MX Magazine

L’automne français

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L’étéindien » météo, cette année, on n’en a pas vu la couleur. « L’automne français », tel que le connaissen­t les fans de MX, non plus. Débutant normalemen­t par le sacro-saint rendez-vous des Nations et se poursuivan­t par le nonmoins sacro-saint Supercross de Paris, deux méga événements certains de les faire vibrer au plus profond d’eux-mêmes, il est aussi passé à l’as. Je pourrais épiloguer et larmoyer mais il se trouve que, par chance, la nature – ou peut-être mon éducation – m’a doté d’un outil anti-déprime d’une efficacité fulgurante : autant je voue au passé un respect total et adore l’analyser pour y dénicher les clés de l’avenir – qui bien souvent y apparaisse­nt, à qui sait les dénicher – autant j’ai zéro intérêt à me vautrer dans la nostalgie, un sentiment aussi mielleux que vain, déclencheu­r, qui plus est, de chouinerie­s à mes yeux insupporta­bles. Ne comptez donc pas sur moi pour entamer la complainte du « on n’a pas de chance » . Les choses sont ainsi et basta. Et puis il se trouve que notre « automne français », au-delà des deux coups durs évoqués ci-dessus, nous apporte un lot de motifs de réjouissan­ce tout à fait remarquabl­e.

À l’heure où j’écris ces lignes (au lendemain de Lommel 1), Tom Vialle tient solidement la barre du MX2 avec plus d’un GP complet d’avance sur son jeune et tenace rival belge, Jago Geerts… Bon s ang ne s aurait mentir mais, en fait, Tom a peu à voir avec son père Fred. Volontaire mais brouillon en diable, tête penchée et arc-bouté sur sa poignée de gaz, l e paternel était tout en grinta et, pour dire vrai, t e c h n i q u e ment parlant, ne ressemblai­t à rien d’orthodoxe. Pour moi qui ai toujours trouvé pertinent – et commode – de classer les pilotes en deux grandes catégories – les « battants » et les « stylistes » – on dira que Fred Vialle, dont la carrière en GP n’a pas eu la fulgurance de celle de son fils, tout en suscitant un grand respect (trois victoires en 125, troisième du Mondial 1996 et quatrième du suivant), ne laissait pas l’observateu­r dubitatif : il était 100 % « battant » !

Ce qui est remarquabl­e chez Tom (doté d’un gabarit plus élancé), c’est que non seulement son style soit aussi épuré, classique et efficace que celui de son père était atypique mais qu’il ait préservé un fond de la grinta familiale, non pas dans le style de pilotage mais dans son esprit. J’adore observer comment Tom tire le meilleur parti de ses qualités : phénoménal au départ (sans nul doute aidé par sa Katé d’usine, comme Prado avant lui, mais celle-ci ne saurait tout de même effectuer tout le boulot), il sait faire le trou et, lorsqu’il n’est pas le plus rapide, résister longtemps, quitte à céder le leadership, tout en maintenant sur son adversaire une grosse pression, laquelle peut conduire celui-ci à la faute. Doté d’une belle avance au championna­t, Tom pourrait se muer en comptable d’épicerie mais il ne le fait pas. Un Vialle ne lâche jamais le morceau et je trouve cela remarquabl­e.

Outre Tom, l’émergence de Maxime Renaux après un moment de flottement dans sa carrière est également réjouissan­te et si podium final il devait y avoir, le MX2 aurait une belle coloration tricolore ! Sans compter qu’à l’étage inférieur de l’Europe MX2, Thibault Bénistant mène également la danse avec une belle probabilit­é de titre. À l’étage supérieur du MX1, les ambitions tricolores sont certes moindres mais Gautier Paulin (pour le coup en mode « Nations » !) claquant une manche à Lommel 1 et Romain Febvre remportant à Mantova son premier GP sur Kawa, ça a fait bien plaisir aussi !

Et puis évidemment, il y a Dylan Ferrandis, premier Frenchie à remporter deux titres aux USA la même année depuis Jean-Michel Bayle en 1991 (!), dont un « vrai » titre national (puisque les titres SX en petite cylindrée ne sont que « régionaux ») ! Dylan possède le package complet : technique, style et grinta. Entre JMB (pur styliste) et lui, on a eu un magnifique aréopage de champions mais aucun qui à mes yeux soit aussi éclectique (MX et SX, « battant » et « styliste »). Dylan, à la fois solide et fragile, transmet des émotions comme peu avant lui. Personnell­ement, j’ai vibré à chaque manche, comme pour des Nations. Le slogan « Dylan, je suis fan » est plus que jamais d’actualité (et merci David Vuillemin pour avoir su façonner pile-poil ce diamant brut) !

« Tom Vialle a préservé un fond de la grinta familiale, non pas dans le style de pilotage mais dans son esprit. »

 ??  ?? Duo gagnant. Fred Vialle le combattant a réussi à donner à son fiston Tom les clés du succès malgré des styles de pilotage bien différents.
Duo gagnant. Fred Vialle le combattant a réussi à donner à son fiston Tom les clés du succès malgré des styles de pilotage bien différents.
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