Maranatha, 6 000 km aux US
A bord de Maranatha, Albert et Patricia ont réalisé le Great Loop, rêve de tous les plaisanciers américains qui consiste à faire le tour de l’est des Etats-Unis. Un voyage au long cours d’une année, avec en extra un retour à Antigua, leur camp de base, vi
Depuis leur départ d‘Europe il y a huit ans, nos amis suisses ne cessent de naviguer. Récit de leur périple sur la grande boucle américaine.
Combien de milles parcourus ? Combien d’heures m moteur cumulées depui depuis la mise à l’eau de MaranathaM en 2009 ? S Si Ernest et Patricia on ont renoncé à calculer la distance tot totale effectuée à bord du trawler qu’ils ont construit de leurs pr propres mains ( (lirelire l’encadré page s suivante), le cadran de l’horamèt l’horamètre connecté au vieux bloc Merced Mercedes de 80 ch affififififififififififififififififififififififififififififififi affiche che aujourd’hui 4 800 heures ! Cela correspond à2à 200 jours de navigation non stop. A raison de 5/ 5/6 6 noeoeoeoeoeoeoeoeoeuds noeuds de moyen moyenne à l’heure, on flflflflflflflflflflflflflflflflfl flirteirte alors avec les 25 000 milles ! Sept ans aprè après notre premier reportage ( (NeptuneNep n°173) consacré à leur ba bateau, nous n’avons jamais cessé de suivre les pérégrinations de ce couple de plaisanciers suisses qui a décidé de larguer définitivement les amarres pour vivre à fond leur foi (ils sont évangélistes) et leur goût pour les navigations lointaines. Leur flânerie maritime les a conduits successivement en Méditerranée, au Maroc, au Cap-Vert et aux Caraïbes qui sont devenus, ces trois dernières années, leur terrain de jeu favori. Il y a quelques mois, ils se sont lancés dans une aventure que les Américains considèrent comme le Graal du plaisancier. The Great Loop est le nom de cette navigation pas comme les autres qui consiste à faire le tour de l’est des Etats-Unis et d’une partie du Canada en em-
pruntant les voies maritimes protégées et le réseau fluvial qui, mis bout à bout, représentent un fabuleux voyage de 6 000 km.
Une voie navigable parfaitement balisée
Parti des îles Vierges, Maranatha entame son grand voyage par une traversée de l’archipel des Bahamas, ultime navigation en eaux libres avant Miami. La capitale floridienne est la porte d’entrée de l’Atlantic Intracoastal Waterway, cet invraisemblable bras de mer abrité qui longe sans interruption la côte est des Etats-Unis sur plus de 1 800 km entre Key West et Norfolk. Pour l’équipage du petit trawler, le Great Loop commence
ici, devant les grands hôtels art déco de Miami Beach. La voie navigable est parfaitement balisée même si les perches du chenal sont parfois très espacées les unes des autres. «Attention au courant dû à la marée, prévient Ernest. Il est plus fort à l’approche des “inlets”, ces passages naturels qui relient l’Intracoastal à la pleine mer. Le risque est de dévier du chenal et de s’embourber dans la vase. Il n’y a plus qu’à attendre la bascule de marée. Rien de grave, finalement.»
Des paravaness pour limiter le roulisis
On navigue la majorité é du temps sous pilote auto parfois is sur plus de 50 km. Les distances es sont immenses. Les ponts ouvrants rants rythment la navigation mais, pour Maranatha, son faible tirant d’air lui permet de franchir tous les obstacles sans avoir r à réclamer l’ouverture dee la passerelle. A la nuit t tombée, on mouille hors du chenal où on rejoint une marina. Les guides dédiés à l’Intracoastal indiquent les meilleurs emplacements.placements. Sur la route, le trawler croise des cargos, des bateaux de plaisance, des crevettiers aussi qui sont équipés du même système ème de paravanes utilisés par Maranatha p pour limiter le roulis. De temps en temp temps, Ernest est contraint de déplo déployer ses tangons à paravanes. L’Int L’Intracoastal est parfois si large que le vent venu de la mer peut générer un clapot de travers t très handicapant. En arrivant à Miami, l’équipage s’est fait établir un permis de croisière valide six mois qui autorise le trawler à naviguer aux Etats-Unis. Pour autant, la loi exige des plaisanciers étrangers de prévenir les coastguards à chaque étape effectuée entre deux villes portuaires. «Nous
avons oublié une fois de les avertir, confie Ernest. A l’arrivée, un gardecôte nous a accostés en nous menaçant la prochaine fois d’une amende de 5 000 $ !» Aux USA, on ne plaisante pas avec la réglementation !
L’Intracoastal à un train de sénateur
Au gré de l’Intracoastal, l’équipage de Maranatha s’émerveille de la grande courtoisie des plaisanciers américains, toujours très respectueux, «mais qui ne sont pas, admet Ernest, de fins navigateurs !» Régulièrement, ils sont contactés à la VHF par des curieux qui confondent le pavillon suisse avec celui de la Suède... Les étapes se succèdent à un train de sénateur. Pas plus de
11 km/h en pointe, un peu plus quand le courant est favorable. A Cap Canaveral, toujours en Floride, les trawléristes visitent le Musée de l’espace implanté à proximité de l’Intracoastal.
Arrivée inoubliable à New York
Maranatha poursuit sa lente remontée jusqu’en Caroline du Nord. Elisabeth City est l’étape préférée des Loopers. La ville a une tradition d’accueil. Les motonautes sont accueillis par un apéro organisé sur le ponton. L’amarrage est gratuit tout comme les vélos mis à disposition pour aller faire ses courses. Tout près de là, le Dismal Swamp Canal fait la jonction entre la baie de Cheasepeake et celle d’Albermarle. Nous sommes à la frontière entre la Caroline du Nord et la Virginie. C’est le pinacle de la remontée nord. Ce canal artificiel ouvert en 1805 déambule à travers une forêt dense de cyprès. L’eau tannée par les végétaux est couleur café. Le décor est insolite, le spectacle inoubliable. Norfolk marque le terminus de l’ICW Atlantique après plus de 1 750 km parcourus depuis Miami. Il faut maintenant s’enfoncer profondément dans la
baie de Cheasepeake jusqu’à Baltimore et Annapolis, parcourir le canal qui débouche sur la Delaware Bay puis rejoindre l’océan. Après 24 heures de navigation (120 milles environ), le bateau englué dans un brouillard tenace pointe le bout de l’étrave sur la Statue de la Liberté. Arriver à New York à bord de son propre bateau, quelle émotion ! Maranatha restera plus d’une semaine au mouillage sur coffre, côté Hudson River, avec vue imprenable sur les buildings de Manhattan. A partir de maintenant, le Great Loop prend une tournure plus fluviale. Les grands lacs américains sont le prochain objectif.
Direction plein nord jusqu’à Québec
Pour les atteindre, il faut remonter l’Hudson River sur 180 km, puis avant le lac Champlain, bifurquer vers l’est sur le canal Erie qui relie le lac Ontario. Ernest et Patricia ont fait le choix de rallonger le parcours en prenant le chemin des écoliers. Ils remontent plein nord jusqu’à Québec en empruntant le peu fréquenté canal Champlain (97 km de long) jusqu’au lac du même nom. Des amis les attendent au Canada, mais il ne faut
pas traîner en route. La belle saison est très courte... «Tu ne le croiras pas, j’ai raté le poste frontière». Ernest en rit encore. Au bout du lac Champlain, Maranatha est passé sans le voir devant le mobile home qui fait office de frontière. Il a fallu rebrousser chemin sur plusieurs kilomètres. Au Canada, contrairement aux Etats-Unis où c’est gratuit, il faut s’acquitter d’une vignette (350 $) qui permet de circuler sur tous les lacs et canaux, excepté sur le Saint-Laurent (30 $ le passage d’écluses).
Des nuées de moustiques agressifs
Après le lac Champlain, Maranatha descend la rivière Richelieu jusqu’au Saint-Laurent, fréquenté et soumis à de forts courants qui compliquent la navigation. 50 milles d’une remontée difficile conduisent jusqu’à la métropole de la Belle Province. Une annexe du vieux port de Montréal sert de base arrière pour partir à la découverte des quartiers historiques, tout à proximité. L’aventure se poursuit via la rivière des Outaouais (Ottawa River). 200 km de navigation jusqu’à Ottawa. Des nuées de moustiques agressifs gâchent un peu les fins de journée. «Au réveil, hublots et pare-brise sont noircis par les moustiques collés aux
vitres par la rosée. Nettoyage intensif obligatoire tous les matins ! » Maranatha entame ici la partie la plus belle du Great Loop. Inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, les 19 km du canal Rideau sont une merveille. L’hiver, le bief du canal qui traverse la capitale canadienne (8 km de long) forme la plus grande patinoire au monde. Ils permettent de faire la jonction entre Ottawa et le lac Ontario.
Plusieurs parcours possibles
A partir de là, le navigateur a deux options pour rejoindre Chicago, la grande étape centrale : soit enchaîner les grands lacs (Ontario, Erié, Huron, Michigan, Supérieur), soit raccourcir la route de 600 km en ralliant la Georgia Bay sur le Lac Huron via le superbe canal de Trent Severn et sa fameuse écluse à pont roulant. Cette seconde
solution choisie par l’équipage de Maranatha est aussi celle des navigateurs expérimentés.
Écluses géantes et bateaux-chenilles
Les abords de Georgia bay sont un espace vierge d’une beauté sauvage saisissante mais la route est affreusement mal pavée avec des passages étroits qui n’excèdent pas 20 mètres de large. Ici encore, beaucoup de moustiques... La frontière se franchit obligatoirement à Sault-Sainte-Marie, ville charnière entre les lacs Huron et Supérieur. Il n’y a plus qu’à redescendre par le lac Michigan jusqu’à Chicago en longeant au plus près la côte est pour se mettre à l’abri
des estuaires en cas de coup de chien. Six jours de navigation supplémentaires. Chicago marque un changement radical. Les deux tiers du parcours ont été réalisés. C’est la porte du grand Sud qui s’ouvre à nos navigateurs mais il faut, avant d’y parvenir, prendre l’Illinois River pour rejoindre le Mississippi au nord de Saint-Louis. C’est le domaine privilégié des pousseurs, véritables bateaux-chenilles formés d’une cinquantaine de barges chargées de vrac en tout genre. Dans les courbes, le capitaine vous explique comment les croiser sans encombre car, pour corser la chose, le chenal navigable est étroit. Inévitablement, Maranatha se plante sur les cailloux à une ou deux reprises. Petite frayeur sans conséquences. Il faut encore franchir des écluses gigantesques aux côtés de pousseurs de 350 m de long. Décidément, l’Illinois River tout comme le Mississippi n’est pas de tout repos pour les plaisanciers. La cohabitation avec les pilotes professionnels est parfois acrobatique. Sale aet industriel, le fleuve le plus célèbre des EtatsUnis a perdu de sa superbe. La grande boucle peut se poursuivre sur le Mississippi mais la plupart des Loopers bifurquent au bout de deux jours de nav sur la Tennessee River puis sur la Kentucky River, plus paisible et plus pittoresque. Par moments, Maranatha progresse trois jours vers le sud sans voir âme qui vive. Dans le Kentucky, le fleuve est si large qu’on ne distingue pas la rive opposée. Les forçats du Great Loop qui s’approchent maintenant du but sont ici les bienvenus. Des marinas les accueillent à bras ouverts. C’est le cas de la Marina Green Turtle bay sur la Tennessee river. Terrain de golfe et piscine sont ouverts aux Loopers.
L’Intracoastal côté golfe du Mexique
A 150 km à l’est de la NouvelleOrléans, l’escale à Mobile, Alabama, marque le retour au maritime et le début de l’Intracoastal côté golfe du Mexique. Le canal est
entrecoupé de zones de pleine mer. On retrouve avec plaisir la Floride et son climat formidable, Fort Myers, Stuart, puis ce sont les Everglades jusqu’à Key West.
D’autres projets de navigation
Fin du Great Loop ? Pas tout à fait. Maranatha poursuit sa route plein sud pour une découverte de Cuba, encore très inadapté à la plaisance. De la grande île antillaise, le trawler fait un saut de puce jusqu’en Haïti et SaintDomingue. Puis retour au point de départ, Antigua, 13 mois et 12 469 km plus tard, dont plus de la moitié consacrée au Great Loop. Côté mécanique, le moteur a tourné 909 heures. Depuis ce périple, Ernest et Patricia ont repris leur vagabondage aux Antilles avec des projets plein la tête. La côte Pacifique et l'Alaska tiennent pour le moment la corde. L’aventure continue !