Un Cousteau intime et tourmenté
«L’Odyssée»
Explorateur, génie de la communication, mégalomane, écologiste, un peu tout cela à la fois, Jacques-Yves Cousteau ne pouvait échapper plus longtemps à l’exercice désormais quasi obligatoire du biopic. Biberonné aux documentaires télévisés du «Pacha», le réalisateur Jérôme Salle livre, dans l’Odyssée, le portrait d’un Commandant (Lambert Wilson) aussi passionné et visionnaire que complexe et tourmenté. L’histoire s’étale sur une trentaine d’années, de l’achat de LaCalypso au décès accidentel de Philippe, son fils (Pierre Niney) et successeur désigné, qui vouait à son père une admiration ne pouvant mener qu’à la confrontation. Cette production spectaculaire – dont le budget s’élève à 30 millions d’euros – n’évite malheureusement pas les écueils de la caricature concernant certains personnages et décevra les spectateurs espérant retrouver l’atmosphère envoûtante des longues prises sous-marines, à l’exception notable d’une spectaculaire scène de plongée avec des requins, réalisée aux Bahamas. En se concentrant principalement sur les relations familiales et les évolutions personnelles de Jacques-Yves Cousteau, le film adopte néanmoins un point de vue original, bien porté par une narration sans temps mort. Son autre force est la beauté et la diversité des lieux de tournage. De Croatie, afin de recréer une Côte d’Azur originelle, sorte de paradis perdu d’avant béton, à l’Antarctique – avec probablement le plus beau plan du film – en passant par l’Afrique du Sud et les Caraïbes, l’Odyssée rend aussi hommage à cette grande voyageuse que fut La Calypso. ● «L’Odyssée» de Jérôme Salle, avec Lambert Wilson, Pierre Niney, Audrey Tautou, 2h02, en salle.