Sealine F530
Sealine fait un retour remarqué sur le marché de la vedette à fly de plus de 50 pieds avec un modèle aussi esthétique qu’audacieux. En cherchant à se démarquer de la concurrence, le chantier allemand a peut-être trouvé le bon filon…
La F530, chef de file de la marque allemande, revisite l’idée de la vedette à fly. Grands espaces, luminosité et innovations sont au programme.
Pas de doute, la politique maison n’a pas changé. Si certains pouvaient craindre de voir Sealine perdre son âme en passant sous pavillon allemand depuis son rachat en juillet 2013 par le groupe Hanse, la F530 devrait définitivement les rassurer. Avec cette vedette à fly de près de seize mètres hors-tout, la marque prouve en effet sa capacité à continuer de proposer des modèles audacieux, tant en matière de design que d’aménagements intérieurs. Histoire de ne pas totalement tourner le dos à l’héritage britannique de la firme, le chantier a fait appel au designer anglais Bill Dixon, bien connu dans le monde du yacht, afin de donner naissance à son nouveau navire amiral.
Une impression de transparence
Après les F380 (Neptune n°220), S330 et C330 (Neptune n°241), la mise à l’eau de la F530 confirme la volonté de Sealine de proposer une gamme complète sur un segment compris entre 30 et 60 pieds. En découvrant le bateau, amarré dans la marina d’Alcudia, au nord de Majorque, on note d’emblée que la silhouette offre quelque chose de nouveau. Plus élancée, plus sportive, plus moderne que les derniers grands modèles proposés par la marque, cette unité se caractérise aussi par les immenses ouvertures latérales de sa timonerie. Clairement, Andrea Zambonini, le chef de produit italien de Sealine, et son équipe ont redoublé d’ingéniosité afin de parvenir à offrir des aménagements intérieurs différents par rapport à la concurrence. Il faut dire qu’en matière de bonnes idées, la barre avait été mise très haut l’an dernier par Galeon avec son 550 Fly à pavois rabattable... Dans le cas présent, pas question d’agrandir le cockpit au mouillage, il s’agit plutôt d’offrir une impression de transparence et de lumière quasi inédite dans la timonerie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le pari a été tenu... Les ouvertures latérales occupent en effet littéralement toute la surface, du plancher au plafond ! Résultat, les passagers ont le sentiment de disposer de deux gigantesques baies vitrées de chaque côté. Sur cette première version, les concepteurs
du bateau ont choisi de ne pas installer de porte latérale coulissante. Si cette option permet de disposer d’une ouverture d’un côté ou de l’autre, elle présentera en revanche l’inconvénient de «casser» cet aspect totalement translucide. Le salon aussi est remarquable, tant en raison de sa configuration que de son confort. Équipé de deux banquettes en vis-à-vis d’une profondeur inégalée sur ce segment de marché, il est pourvu d’une table pouvant être réglée en hauteur, permettant de disposer d’un espace repas intérieur. Mais la table peut également pivoter et offrir ainsi, une fois dépliée, un lieu confortable pour les repas.
Un poste de pilotage complet
Dans ce cas de figure, les concepteurs du bateau ont prévu un emplacement supplémentaire. En faisant basculer la banquette du poste de pilotage vers l’arrière, on met en place une assise supplémentaire face au salon. Simple mais il fallait y penser... L’aspect particulièrement soigné du poste de pilotage est aussi à souligner. Le volant prend place sur un élégant support, apposé sur un meuble en noyer. Notez que du chêne et du merisier sont également proposés en option. Côté instrumentation, deux grands écrans Raymarine rassemblent l’essentiel des informations. Bon point également pour la cuisine, qui occupe véritablement le coeur du bateau. Installée sur toute la largeur de la timonerie, elle prend la forme d’un C sur bâbord, l’un de ses côtés faisant office de bar entièrement
ouvert sur le cockpit lorsque les panneaux translucides disparaissent virtuellement. Son grand réfrigérateur, ses nombreux rangements et ses deux plans de travail en font un espace agréable pour cuisiner. La séparation entre la cuisine, qui fait office de passage entre le cockpit et le salon, est également très réussie. Celui-ci est matérialisé à la fois par une différence de niveau et par un meuble dans lequel est encastré un téléviseur amovible. Orientable, il peut être tourné vers l’arrière ou l’avant du bateau. Autre originalité, le bar à alcools est lui aussi incrusté dans le meuble, façon «pop-up», aux côtés du téléviseur.
Des aménagements fonctionnels
Le tour du propriétaire ne serait pas complet sans emprunter la descente. Le pont inférieur accueille une mastercabin tout en largeur généreusement éclairée par de grandes ouvertures de bordé. De part et d’autre, des parties planes permettent de mettre en place des coussins amovibles afin de disposer d’une méridienne du côté de son choix. La salle de bains privée dispose d’une grande douche séparée. Élégante, la cabine de pointe partage de son côté
la deuxième salle de bains avec une cabine latérale équipée de lits jumeaux. Surprenante à l’intérieur, cette grande vedette ne manque pas d’arguments non plus à l’extérieur… Le prototype qu’il nous a été donné d’essayer était pourvu d’une plage de bain immergeable, suffisamment spacieuse pour accueillir une annexe. Celle-ci disposait de marches encastrées, facilitant l’accès à la plateforme lorsque celle-ci se trouve sous l’eau. Notez que le chantier laisse la possibilité aux propriétaires d’opter pour une cabine de marin. Celle-ci prend place sous le tableau arrière, avec un accès depuis la plateforme. Trois marches plus haut, le cockpit fait dans la simplicité, avec sa table dotée de deux volets rabattables permettant de disposer d’une belle surface pour prendre ses repas ou d’une main courante. Les deux passavants en coursive, très sécurisants avec leurs pavois élevés, mènent à une plage avant dotée d’un salon de pont, où six personnes peuvent s’attabler. Cette même table, mue électriquement, permet de mettre en place un agréable bain de soleil. Classique, le fly-bridge dispose lui aussi d’un solarium, aux côtés du retour de commande.
Un comportement marin appréciable
Une fois n’est pas coutume, c’est justement depuis le fly-bridge que nous sommes allés prendre le pouls de cette vedette en navigation. Grande première du côté de la salle des machines, Sealine laisse le choix entre des paires d’IPS 600, 700 et 800. Différentes puissances qui permettront selon le
chantier, de pallier les variantes de poids du bateau en fonction de ses options. Reste à savoir quelles seront les conséquences en matière d’encombrement dans la cale avec le plus gros modèle. Avec deux IPS 600, le bateau a dépassé les 26 noeuds à plein régime lors de notre essai, après avoir passé trois semaines dans l’eau. Les plaisanciers pressés noteront que le chantier annonce des vitesses de 29 et 31 noeuds avec des IPS 700 et 800. En croisière, l’allure la plus adaptée s’établit autour de 2122 noeuds, aux alentours de 3 000 tr/mn, vitesse à laquelle la consommation est à 120 l/h. Barre en main, le bateau offre une excellente maniabilité, sans mauvaise surprise. Compte tenu des conditions de navigation – mer plate, vent nul – difficile de porter un jugement sur la carène, même si
Sealine affirme qu’un travail spécifique a été effectué par Bill Dixon pour naviguer sur des mers formées. Notez aussi que le modèle de notre essai était équipé du logiciel Zipwake, permettant de régler les flaps en mode automatique. Test effectué, le retour de Sealine sur le segment des grandes vedettes à fly s’avère donc très réussi, la F530 parvenant à offrir une image franchement novatrice sur un segment où l’originalité n’est pas toujours de mise...