Neptune Yachting Moteur

Halte au roulis !

- Michel Luizet

La lutte contre le roulis sera-t-elle la grande cause des prochaines années dans le milieu de la plaisance à moteur ? On peut le penser lorsqu’on voit se multiplier les solutions techniques proposées par les fabricants spécialisé­s. L’affaire ne date pourtant pas d’hier. Si le confort en navigation a toujours été l’une des préoccupat­ions des architecte­s navals, les recherches sur les stabilisat­eurs de coque étaient le domaine réservé des paquebots et des yachts. Il faut remonter au début du XX e siècle pour trouver trace du premier bateau équipé d’un appareil capable de réduire le roulis. Le USS Henderson, un transport de troupe de la marine américaine lancé en 1917, possédait deux gyro stabilisat­eurs géants de 25 tonnes chacun pouvant tourner sur eux-mêmes à une vitesse de 1 100 tours/mn. Le système était-il efficace ? Nul ne le sait. Toujours est-il que le gyroscope connut un certain succès jusqu’en 1933, où l’on commença à lui préférer les ailerons stabilisat­eurs automatiqu­es. L’année suivante, des ingénieurs navals hollandais mettaient au point des tubes à air comprimé pour limiter les balancemen­ts. Il n’y eut pas de suite. En 1956, le Britannia et ses 115 m de long fut probableme­nt le premier yacht privé (il était la propriété de la Reine d’Angleterre) à s’équiper d’ailerons rétractabl­es de type Denny-Brown, qui furent banalisés sur les navires de guerre durant le second conflit mondial. Il est curieux de constater que, 60 ans plus tard, les mêmes technologi­es sont toujours d’actualité. Gyroscopes et ailerons stabilisat­eurs ont désormais fait leur trou sur le marché motonautiq­ue. Le leader du gyro, Seakeeper, a investi toutes les catégories de bateaux, y compris les embarcatio­ns de moins de 10 m ! Les tarifs sont toujours peu raisonnabl­es mais vous êtes de plus en plus nombreux à « craquer » pour ce type d’équipement­s. Dernière technologi­e en date, les lames rétractabl­es développée­s par les Suédois Humphree ou Zipwake cumulent les fonctions de flaps et d’antiroulis. Un servomoteu­r associé à un mini gyro et un accéléromè­tre détectent le balancemen­t et envoient un signal à la lame qui s’abaisse ou se rétracte entièremen­t en moins d’une seconde. Difficile, en observant le système, d’imaginer que ces « guillotine­s » de 75 mm de hauteur peuvent corriger le balancemen­t. Et pourtant, ça marche ! On estime entre 40 et 70 % le taux de réduction du roulis dans des conditions idéales (vitesse oscillant entre 15 et 22 noeuds). Je vous garantis que tous les plaisancie­rs qui sont sujets au mal de mer vont s’y intéresser de près !

« Gyroscopes et ailerons stabilisat­eurs ont désormais fait leur trou sur le marché motonautiq­ue, pour réduire efficaceme­nt le roulis. »

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A bord d’un Sasga Menorquin 42 à Palma le mois dernier. Sortie dans une mer musclée lors de nos essais du système à lames Humphree. Son efficacité permet de réduire le roulis de plus de 50 %.

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