L’appel du lagon
C’est le mouillage le plus populaire de la Côte d’Azur. Au coeur de la saison, on peut compter plus de mille bateaux à l’ancre, disséminés entre et autour des îles de Lérins. Au menu, eaux turquoise, baignade, farniente et découverte des îles.
Tu vas aux îles ce matin ?» C’est la question la plus fréquemment posée les mois d’été sur les pontons des marinas de Fréjus à Antibes, en passant par Golfe-Juan, Cannes et Mandelieu. Dès l’arrivée des beaux jours, les îles de Lérins deviennent le point de convergence d’une cohorte interminable de bateaux qui ont choisi d’y passer la journée. La position centrale des îles, à portée de gaffe des principaux ports de la région, explique bien des choses.
Un mouillage divin à proximité de tout
Cannes ? Dix minutes porte à porte. Antibes ? Vingt-cinq minutes à tout casser. Pour les trawlers, pointus et autres coques à déplacement, c’est un peu plus long. Il suffira d’avancer légèrement l’heure du départ. Vous serez sûr alors de pouvoir y trouver un ancrage qui convient à l’équipage. Car les places sont chères aux Lérins, et il faut parfois jouer des coudes ou plutôt des défenses, pour mouiller dans de bonnes conditions à l’endroit choisi. La proximité de l’archipel ne justifie pas à lui seul cet engouement pour les îles. Il suffit de prendre un peu de hauteur pour comprendre ce qui attire les plaisanciers comme des aimants : deux îles préservées à couper le souffle avec, entre et tout autour, un lagon « avec des fonds marins aux couleurs inouïes » dixit le photographe Yann Arthus-Bertrand qui a eu un coup de coeur pour le site. On comprend mieux pourquoi, dès les beaux jours, des
milliers de plaisanciers mettent cap sur l’archipel, véritable havre de paix exotique, à la fois si près et si loin de Cannes, la ville paillette. Les zones les plus privilégiées sont celles qui offrent des fonds totalement sableux, là où le dégradé d’émeraude est le plus intense.
Mouiller à touche-touche…
Au pic du mois d’août, la surfréquentation de l’entre-deux îles était devenue un problème. Les autorités ont été contraintes d’y mettre un peu d’ordre. Depuis la fin des années 2000, un chenal interdit au mouillage a été mis en place entre Sainte-Marguerite et Saint-Honorat. C’est un peu moins l’anarchie mais le balisage n’a pas eu d’impact sur le nombre de bateaux. Mouiller à touchetouche fait partie du folklore des îles de Lérins. Les petites coques open de 4 mètres y côtoient des yachts de 100 pieds, pour partager des moments de baignade, far-
niente, et repas autour d’une bonne bouteille de rosé. Voilà un cas pratique intéressant pour nos sociologues. Pour ceux qui sont allergiques à cette forme de promiscuité (et il y en a beaucoup !), il existe des solutions de repli. Sainte-Marguerite côté cap Croisette, est la plus belle échappatoire. On y jette l’ancre au pied du fort Vauban, fortifié par les Espagnols puis par Vauban au XVII siècle. Quelques mégayachts se tiennent à bonne distance du mouillage, profitant de fonds qui leur permettent de s’ancrer en toute sécurité.
Gare à la cardinale sud des Moines
On peut débarquer facilement sur Sainte-Marguerite. L’île, de 3 km de long sur 900 m de large, appartient à l’État et à la ville de Cannes, excepté une propriété privée vendue en 2008 à un industriel indien pour la somme modique de... 38 millions d’euros. Les plaisanciers les plus expérimentés mettront le cap sur la côte sud de Saint-Honorat. C’est la plus « mal pavée » mais aussi la plus sauvage. La cardinale sud « les Moines » n’a pas bonne réputation et certaines roches affleurant se souviennent encore des bateaux imprudents qui ont négligé le balisage. Pourtant, c’est ici que l’on peut mouiller par beau temps, au milieu de fond cristallins, face au monastère fortifié, presque seul au monde !