• Canados Gladiator 428
Acteur renommé sur le marché du yacht, le chantier romain Canados diversifie son offre en lançant un open cruiser à la fois classique et original, doté de tous les atouts pour séduire une clientèle de connaisseurs.
Notre premier contact avec le Gladiator 428 s’est fait à l’occasion du salon de Cannes, au mois de septembre dernier. On s’en souvient encore. Nous embarquons à bord à la dernière minute en compagnie d’un couple de clients plus très jeunes à qui on a vanté les qualités marines du bateau. Ce jour-là, la tramontane affole l’anémomètre en soufflant à plus de trente noeuds en rafale. Pas de quoi inquiéter pourtant les patrons d’Aquila Yachting, représentants en France de la marque Canados. Le Gladiator est le seul à quitter le port. Les visiteurs du salon nous regardent prendre la mer avec des yeux écarquillés. En moins d’un quart d’heure, la démonstration est faite. On revient à notre place, les cheveux en désordre mais aussi secs que le cockpit de notre bateau, encore tout excités par ce run extrême mené sur une baie blanchie par les déferlantes.
Le retour aux fondamentaux
C’est d’abord cela le Canados 428. Une carène exceptionnelle munie d’un V à la poupe de 21° et d’une étrave tulipée qui « chasse » le clapot loin sur les côtés. Les photos aériennes prises la semaine suivante dans les mêmes conditions de mer parlent d’elles-mêmes (voir page suivante). Grand amateur de courses offshore, plusieurs fois auréolé du titre de champion du monde aux Etats-Unis, Michel Karsenti est à l’origine du Gladiator. «Je voulais un bateau indestructible avec un retour aux fondamentaux, raconte le nouveau président de Canados qui a pris les rênes du chantier italien en 2016. Du V, du poids et de la matière pour la rigidité, voilà les clés pour obtenir une carène digne de celle du mythique Monte Carlo Offshorer 30, le ba- teau culte de Karsenti. Marco Casali a été chargé de mettre en musique le projet Gladiator. Le designer quadra a en lui la culture du day-cruiser sportif à l’italienne. Il a signé en 2005 l’Itama Forty, la version modernisée du bateau star des eighties. Le Gladiator 428 partage certains détails comme l’avant ponté parfaitement plan et sans aspérités ou le tulipage prononcé de la proue, caractéristiques typiques de la tradition transalpine (CNM Continental 50, Unica 42, Magnum...). Pour autant, la comparaison s’arrête là. Le benjamin des Canados sait jouer la carte de l’originalité en bouleversant l’agen-
cement du plan de pont. Plutôt qu’un poste de pilotage classique adossé à la plage avant avec parebrise enveloppant, Casali a imaginé une console de pilotage devant laquelle on peut se déplacer.
Un cockpit bien réorganisé
Ce mixte des genres permet d’utiliser l’espace d’une toute autre façon. Le pilote ne tourne plus le dos à ses passagers qui peuvent s’asseoir ou s’allonger sur les sofas positionnés devant le pupitre central. On gagne en convivialité et on se déplace plus facilement dans le cockpit coiffé d’un grand T-top rigide en fibre de carbone. A l’arrière, deux banquettes un peu raides se font face façon Fjord. La table et son encombrant pied en inox devraient changer sur les prochains modèles au profit d’une table pliante plus longue. Six mois après notre sortie épique devant
Cannes, nous retrouvons le même Gladiator et sa sellerie rouge au chantier Canados, installé près de Rome à l’embouchure du Tibre, pour un complément d’essai. Le bateau fait toujours aussi forte impression. Sa ligne racée pourrait être la version plaisance d’une belle sportive italienne décapotable. Canados a soigné les détails : tableau de bord carbone, joystick de manoeuvre et propulseur, plancher gris en teck synthétique supérieur (Flexiteck), garage à ouverture hydraulique, sellerie extérieure Sunbrella, sofa intérieur en cuir Poltrona Frau, habillage de la cabine en chêne et insert en macassar autour du meuble cuisine. « La grande majorité de l’équipement est standard, résume Michel Karsenti. En outre, le chantier a suffisamment de souplesse pour répondre à toutes les demandes spéciales. » Un rapide coup d’oeil dans la profonde soute technique placée devant la console
Un gigantesque splash mais pas le moindre embrun sur le pont ou dans le cockpit ! La preuve par l’image de l’excellent travail de la carène.
de pilotage permet d’apprécier la qualité de construction de la coque réalisée en infusion. Les va- rangues sont bien visibles à l’oeil nu, massives et disposées à intervalles réguliers sur toute la longueur. Du très costaud qui se traduit sur l’eau par une remarquable absorption des impacts face au clapot formé.
Plusieurs motorisations
Le Gladiator file à 40 noeuds en pointe avec une paire de 400 ch Volvo D6 montée en Z-drive. Les dirigeants furent un moment tentés par une transmission IPS mais il fallut vite se rendre à l’évidence. La forme de la carène avec son V à la poupe de 21° était incompatible avec le montage de pods qui ne tolère qu’un maximum de 16° d’angle. D’autres motorisations sont toutefois possibles (lire l’encadré page de gauche). Le rendement est excellent jusqu’à 30 noeuds avec à peine une moyenne de trois litres au mille. Le profil aérodynamique du bateau offre peu de prise au vent. En revanche, le pare-brise du poste de pilotage se montre peu protecteur lorsque l’on accélère franchement. Peu de mains courantes aussi pour se tenir même si le pavois est lui bien sécurisé par une longue barre d’inox. Le style et l’esthétique ont la primeur sur le reste. C’est ce qui fait du Gladiator un day-boat vraiment unique.