MX Magazine

Le jour où…

Le samedi 5 janvier 2002, des dizaines de milliers de fans se pressent à l’Angel Stadium à Anaheim, dans la banlieue de Los Angeles, pour assister à l’ouverture du championna­t Supercross côte ouest avec cette année un nouveau venu très attendu : James Ste

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Stewart a disputé son premier SX pro…

Dans le paddock de l’Angel Stadium of Anaheim dédié au baseball, surnommé The Big A ou The Halo, le team Kawasaki Chevy Truck est en effervesce­nce. La KX 125 de James Stewart fait l’objet de tous les soins. Jeremy Albrecht est à la manoeuvre avec la clé de 12, sous l’autorité du chef mécanicien Norm Bigelow. Et l’ homme qui t end l’oreille au moment où la Kawasaki déchire l’air dans un craquement qui enthousias­me les adorateurs de 2-temps n’est autre que Ross Hoecker, le motoriste de l’équipe. Bruce Stjernstro­m, qui dirige le team Kawasaki USA, est aux anges. En faisant signer James Stewart, il a réussi un coup de maître. « C’est le fruit d’une longue négociatio­n avec ses parents. Beaucoup d’usines auraient aimé s’attacher ses services et nous voulions vraiment conclure ce deal », affirme le boss. En effet, plutôt que de faire ses armes chez Pro Circuit, James Stewart, dans la peau d’une star, richement soutenu par Fox et Oakley avant même d’avoir fait ses preuves chez les pros, entre chez les Verts par la grande porte et sa KX 85 – celle qui l’a propulsé vers les sommets, lui permettant, avec onze couronnes, de battre le record de neuf titres amateurs de Carmichael – trône en bonne place dans l’entrée du workshop du team à Irvine. Dans une interview accordée à MX Magazine, Bruce Stjernstro­m ajoute : « Les usines nous laissent du temps pour travailler sereinemen­t et mettre nos pilotes dans les meilleures conditions possible. L’un des avantages du SX aux USA, c’est de permettre aux jeunes pilotes de venir progresser au contact des meilleurs. C’est ce que nous appelons le rêve américain. » Et James va le vivre pleinement. À Anaheim, dans sa tenue Fox violette, au guidon de sa Kawasaki frappée du numéro 259, il focalise l’intérêt des médias et des spectateur­s venus voir la perle noire se mesurer au gratin de la discipline, une agitation qui ne faiblira jamais, au point d’énerver certains pilotes qui ne comprennen­t pas qu’un des leurs n’ayant pas encore de palmarès puisse leur faire de l’ombre.

Un jeune (presque) premier

James Stewart, auréolé d’un parcours époustoufl­ant chez les amateurs, va devoir se mesurer à des pilotes plus expériment­és, plus âgés. De quoi ajouter au suspens et à l’intérêt des débats. Dès les essais, Stewart se montre incroyable­ment rapide. « Il déborde de confiance et il se connaît bien, voilà une autre de ses forces » , analyse Grant Langston. Dans le paddock, James est dans sa bulle, protégé par son père, sans doute pour le préserver d’une pression médiatique énorme. Sur la piste, cette réserve s’éclipse et James se donne à 110 % comme les autres loups de la catégorie, met le feu, avec une vitesse en virage hallucinan­te, et ne lâche rien. Emporté par sa fougue, deux fois à terre, il revient comme une balle, de quoi s’attirer les faveurs d’un public venu voir du spectacle et qui veut en avoir pour son argent. En finale, après un départ raté d’où il ne sort qu’à la 17e position, il ne met que sept tours avant de pointer en 2e place ! Même si c’est Preston sur sa Honda qui remporte cette ouverture à Anaheim, Stewart se classe 2e devant Gosselaar (Honda), Seelands (KTM), Thain (Yamaha), Pingree (KTM) et Tedesco (Yamaha). Plus tard, lors de la traditionn­elle confrontat­ion finale des championna­ts EstOuest à Las Vegas, Stewart imposera sa classe en battant le champion côte Est, l’Australien Chad Reed, en roulant à seulement trois dixièmes du meilleur temps de Carmichael. Dans des courses débridées, tout au long de la saison, James se bat comme un lion mais va au tapis deux ou trois fois par week-end, pas le scénario idéal lorsque l’on vise un titre. À l’heure du bilan, c’est Travis Preston qui l’emporte (152 points) devant James (145 points, quatre victoires, mais qui décrochera le titre la saison suivante) et Ivan Tesdesco (130 points). En 2002, James Stewart est sur orbite, dans la peau d’un Tiger Woods du motocross, première méga star black d’un sport mécanique majeur. Dans les colonnes de Moto Verte, interrogé sur des conseils que Carmichael pourrait lui donner, RC répond : « Certaineme­nt pas. Il est déjà bien trop fort pour que je me risque à lui donner le moindre conseil (rires). S’il n’a pas décroché le titre 125 SX, c’est pour la même raison que Pastrana ou moi en 1997… Nous avons tous les trois confondu vitesse et précipitat­ion. » Et les faits lui donneront raison puisqu’à 16 ans et huit mois, James Stewart devient le plus jeune crossman titré chez les pros aux USA, battant le record de victoires, sur une seule saison, détenu par Carmichael (9) en remportant dix des douze courses du National US, deux casses mécaniques venant mettre à mal un grand chelem qui lui tendait les bras. Et Ricky de conclure : « J’espère avoir pris ma retraite quand Stewart sera au top en 250. » La légende JS ne faisait que démarrer…

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« Progresser au contact des meilleurs, ce que nous appelons le rêve américain. »

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