L’oeil de dirt dictator…
Habituellement, cette chronique est pour moi la plus difficile de l’année à produire car, de par mon implication dans l’organisation du Supercross de Paris, je l’écris en général d’une chambre d’hôtel, à l’issue d’une semaine passionnante mais harassante… Rien de tel évidemment ce coup-ci. Pour la première fois depuis trente-six ans, il ne s’est rien passé et j’ai dormi plus de deux heures par nuit !
Curieusement, je ne ressasse pas la frustration de n’avoir pu accueillir en héros nos deux magnifiques champions de l’année, Dylan Ferrandis et Tom Vialle, ou donner à notre glorieux Capitaine France, Gautier Paulin, l’occasion d’un tour d’honneur ô combien mérité… La réalité, c’est que je suis déjà tendu vers la perspective de 2021 où, selon toute vraisemblance – on peut l’espérer en tout cas – l’arrivée des vaccins aura changé la donne, pour le meilleur (et, n’en doutez pas, on rattrapera alors les occasions perdues !).
Tout en déplorant cette année vierge de grand événement international
MX ou SX sur le territoire national – quelle tristesse ! – je dois dire que la fin de saison GP nous a tout de même apporté de belles satisfactions. Deux Lommel et trois Trentino de belle facture ont pu être disputés à la barbe du virus, lequel a cependant mis hors circuit l’un des prétendants du MX1 en la personne de Jorge Prado. Comme d’habitude avec les multi-GP mais cela reste une surprise, d’une fois sur l’autre et à quelques jours d’écart, la hiérarchie n’est pas apparue figée. Parmi les événements les moins attendus mais pas les moins réjouissants, après sa victoire de manche de Lommel 1, les deux podiums de manche de GP21, dont l’un lors de l’ultime manche de sa carrière, ainsi que la victoire de manche de l’autre nouveau retraité de (grand) luxe, Clément Desalle, lors de Trentino 1. Réjouissante aussi, la plus grande constance sur ou aux abords du podium d’un Romain Febvre dont la vitesse pure en fin de championnat se rapprochait au plus près de celle du nouveau champion du monde (quatrième titre dont trois en catégorie reine !), le très remarquable Tim Gajser. Deux Français dans le top 5 final de ce très atypique MX1 2020 (Romain 4, Gautier 5), c’est un résultat plus qu’honorable.
En MX2, Tom Vialle n’a pas craqué et – pas de surprise, s’agissant d’un Viallou ! – il n’a rien lâché à ses adversaires non plus. Le serial-holeshoteur le plus toxique que le pays ait jamais produit a été sacré alors que trois manches restaient à courir, un écart plus que convaincant face à son rival Jago Geerts, talentueux mais trop enclin aux erreurs provoquées. La carrière de Tom se déroule comme dans un rêve depuis que le team le plus prestigieux du paddock a misé sur lui, un honneur dont il a su se montrer ô combien digne ! À distance respectable des deux ténors de la catégorie mais devant la meute des bons prétendants, Maxime Renaux monte sur le podium final du MX2 et décroche une place aussi méritée que prometteuse dans le top team Yamaha pour l’an prochain, où il remplacera un Ben Watson très en vue sur les rounds finaux (vainqueur à Lommel 3 et Trentino 3). Avec l’arrivée du nouveau champion d’Europe Thibault Bénistant, auteur de piges épatantes (dont deux podiums de manche !) en MX2 une fois son titre obtenu, la catégorie 250 prend l’allure d’un joli bastion tricolore pour l’an prochain. Stephen Rubini, 10e final 2020 et Mathys Boisramé, dont la première moitié de saison a été très prometteuse avant qu’il se blesse, possèdent en effet, eux aussi, une belle marge de progression.
Normalement, à cette date, on bascule donc en mode SX sur le plan mondial et championnat des Sables sur le plan national. Pour ce qui concerne les Sables, le couperet du reconfinement s’est abattu sur les épreuves du SudOuest à quelques jours de Magesq et Hossegor, tandis que celles du Nord avaient déjà du plomb dans l’aile. Évidemment, c’est une très mauvaise nouvelle pour la masse des pratiquants et pour le business perdu par l’ensemble du milieu (concessionnaires, accessoiristes, clubs, etc.). L’espoir se restreint donc à présent au fait que l’épreuve-phare, Le Touquet évidemment, puisse être sauvée selon le plan prévu, à savoir sous une forme de huis clos et avec un circuit (encore) simplifié. On croise les doigts.
Côté SX en Amérique, Feld a publié un calendrier incomplet, avec début différé au 16 janvier, concentré sur cinq stades (dont aucun en Californie !), avec deux ou trois courses par stade (sauf à Daytona). Évidemment, entre la crise Covid et l’arrivée d’une nouvelle équipe gouvernementale, les motifs d’inquiétude ne manquent pas. À supposer que tout se déroule comme prévu malgré tout, la saison s’annonce très incertaine, donc passionnante. À quel Tomac aura-t-on affaire ? Cianciarulo va-t-il se mettre à dominer ? Quid du retour de Webb, Roczen et Anderson ? Osborne peutil capitaliser sur son titre MX ? Dylan en 450, ça va le faire ? Et Barcia chez Gas Gas, Mookie chez Star Racing ? Marvin ??
L’année-cauchemar se termine, espérons qu’on va pouvoir remettre les compteurs à zéro. Vivement 2021 !
« L’année-cauchemar se termine, espérons qu’on va pouvoir remettre les compteurs à zéro. Vivement 2021! »