La guerre du design
Les nouveautés yachts du Cannes Yachting Festival illustrent la bataille stylistique que se livrent les grands chantiers leaders pour s’attacher les services des meilleurs designers du moment.
Yaura-t-il un jour, comme pour les footballeurs, un mercato des designers ? On peut aisément l’imaginer en constatant, sur le salon de Cannes, l’emprise toujours plus forte des stylistes sur les chantiers. Les constructeurs ne peuvent plus s’en passer. Cette année, le groupe Azimut est allé chercher à Naples le talentueux designer du jeune chantier Arcadia, Francesco Guida, devenu fameux pour ses yachts au look singulier et déroutant. Le transfert d’un chantier à l’autre ne s’est manifestement pas fait sans heurts, La direction d’Arcadia aurait été furieuse de s’être fait chiper son designer star. Il a été remplacé illico par le cabinet milanais Hot Lab Studio, une étoile montante du design naval qui travaille pour de multiples constructeurs. Dans les conférences de presse, on aime les mettre en avant. Francesco Guida a fait lui-même la présentation de son premier Azimut, le superbe 77S, dont il a réalisé l’intérieur. Chez Arcadia, les designers d’Hot Lab étaient au premier rang pour assister au lancement du nouvel Arcadia de cent pieds.
La suprématie des designers
Le designer est devenu la nouvelle coqueluche des chantiers. Une bonne signature sert au marketing du constructeur sans qu’on sache pour autant si cela a un impact sur le client. Le phénomène s’est accéléré ces dernières années avec l’avènement de bateaux ou de yachts, dont le confort et la décoration plagient de plus en plus l’intérieur des maisons. Immense star de la décoration intérieure, Achille Salvagni a rejoint l’équipe d’Azimut au milieu des années 2000. Son univers, ce sont les grands Benetti et Azimut Grande, mais, pour la rentrée, il signe l’intérieur de l’Azimut 60 Fly (18 m de long seulement !) montrant bien l’influence croissante du superyacht sur la vedette de croisière de série. Si la starisation des designers est une réalité au sein des chantiers, quelques constructeurs font encore de la résistance. C’est notamment le cas des grandes compagnies anglosaxonnes comme Sunseeker ou Princess qui ne font quasiment jamais appel à des designers extérieurs. Une ligne de conduite qui ne tient plus pour la marque Fairline. Le chantier britannique, racheté par des Russes, a conclu un contrat avec Alberto Mancini, un designer... italien !