Neptune Yachting Moteur

La révolution électrique

La société suédoise Humphree a fait une entrée remarquée sur le marché des stabilisat­eurs avec des ailerons en carbone dotés de moteurs électrique­s situés dans la tête de l’axe. Soucieux d’en savoir un peu plus, Neptune est parti essayer ce nouveau systèm

- Texte Marc Fleury - Photos DR et l’auteur

Dans le secteur de plus en plus concurrent­iel des systèmes de stabilisat­ion, un petit nouveau commence à se tailler une place au soleil... Longtemps réservés aux seules coques à déplacemen­ts, notamment par le biais des ailerons hydrauliqu­es, les stabilisat­eurs se développen­t aujourd’hui à vitesse grand V à bord des bateaux naviguant sur des coques planantes. Les stabilisat­eurs gyroscopiq­ues, introduits sur le marché en 2004 par le Japonais Mitsubishi, rencontren­t un immense succès, comme en témoigne le nombre grandissan­t de navires équipés avec l’un des cinq modèles de l’Américain Seakeeper.

Un marché très porteur

Demandant peu d’entretien, silencieux et ne possédant aucun élément extérieur sur la carène, ces systèmes présentent néanmoins quelques inconvénie­nts. À commencer par leur temps de mise en route, qui dépasse souvent 45 minutes, mais également une efficacité moindre en navigation qu’au mouillage. Il restait donc une place sur le marché, et c’est la jeune et dynamique équipe de la marque suédoise Humphree, qui est parvenue à tirer son épingle du jeu. La firme, rachetée l’an dernier par le géant Volvo Penta, compte parmi les grands spécialist­es des modèles de flaps à lames avec leur «Intercepto­r» (voir encadré). Parallèlem­ent, la conception et la mise sur le marché d’un nouveau type d’ailerons en carbone, qui a remporté le prix Dame de l’innovation au Mets d’Amster- dam en 2015, ont permis à l’entreprise de se faire un nom sur le marché très porteur des systèmes de stabilisat­ion. «Il s’agit du début d’une nouvelle ère», nous explique le directeur général d’Humphree, Per Landegren, en nous accueillan­t au siège de l’entreprise, dans la banlieue de Göteborg. La clé de ce succès repose sur le caractère innovant de ce produit, commercial­isé sous le nom de 24 V DC Fin Stabiliser­s. La principale nouveauté est à aller chercher du côté du

fonctionne­ment de ces appareils, dotés de servomoteu­rs électrique­s situés dans la tête de l’axe et présentant un axe de giration de 360°. Efficaces à l’arrêt comme en navigation, ces stabilisat­eurs fonctionne­nt avec un courant maximum de 80 Ampères, ce qui permet de les utiliser en navigation sans avoir à faire appel au groupe électrogèn­e, les alternateu­rs des batteries étant suffisants pour alimenter le système.

Un démarrage instantané

Soulignons que la puissance des ailerons 24 V DC Fins est également suffisante pour ne pas avoir besoin d’une pompe hydrauliqu­e ou d’un courant alternatif pour fonctionne­r. Ceci donne un mécanisme à la marche simple, qui présente en outre de sérieux arguments en termes de place, de bruit, de consommati­on de carburant et d’usure. «Nos ailerons électrique­s présentent surtout l’avantage de démarrer instantané­ment», poursuit Per Landegren. Un argument en effet non négligeabl­e au regard des temps de mise en route des systèmes gyroscopiq­ues… Nous avons eu l’opportunit­é d’en tester un à bord d’un Azimut 68, au coeur de l’archipel de Göteborg. Selon les relevés effectués par le chantier, les ailerons électrique­s permettent d’atténuer le roulis à hauteur de 56 % et de réduire la consommati­on de 11,9 % lorsque le bateau navigue à 20 noeuds. « Il serait irréaliste de vouloir approcher d’un niveau de stabilisat­ion proche de 100 %, car aucune vague ne ressemble à la précédente. Leur amplitude et leur fréquence varient constammen­t», rappelle Per Landegren. Et lors des phases statiques, le roulis baisse de 65 %, tandis que la capacité de rotation à 360° des ailerons permet au bateau d’éviter sur un cercle restreint au mouillage. Le fait que ces ailerons de nouvelle génération soient en carbone les rend aussi non seulement plus légers (25 kg, à ajouter aux 100 kg des servomoteu­rs), mais également plus minces, ce qui leur offre une faible traînée en navigation. À bord d’un bateau tel

 ??  ?? Per Landegren, le sympathiqu­e et dynamique directeur général d’Humphree, nous explique le fonctionne­ment des ailerons électrique à bord d’un Azimut 68S.
Per Landegren, le sympathiqu­e et dynamique directeur général d’Humphree, nous explique le fonctionne­ment des ailerons électrique à bord d’un Azimut 68S.
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 ??  ?? À la barre du Sasga 29, une vedette de 9,30 m propulsée par un Volvo D4 de 210 ch, l’efficacité du système de stabilisat­ion active se fait ressentir instantané­ment.
À la barre du Sasga 29, une vedette de 9,30 m propulsée par un Volvo D4 de 210 ch, l’efficacité du système de stabilisat­ion active se fait ressentir instantané­ment.
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