L’été grec d’Ancetile
Le mois dernier, nous avions laissé l’équipage d’Ancetile à Ithaque en mer Ionienne. La croisière se poursuit avec le passage du canal de Corinthe et une escapade dans le golfe Saronique en mer Egée, le long du Péloponnèse, avant de prendre le chemin du r
Cay est, nous avons quitté la mer Ionienne pour nous diriger vers le canal de Corinthe en vue d’une navigation plus culturelle. Au départ de Sami sur l’île de Kéfalonia, les conditions de navigation sont idéales, mer lisse et légère brise. Bain après déjeuner derrière l’île d’Oxia, puis remise en route des moteurs pour une navigation de deux heures à longer la côte en direction de Missolonghi, petit bassin portuaire accessible depuis un très long chenal à travers cet immense marais qui s’étend sur près de 15 milles le long de la côte. Au lever du jour, pour profiter d’une quasi absence de vent (c’est une constante le matin ici en Grèce), nous appareillons pour parcourir le dernier mille en direction de l’entrée du canal, long de 3,2 milles et ouvert à la navigation en 1893. Le régulateur du trafic nous informe que nous devons attendre l’arrivée imminente d’un cargo et que nous pourrons ensuite nous engager dans son sillage. Dommage, nous aurions préféré naviguer en tête. Derrière ce mastodonte de 45 m de long et de 15 m de large, on a l’impression qu’à tout moment il peut racler les parois distantes de 25 m. Son hélice génère beaucoup de remous et nous oblige à le laisser prendre de la distance. Au pied de ces parois hautes de 79 m, la lumière a du mal à éclairer l’eau crayeuse en ce début de matinée et nous perdons même la liaison GPS avec les satellites. A la sortie, il faut passer à la caisse ! Le tarif dépend de la longueur de coque et nous coûte la modique somme de 265 euros pour 14,80 m ! Ce canal est le plus cher du monde en distance parcourue. Nous voilà dans le golfe Saronique, très industriel sur la côte nord alors que celle du sud est restée nature et entièrement recouverte d’une végétation quasi vierge de toutes constructions.
Poros, authentique et préservé
De nombreux bassins aquacoles y trouvent place. Il est vrai que la Grèce est l’un des plus gros exportateurs de daurades. L’île de Poros, distante d’un jet de pierre du Péloponnèse, dessine une baie très étendue qui offre une bonne protection. Elle est très fréquentée tout l’été et particulièrement le week-end par les Grecs venant d’Athènes par le ferry. Ce lieu est magnifiquement préservé : de petites maisons chaulées de blanc dégringolent de la colline sur un quai interminable où s’étirent, tout le long, bars et tavernas dans un esprit cosy. Nous quittons Poros le 1 août direction Kilada. Ermioni
est à mi-distance et ce petit village de pêcheurs à l’écart des activités touristiques offre, en plus de l’authenticité, d’être abrité des vents dominants qui ne cessent de perturber notre navigation depuis notre passage du canal de Corinthe.
Beaucoup de vent en mer Ionienne
Bien que le vent dépasse rarement les 20 noeuds, de fortes rafales dégringolent des montagnes et balayent les pièces du Scrabble en moins de deux... Douceur de vivre dans ce petit village, une population souriante, des «vieux» assis aux terrasses des cafés et, sur les trottoirs, devant les portes de mai- sons, on a du mal à imaginer un pays en crise. Kilada sera notre base de départ pour les visites des sites antiques de l’est du Péloponnèse. Nous retrouvons le Belliure 48 de nos amis Jean-Claude et Jocelyne, croisés à la mi-juin à Méganisi, qui font ici une halte technique. Nous récupérons une des rares places du quai, déroulant par précaution 70 mètres de chaîne. Bien nous en a pris, le lendemain, les prévisions annonçaient 15 noeuds mais nous y avons subi 25 noeuds avec des pointes à 30 en pleine face. Ce type d’amarrage est impressionnant, on se demande toujours si l’ancre va tenir. Heureusement le soir, comme chaque nuit, le vent tombe et nous profitons d’une taverna où les serveurs proposent tout au long du dîner des plats que nous choisissons de prendre, ou pas. Ici pas de menu, ni de carte, ni de prix indiqués, mais une cuisine typique dans un joyeux brouhaha. La formule offre l’avantage de goûter à beaucoup de spécialités que l’on n’aurait pas décryptées sur une carte et en plus c’est une très bonne surprise au moment de l’addition. A Kilada, une grande darse était prévue pour les plaisanciers, devant les bars et restaurants, pour le bonheur de tous, mais les très nombreux petits chaluts s’y sont installés et ont relégué les plaisanciers au môle exposé. Comme dans tous ces ports sans équipement, il est toujours possible de se faire livrer le gasoil par camionciterne et nous en profitons après
avoir sérieusement négocié le prix. Après avoir retraversé le canal et le golfe de Corinthe, nous amarrons le bateau dans le port de plaisance de Patras, juste après le passage du pont qui marque l’entrée (ou la sortie) du golfe dans sa partie ouest. Ce port est minuscule par rapport aux infrastructures pour les ferries qui arrivent de toute la Méditerranée. Un mot sur le port public : juste un ponton flottant, passablement délabré, qui peut accueillir dix bateaux avec pendilles jusqu’à 12 mètres et deux bateaux en long side jusqu’à 17 mètres. Les prix sont ridicules : 45 euros avec service d’amarrage et électricité pour la catégorie 14-15 mètres et pour... deux nuits ! En pleine saison ! Les ports de la Côte d’Azur devraient s’en inspirer...