Overblue 44
La croisière décomplexée
Avec ses 100 m de pont habitable, ce catamaran au look atypique va vous étonner !
Le look iconoclaste ne passe pas inaperçu, loin de là, mais, une fois à bord de l’Overblue 44, son incroyable espace habitable a vite fait de convaincre le plus sceptique des plaisanciers chevronnés. L’essayer, c’est l’adopter ? À vous de juger !
Lors du salon de Cannes, en septembre dernier, l’Overblue 44, pour sa première présentation officielle, faisait figure de véritable attraction. Il fallait observer pour s’en convaincre l’immense queue formée par les professionnels et les visiteurs attendant leur tour pour monter à bord de ce catamaran aux formes improbables. Force est de reconnaître que l’Overblue attire tous les regards et suscite pas mal d’interrogations. Tous les grands patrons de chantiers sont venus faire le pied de grue devant ce bateau qui transgresse d’une certaine manière les règles de la bienséance motonautique. Sur le look à part de l’Overblue 44, on ne mettra pas tout le monde d’accord. Les plus critiques y voient un camping-car auquel on aurait retiré les roues, d’autres à l’inverse le considèrent comme le bateau de croisière au design futuriste qui casse tous les codes existants.
De l’espace à vivre et du confort
Entre railleries faciles et satisfecit enflammés, il existe probablement un juste milieu qu’a fait sien la rédaction de Neptune. Comme tous les objets hors des «sillages» battus, l’Overblue dérange autant qu’il fascine. Ne croyez pas que le bateau soit né de l’imagination d’un professeur Tournesol un peu farfelu, c’est tout le contraire. Rafaelle Grotti, son concepteur italien, n’a rien du bizuth dans le milieu. Cet industriel du secteur nautique est avant tout un plaisancier confirmé qui a une grande expérience de la croisière. Avant d’investir dans son chantier naval, il a mûri longuement son projet et sollicité les services de Stefano Noletti, un designer italien de renom qui a fait ses classes au studio Berton. Durant deux années, les deux hommes vont multiplier les voyages d’études outre-Atlantique afin d’analyser les ressorts du marché du house-boat et comprendre sa spécificité. Il faut considérer l’Overblue comme l’aboutissement d’une réflexion sur la plaisance d’aujourd’hui. Il tente d’apporter des réponses à une certaine catégorie de clients qui s’interrogent sur la faible utilisation de leur bateau, la consommation abyssale des moteurs, l’espace confiné des cabines ou l’inconfort des salles de bains. À sa manière, le concept de Stefano Noletti traduit une réalité que peu de plaisanciers sont prêts à entendre : 90 % du temps passé à bord d’un bateau de croisière a lieu au port et, plus occasionnellement, au mouillage. Les motonautes veulent de l’espace et du confort ? Pourquoi se priver ? Avec l’Overblue 44, ils seront servis ! C’est au pied du Fort Saint-Jean à l’entrée du Vieux Port de Marseille que la rencontre avec l’étonnant catamaran s’est faite. Ses dimensions sont équivalentes à celles d’une Prestige 450, voire un peu moins larges (4,10 contre 4,30 m) malgré son statut de multicoque. En revanche, côté surface, c’est celle, au bas mot, d’un bateau de 20 m ! En l’absence de passavants, l’approche du ponton par le côté nécessite une bonne coordination de l’équipage, sachant qu’il faut
une personne à l’avant pour lancer l’amarre à celui qui s’occupe de l’arrière. Les propulseurs avant et arrière (en option) facilitent le travail du pilote mais la double commande, surtout pour un catamaran, se suffit à elle-même. À la demande du propriétaire, un joystick avec télécommande de type Yacht Controller sera néanmoins monté prochainement, ce qui ne sera pas un luxe avec un équipage réduit.
Une habitabilité impressionnante
À bord justement, nous retrouvons Yves et son épouse Pascale, qui ont pris possession du premier Overblue 44 battant pavillon français. Leur enthousiasme est communicatif. C’est quelques mois seulement après avoir acheté un Bénéteau GT49 qu’Yves découvre le catamaran sur Internet. Il se rend au salon de Düsseldorf pour visiter le bateau et revient bluffé par son habitabilité. «L’espace à vivre m’a tout de suite
séduit, confie-t-il. J’avais quand même un doute sur le look, puis j’ai décidé de me lancer.»
Electroménager dernier cri
Six mois plus tard, le couple ne regrette pas son choix. Les propriétaires viennent régulièrement déjeuner en semaine à bord et y passer le week-end. Le bateau, c’est leur respiration. «On s’y sent aussi bien que chez nous.» L’intérieur est conçu comme un appartement de plain-pied avec vue sur la mer. 47 m de surface au total répartis en un grand salon-cuisine et deux «chambres» avec salle de bains individuelle (trois cabines sont aussi possibles en option).
Yves y trouve un environnement adapté à sa corpulence. «On peut tourner autour du lit de 160, la salle de bains et les toilettes sont spacieuses. La cabine de douche est aussi pratique qu’à la maison.» La cuisine, qui fait la jonction entre les cabines et le salon, est presque surdimensionnée, dotée de toute une profusion d’électroménager dernier cri, hotte comprise.
Des finitions de haut niveau
L’Overblue bénéficie d’une finition à la hauteur. Toutes les cloisons sont isolées, les matériaux utilisés robustes et de bonne qualité. Le chantier propose un large choix d’essences de bois et de cou-
leurs pour le sol ou le mobilier encastré. Les nombreuses ouvertures permettent de ventiler facilement l’espace. Oubliez la climatisation, elle est inutile. À l’avant, la cabine propriétaire est prolongée par une terrasse étroite qui héberge aussi la baille à mouillage. C’est d’ici que vous effectuez les manoeuvres d’amarrage. Difficile alors de croire que vous êtes à la proue du bateau !
Limitation des frais annexes
À l’étage, la terrasse de 50 m est incontestablement le point d’orgue du concept. L’unique poste de pilotage se trouve ici, sur le côté tribord. Il s’agit d’un pupitre déporté, compact certes, mais largement suffisant. Tout le reste est consacré au farniente et au confort des passagers. La vie du bord s’organise autour d’une grande console cuisine équipée d’un barbecue électrique. Table pour six ou huit d’un côté, grand salon de l’autre, vaste bain de soleil fixe à l’arrière, qui dit mieux ? Sur le toit du T-top, des panneaux solaires (en option) peuvent venir compléter les besoins en énergie du bord. Mais alors ? Comment navigue-t-il ce bateau ? C’est la question que tout le monde se pose forcément en regardant avec circonspection la partie avant carrossée comme un bus à impériale. Et bien pas si mal au bout du compte. On retrouve à la barre les principales vertus du catamaran : stabilité et absence de roulis au mouillage comme en navigation. L’Overblue 44 est bien équilibré avec un centre de gravité très bas, les moteurs ainsi que tout l’équipement technique étant répartis au fond des deux coques. Le bateau navigue dans des conditions
optimales entre 7 et 10 noeuds pour une consommation ridicule d’environ 15/25 l/h. À ce rythme, le catamaran exploite au mieux ses deux flotteurs au profil particulièrement étroit. La glisse est alors excellente sur une mer peu agitée. Au-delà de cette vitesse, les étraves courtes et fines peinent à chasser l’eau correctement et génèrent un phénomène de spray qui peut parfois remonter jusqu’au fly. Disponible en trois versions bimoteur Volvo de 75, 110 et 220 ch, l’Overblue équipé de cette dernière motorisation file 17,5 noeuds en pointe. Autant dire que cette
réserve de puissance n’a pas grand intérêt, sauf peut-être pour les manoeuvres de port. On ne choquera personne en affirmant que l’Overblue n’est pas taillé pour la navigation hauturière malgré son homologation CE en catégorie B. Notre catamaran remplira sa mission dans des programmes de cabotage et de croisières sauts de puces de mouillage en mouillage. Au fond d’une crique comme au port, son confort est imbattable. Dans ces conditions, l’Overblue saura limiter les frais annexes : faible taxe de francisation, budget carburant insignifiant... D’autant que son prix se rapproche de celui d’un 50 pieds. Yves estime qu’il économise environ 1 500 euros par mois comparé à son ancienne vedette. Voilà un argument choc qui en fera réfléchir plus d’un.