptionn­elles. À la suite de cela, il a décidé de stopper notre collaborat­ion car les objectifs que nous nous étions fixés avaient été atteint. Avec Bobol, j’ai des milliers d’anecdotes. Quand il avait décidé de le faire, il pouvait être le pilote le plus rapide du monde. Je me souviens d’un déclic qu’il a eu en venant chez moi pour rouler dans un champ autour de pommiers en Bretagne. Comme il est de Marseille, au départ, l’idée l’enchantait moyen. Mais il fallait ce type d’entraîneme­nt pour affronter les courses compliquée­s. À l’époque, je roulais encore pas trop mal. On s’est tiré la bourre et il a mis un peu de temps avant d’être plus rapide. Il a appris à gérer un type de terre qu’il n’affectionn­ait pas vraiment. La semaine suivante, nous sommes arrivés sur le GP et les conditions étaient identiques à chez moi. Avec Fred, on échangeait énormément. Ce jour-là, personne ne l’a vu du week-end, il a gagné les deux manches en claquant les meilleurs chronos. Ça prouve une fois de plus que le mental est très important. Quand tu as des qualités et que tu n’arrives pas à mettre tout bout à bout pour décrocher un titre, il suffit parfois d’un petit déclic. Parfois ça prend du temps. À l’issue de ce GP, il m’a dit c’est bon, je pense que je suis prêt pour jouer la gagne. Il s’est battu face à Beirer, un acharné qui essayait de le sortir dans tous les virages. Mais Fred était plus fort, plus malin. Il a été super intelligen­t et a mis toutes ses qualités en place pour s’offrir son premier titre. C’était un moment hyper enrichissa­nt, une collaborat­ion très constructi­ve qui a débouché sur un 2e titre. À la suite de cela, j’ai été contacté par Sébastien Tortelli qui était déjà parti s’installer aux USA. Il était sous contrat avec American Honda et nous nous sommes organisés pour que je le retrouve là-bas. Lui, c’est un pilote qui donne énormément. Et même quand tu pensais qu’il était au bout de son maxi, il trouvait encore des ressources. Parfois c’était fou, il était capable à l’entraîneme­nt de se faire une manche de 40 minutes avec une vitesse de pointe de dingue et d’améliorer ses temps dans les deux derniers tours. Séb, c’était une force de la nature, je l’appelais le diplodocus. On a aussi beaucoup travaillé en SX, mais c’était plus dur. Il avait du mal à vraiment se relâcher. On ne peut pas se battre en Supercross comme on le fait en MX, il y a trop d’enchaîneme­nts, il faut être trop précis. Il n’a jamais vraiment pu exprimer son talent en SX, son pilotage basé sur l’engagement n’était pas aussi efficace. Ça ne l’a pas empêché malgré tout de claquer des podiums aux US quand même ! Bolley, il roulait avec deux doigts sur la poignée de gaz, tout en finesse, Séb, c’était les cinq doigts accrochés et je peux vous dire que quand il soudait, il ne faisait pas semblant ! Je pense que c’est le seul pilote à avoir explosé un repose-pied titane du HRC à la réception d’un triple. Tortell’, il mettait un engagement permanent, c’est un mec aussi très attachant. Au début j’habitais chez lui, après j’ai pris un mobil-home juste à côté. C’est pas toujours simple d’être quasiment toujours ensemble, même pour un coach et son pilote. On a besoin d’air, les uns comme les autres. J’ai aussi appris ça à l’époque, il faut tenir compte de la vie privée. Les femmes et les copines n’ont pas forcément envie de s’infuser le coach quasiment à plein temps, c’est normal. Je ne le comprenais pas forcément, je le comprends aujourd’hui. C’est dommage, je pense qu’il y avait moyen avec lui d’aller au bout en SX. Après cette expérience, je suis rentré en Europe et j’ai entraîné des jeunes, Jordi Tixier, David Adam, des pilotes d’enduro comme Germain et Guillaume, c’était cool. Et puis, j’ai commencé à côtoyer le frère de Mathilde Musquin et donc fatalement Marvin. Le premier jour où il est venu chez moi, c’était en novembre pour préparer Bercy. Il pleuvait, on a bossé dans un champ avec des virages, dans la boue, les ornières. On a commencé comme ça et dès le premier jour, il a réussi à appliquer mes conseils. J’ai vite vu qu’il avait un truc en plus. À Paris, il y avait un gros plateau et Marvin a claqué un top cinq avec sa 250 face aux 450. Il adore rouler, faire de la moto, s’entraîner. Il sait toujours où se trouvent ses roues, son corps, il est d’une précision diabolique. C’est pour cela qu’il est devenu aussi fort en SX. Quand il est arrivé chez KTM, on a demandé à l’usine de lui fournir une moto pour rouler en SX alors que la saison de GP MX2 battait son plein. Ils n’étaient pas chauds, mais ils ont accepté. Marvin a demandé à son pote Bamb’s de venir lui faire une piste chez moi et il n’a roulé quasiment qu’en SX et s’est offert le titre MX2. C’est enrichissa­nt d’avoir bossé avec de grands champions comme eux… Voilà, la prochaine fois j’espère que l’on reparlera un peu plus de l’actualité sportive, ça serait bien !

« Bosser avec des grands champions comme Bolley, Tortelli et Musquin, c’est très enrichissa­nt! »

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Yannig Kervella était aux côtés de Marvin Musquin lors de son premier titre mondial MX2.
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