Yachts et automobiles
L’automobile s’associe à des projets motonautiques toujours plus spectaculaires mais le phénomène n’est pas récent et remonte même aux origines industrielles de la voiture.
Ferrari, Audi, Bugatti, Mercedes et d’autres grands noms de l’automobile ont cédé un jour aux sirènes de la plaisance et dessiné des bateaux d‘exception.
Il y a toujours du nouveau sous le soleil et sur l’eau, mais peut-être moins qu’on le pense généralement. En effet, dès les années 1860, quelques canots «automobiles» français expérimentent des moteurs à combustion interne et précèdent ainsi les voitures du même nom. Puis, l’Allemand Daimler installe en 1885 un petit moteur à essence sur une embarcation. Il n’est pas encore associé à Benz. Le moteur thermique devient vite le symbole d’une nouvelle autonomie pour l’homme moderne, presque libéré enfin du charbon, de l’avoine et du crottin. Pourtant, la première course automobile Paris-Rouen, qui s’élance en 1894, est gagnée par une voiture... à vapeur alors que, sur les bateaux, triomphent déjà les «énergies nouvelles». L’exposition universelle de 1900 confirme l’engouement pour ces canots à essence dont les vitesses augmentent : dix, vingt, trente kilomètres à l’heure...
Avec les rois de la réclame
Depuis les berges, on s’essouffle à suivre le mouvement à bicyclette mais les petites autos pétaradantes ne font guère mieux. Dès le tournant du XX° siècle, les constructeurs d’automobiles, déjà inquiets de l’inflation des budgets de compétition et de réclame dans la presse, voient bientôt tout le parti qu’ils peuvent tirer du motonautisme. C’est ainsi qu’on organise en 1904, à Monaco, une première grande exposition de canots «célébrant les dernières techniques automobiles», selon le catalogue
officiel qui présente également les nombreuses compétitions qui se déroulent en même temps pendant une quinzaine de jours. Toutes les grandes marques européennes se donnent donc rendezvous au pied du Rocher dont Mercedes, Fiat et Peugeot pour ne citer que les survivantes les plus connues. Le succès est total, une nouvelle ère est née. Jusque dans les années 1960, le mariage du nautisme et de l’automobile va rester surtout motivé par des partages de mécaniques mais aussi par des intérêts publicitaires alors que le style des voitures est encore largement confié à des carrossiers indépendants. Alfa Romeo, Ferrari, Maserati, Lancia, BMW et même Renault associent leurs noms à des chantiers. Puis, suite à l’évolution technique qui réunit en un seul ensemble châssis, mo- teur et carrosserie, commence l’âge du design que les constructeurs intègrent toujours davantage en amont du processus de fabrication des nouveaux modèles. En plus des studios créatifs insérés au sein même des entreprises, quelques cabinets mondialement connus dessinent aussi bien des autos que des frigos, des lunettes et quelques bateaux. On pense à Pininfarina, Giugiaro, Porsche Design ou Patrick Le Quément qui, après avoir dirigé le design de Renault, s’est lancé il y a quelques années dans le nautisme. Aujourd’hui plus que jamais, com- munication et technologie sont des atouts puissants dans la compétition économique mondialisée. Pour les constructeurs automobiles, l’image de marque et la valorisation de leurs savoir-faire sont au coeur du retour en grâce actuel du yachting dans les plans de marketing haut de gamme.
Le futur promis à un très bel avenir
De plus, la vogue des concept cars exerce désormais son emprise sur un public en mal de rêve et de perspectives d’avenir. La même
technique du « concept » s’étend désormais avec succès au monde nautique et certains projets qui ne verront jamais un plan d’eau se voient relayés à foison par tous les médias. Le canot automobile Jaguar de 2012 en est un bel exemple, dessiné et réalisé spécialement pour accompagner le lancement presse d’un nouveau modèle de voiture, sans autre vocation. Cependant, dans l’engouement actuel, chaque prototype récent de bateau associé à une grande marque d’automobile fait intervenir des logiques et des acteurs bien distincts.