Disparition d’un gentleman de la mer
Le fondateur du chantier Rhéa s’est tué le 7 août 2017 dernier dans le crash de son ULM. Il avait 71 ans. Neptune avait lié des liens d’amitié avec ce gentleman de l’île de Ré qui fit des Rhéa, le timonier emblématique de toute une région.
Nous sommes en 1996. Bertrand Danglade a 50 ans et, derrière lui, une longue vie de passion pour la construction navale et la restauration de voiliers. Aidé de son copain de toujours, l’architecte Michel Joubert, il construit dans son petit chantier de l’île de Ré un timonier au style vintage inspiré des bateaux de pêche du pertuis rochelais. Coque bleue et liseré blanc, poupe frégatée, faux mât de charge en bois et prise d’air à l’ancienne, les Rhéa ont trouvé leur style. Dès la sortie du Rhéa 750 un an plus tard, c’est l’enthousiasme. La clientèle de plaisanciers chics de l’île de Ré a trouvé sa nouvelle coqueluche. On est prêt à mettre le prix pour s’offrir ce pêche-promenade de caractère qui n’est pas celui de Monsieur tout-lemonde. Avec leur trogne de petit chalutier à l’allure romantique, les Rhéa deviennent des bateaux dans l’air du temps, à la grande surprise de leur créateur qui n’aurait pas pu imaginer un destin aussi successful. Le Rhéa 750 s’écoulera à plus de 300 exemplaires. Avec les années, la gamme Rhéa s’élargit. Un 1100 Trawler est lancé en 2003, suivi en 2005 par un 850 Timonier. La série open voit le jour trois ans plus tard. Puis, à partir de 2010, Bertrand Danglade développe une gamme de trawlers en Turquie. A chaque nouveauté, le patron de Rhéa était présent sur les essais. Bertrand Danglade racontait son bateau avec une verve peu courante. Personne d’autre ne pouvait décrire mieux que lui le soin apporté à la construction, les détails de finition. Rhéa était une passion communicative. En 2013, Bertrand Danglade finit par vendre son chantier rochelais au groupe DLJ, qui continue de produire des modèles exportés aujourd’hui dans l’Europe entière. Il consacre alors tout son temps à ses nouveaux hobbies : la voiture de collection et l’avion. La passion toujours, jusqu’au bout. Adieu Bertrand !