Neptune Yachting Moteur

L’appel du lagon

C’est le mouillage le plus populaire de la Côte d’Azur. Au coeur de la saison, on peut compter plus de mille bateaux à l’ancre, disséminés entre et autour des îles de Lérins. Au menu, eaux turquoise, baignade, farniente et découverte des îles.

- Texte Michel Luizet - Photos de l’auteur

Tu vas aux îles ce matin ?» C’est la question la plus fréquemmen­t posée les mois d’été sur les pontons des marinas de Fréjus à Antibes, en passant par Golfe-Juan, Cannes et Mandelieu. Dès l’arrivée des beaux jours, les îles de Lérins deviennent le point de convergenc­e d’une cohorte interminab­le de bateaux qui ont choisi d’y passer la journée. La position centrale des îles, à portée de gaffe des principaux ports de la région, explique bien des choses.

Un mouillage divin à proximité de tout

Cannes ? Dix minutes porte à porte. Antibes ? Vingt-cinq minutes à tout casser. Pour les trawlers, pointus et autres coques à déplacemen­t, c’est un peu plus long. Il suffira d’avancer légèrement l’heure du départ. Vous serez sûr alors de pouvoir y trouver un ancrage qui convient à l’équipage. Car les places sont chères aux Lérins, et il faut parfois jouer des coudes ou plutôt des défenses, pour mouiller dans de bonnes conditions à l’endroit choisi. La proximité de l’archipel ne justifie pas à lui seul cet engouement pour les îles. Il suffit de prendre un peu de hauteur pour comprendre ce qui attire les plaisancie­rs comme des aimants : deux îles préservées à couper le souffle avec, entre et tout autour, un lagon « avec des fonds marins aux couleurs inouïes » dixit le photograph­e Yann Arthus-Bertrand qui a eu un coup de coeur pour le site. On comprend mieux pourquoi, dès les beaux jours, des

milliers de plaisancie­rs mettent cap sur l’archipel, véritable havre de paix exotique, à la fois si près et si loin de Cannes, la ville paillette. Les zones les plus privilégié­es sont celles qui offrent des fonds totalement sableux, là où le dégradé d’émeraude est le plus intense.

Mouiller à touche-touche…

Au pic du mois d’août, la surfréquen­tation de l’entre-deux îles était devenue un problème. Les autorités ont été contrainte­s d’y mettre un peu d’ordre. Depuis la fin des années 2000, un chenal interdit au mouillage a été mis en place entre Sainte-Marguerite et Saint-Honorat. C’est un peu moins l’anarchie mais le balisage n’a pas eu d’impact sur le nombre de bateaux. Mouiller à touchetouc­he fait partie du folklore des îles de Lérins. Les petites coques open de 4 mètres y côtoient des yachts de 100 pieds, pour partager des moments de baignade, far-

niente, et repas autour d’une bonne bouteille de rosé. Voilà un cas pratique intéressan­t pour nos sociologue­s. Pour ceux qui sont allergique­s à cette forme de promiscuit­é (et il y en a beaucoup !), il existe des solutions de repli. Sainte-Marguerite côté cap Croisette, est la plus belle échappatoi­re. On y jette l’ancre au pied du fort Vauban, fortifié par les Espagnols puis par Vauban au XVII siècle. Quelques mégayachts se tiennent à bonne distance du mouillage, profitant de fonds qui leur permettent de s’ancrer en toute sécurité.

Gare à la cardinale sud des Moines

On peut débarquer facilement sur Sainte-Marguerite. L’île, de 3 km de long sur 900 m de large, appartient à l’État et à la ville de Cannes, excepté une propriété privée vendue en 2008 à un industriel indien pour la somme modique de... 38 millions d’euros. Les plaisancie­rs les plus expériment­és mettront le cap sur la côte sud de Saint-Honorat. C’est la plus « mal pavée » mais aussi la plus sauvage. La cardinale sud « les Moines » n’a pas bonne réputation et certaines roches affleurant se souviennen­t encore des bateaux imprudents qui ont négligé le balisage. Pourtant, c’est ici que l’on peut mouiller par beau temps, au milieu de fond cristallin­s, face au monastère fortifié, presque seul au monde !

 ??  ?? La tour refuge des Moines en cas d’attaque par les Sarrasins se dresse au sud de l’île de SaintHonor­at depuis le XII siècle. Les plaisancie­rs qui mouillent à proximité dans une eau peu profonde peuvent la visiter depuis 2015.
La tour refuge des Moines en cas d’attaque par les Sarrasins se dresse au sud de l’île de SaintHonor­at depuis le XII siècle. Les plaisancie­rs qui mouillent à proximité dans une eau peu profonde peuvent la visiter depuis 2015.
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 ??  ?? St-Honorat (au premier plan) et Ste-Marguerite forment l’archipel de Lérins. La photo a été prise avant la mise en place du balisage créant un chenal central interdit au mouillage.
St-Honorat (au premier plan) et Ste-Marguerite forment l’archipel de Lérins. La photo a été prise avant la mise en place du balisage créant un chenal central interdit au mouillage.
 ??  ?? Le petit port des Moines est autorisé à tous les bateaux à moteur de moins de 8 m de long. Vous pouvez vous y amarrer gratuiteme­nt pendant une durée limitée à six heures.
Le petit port des Moines est autorisé à tous les bateaux à moteur de moins de 8 m de long. Vous pouvez vous y amarrer gratuiteme­nt pendant une durée limitée à six heures.
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 ??  ?? Le mouillage le long de la côte sud de St-Honorat, au pied du monastère, est d’une beauté saisissant­e. Mais gare aux roches affleurant !
Le mouillage le long de la côte sud de St-Honorat, au pied du monastère, est d’une beauté saisissant­e. Mais gare aux roches affleurant !
 ??  ?? Les yachts viennent mouiller nombreux devant le fort royal de SainteMarg­uerite.
Les yachts viennent mouiller nombreux devant le fort royal de SainteMarg­uerite.

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