Halte au roulis !
La lutte contre le roulis sera-t-elle la grande cause des prochaines années dans le milieu de la plaisance à moteur ? On peut le penser lorsqu’on voit se multiplier les solutions techniques proposées par les fabricants spécialisés. L’affaire ne date pourtant pas d’hier. Si le confort en navigation a toujours été l’une des préoccupations des architectes navals, les recherches sur les stabilisateurs de coque étaient le domaine réservé des paquebots et des yachts. Il faut remonter au début du XX e siècle pour trouver trace du premier bateau équipé d’un appareil capable de réduire le roulis. Le USS Henderson, un transport de troupe de la marine américaine lancé en 1917, possédait deux gyro stabilisateurs géants de 25 tonnes chacun pouvant tourner sur eux-mêmes à une vitesse de 1 100 tours/mn. Le système était-il efficace ? Nul ne le sait. Toujours est-il que le gyroscope connut un certain succès jusqu’en 1933, où l’on commença à lui préférer les ailerons stabilisateurs automatiques. L’année suivante, des ingénieurs navals hollandais mettaient au point des tubes à air comprimé pour limiter les balancements. Il n’y eut pas de suite. En 1956, le Britannia et ses 115 m de long fut probablement le premier yacht privé (il était la propriété de la Reine d’Angleterre) à s’équiper d’ailerons rétractables de type Denny-Brown, qui furent banalisés sur les navires de guerre durant le second conflit mondial. Il est curieux de constater que, 60 ans plus tard, les mêmes technologies sont toujours d’actualité. Gyroscopes et ailerons stabilisateurs ont désormais fait leur trou sur le marché motonautique. Le leader du gyro, Seakeeper, a investi toutes les catégories de bateaux, y compris les embarcations de moins de 10 m ! Les tarifs sont toujours peu raisonnables mais vous êtes de plus en plus nombreux à « craquer » pour ce type d’équipements. Dernière technologie en date, les lames rétractables développées par les Suédois Humphree ou Zipwake cumulent les fonctions de flaps et d’antiroulis. Un servomoteur associé à un mini gyro et un accéléromètre détectent le balancement et envoient un signal à la lame qui s’abaisse ou se rétracte entièrement en moins d’une seconde. Difficile, en observant le système, d’imaginer que ces « guillotines » de 75 mm de hauteur peuvent corriger le balancement. Et pourtant, ça marche ! On estime entre 40 et 70 % le taux de réduction du roulis dans des conditions idéales (vitesse oscillant entre 15 et 22 noeuds). Je vous garantis que tous les plaisanciers qui sont sujets au mal de mer vont s’y intéresser de près !
« Gyroscopes et ailerons stabilisateurs ont désormais fait leur trou sur le marché motonautique, pour réduire efficacement le roulis. »