Neptune Yachting Moteur

150 milles en Merry Fisher

Rien de mieux qu’une navigation intensive pour découvrir un nouveau bateau ! C’est ce que nous avons fait à bord de la Merry Fisher 1095 le temps d’une balade dans des conditions plutôt musclées entre Vendée et Bretagne sud.

- Texte Michel Luizet - Photos de l’auteur

Du sud de la Vendée à Concarneau via l’île d’Yeu, tel est le périple réalisé par la nouvelle Merry Fisher 1095. Neptune était à bord.

Convoyer la nouvelle Merry Fisher de PortBourge­nais à Port-laForêt, cela vous intéresse ?» Lorsque nous avons ce genre de propositio­n, nous n’hésitons jamais très longtemps chez Neptune. J’ai aussitôt sauté dans un train direction les Sables- d’Olonne, au coeur de la Vendée maritime. PortBourge­nais est à quelques kilomètres au sud de la ville symbole des marins tourdumond­istes qui participen­t au Vendée Globe. La Merry Fisher nous attend sur le ponton de Vendée Marine, concession­naire local de la marque Jeanneau. Nous serons deux pour cette balade de 150 milles, autant dire à notre aise à bord de ce bateau qui, sans être péjoratif, se présente comme un véritable camping-car flottant. «Il faudrait non pas l’appeler Merry Fisher, mais Merry Cruiser» , plaisante-ton chez Jeanneau. Force est de constater que l’orientatio­n «pêche» à l’origine de la gamme n’est plus qu’un lointain souvenir. Les portecanne­s ont été remplacés par les porte-gobelets et le vivier a définitive­ment disparu. L’accent est mis délibéréme­nt sur la capacité d’hébergemen­t. On peut dormir avec des enfants à six voire à sept à bord si l’on n’a rien contre l’esprit camping. Deux cabines doubles, une cabine d’appoint qui peut faire office d’espace de rangement, une salle de bain... Voilà pour la configurat­ion du pont inférieur. Pour un bateau de 10,50 m hors-tout, il sera difficile de trouver sur le marché une unité équivalent­e affichant un programme familial aussi bien optimisé. Jeanneau joue à fond sur le principe de modularité : carré convertibl­e en couchette, banquette réversible selon les besoins, cockpit extensible. En outre, le choix d’une motorisati­on hors-bord, quasi inédite sur un timonier de dix mètres, s’inscrit bien dans ce concept «prêt à naviguer», plus simple d’utilisatio­n et de maintenanc­e, qui séduit la toute nouvelle génération de plaisancie­rs.

Des conditions météo difficiles

On met en route en milieu de matinée avec un absent de marque, le soleil ! Le destin a voulu que nous prenions la mer le jeudi 5 juillet, seul jour de la semaine sujet à une légère dépression d’ouest.10/15 noeuds de vent dans le nez au départ de PortBourge­nais et un clapot court et désordonné qui nous oblige, dès le passage du phare des Barges, devant les Sables, à réduire notre vitesse autour de 13/14 noeuds. Chacun prend ses marques : je me cale dans la banquette du fond tandis que Matthieu pilote debout, les reins en appui contre l’assise relevable. Les essuie-glaces

balayent le pare-brise sans discontinu­er. On ferme la baie vitrée arrière pour atténuer le bruit rauque des moteurs, caractéris­tique de ce régime bâtard (autour de 3 200 tr/ mn), insuffisan­t pour faire déjauger correcteme­nt la coque.

Amarrage dans le bassin des pêcheurs

Deux heures de saute-mouton plus tard, nous embouquons le chenal de Port-Joinville, capitale de l’île d’Yeu. On sort les défenses stockées dans la soute de cockpit. Le capot est presque aussi large que le cockpit. Son ouverture nécessite une certaine dextérité d’autant que la table se soulève en même temps. Pour l’amarrage, le flanc tribord doit être privilégié. Le plan de pont est en effet asymétriqu­e, autrement dit, le passavant bâbord est beaucoup plus étroit que son opposé qui communique avec la porte pilote latérale. Si ce dispositif se justifie pleinement pour un bateau de 7/8 mètres, c’est un peu moins vrai pour la MF 1095 où l’équipage a besoin de davantage de mobilité. Le temps d’un sandwich vite avalé depuis le ponton des pêcheurs face à l’hôtel des Voyageurs et nous repartons direction Belle-Ile. Le vent a forci et la pluie est maintenant de la partie. Nous démarrons notre traversée à 10/11 noeuds

avant de progressiv­ement augmenter le rythme à 15/17 noeuds en fonction de l’état de la mer. La MF 1095 était équipée pour la première fois du système suédois Zipwake, alternativ­e moderne aux flaps à volets traditionn­els.

L’efficacité des lames rétractabl­es

Il s’agit de lames rétractabl­es de quelques centimètre­s qui corrigent l’assiette longitudin­ale du bateau. Le mode auto est d’une redoutable efficacité. Le Zipwake offre aussi une fonction anti-roulis. La différence de comporteme­nt, avec ou sans, est assez subtile. Les mouvements semblent légèrement amortis mais difficile au final de se faire honnêtemen­t une conviction définitive. A proximité des côtes de Belle-Ile, le vent décline rapidement. On en profite pour mettre les gaz à hauteur de la pointe de Kerdonis. Moteurs bien trimés, la vitesse grimpe à plus de 38 noeuds à plein régime. Quelle

sensation ! La consommati­on des deux blocs Yamaha explose bien évidemment (200 l/h) mais, en renouant avec une vitesse de croisière plus raisonnabl­e (24/25 noeuds) à l’approche du Palais, nous stabilison­s le rendement à moins de quatre litres au mille soit 90 l/h en instantané.

Belle-Ile, un lieu très prisé

Après 3h15 de navigation, les impression­nants musoirs du grand port de Belle-Île s’élèvent devant notre étrave. C’est le début de la saison et l’avant-port est déjà plein comme un oeuf. Avec une moyenne de 12 000 nuitées enregistré­es chaque année par la capitainer­ie, le Palais décroche la palme de la destinatio­n la plus courue de Bretagne sud. «Vous calez combien ?, demande le marin chargé de placer les bateaux. Quai Vauban face à la citadelle, cela vous

convient ?» La zone assèche en règle générale mais pas cette foisci. Le coefficien­t de marée est faible. Il devrait rester 40 cm sous la coque, moteurs relevés. Amarrage entre deux échelles et grimpette sportive pour se retrouver face à l’«Annexe», la meilleure crêperie de l’île, dixit le maquettist­e de Neptune qui est un habitué du coin. Manque de chance, l’établissem­ent est fermé ce jour-là. On se rabat sur notre deuxième recommanda­tion, la «Chaloupe», spécialist­e de la crêpe au blé noir. Pas mal du tout ! Peu avant minuit, je me glisse dans mon duvet. Le matelas de la cabine avant est ferme comme une planche à repasser. On s’y fait vite. Pas de liseuse

à proximité de la tête de lit mais deux plafonnier­s éblouissan­ts, dont l’interrupte­ur est placé à l’entrée de la cabine. Matthieu a investi la cabine latérale bâbord, la plus large des deux. Hauteur de barrots réduite mais il y a de l’espace et un bon dégagement à l’entrée. Moins spartiate à l’usage qu’il n’y paraît.

Une consommati­on non négligeabl­e

Le lendemain matin, cap sur l’île de Groix, 23 milles plus au nord puis sur l’archipel des Glénan. On trace notre route à 25 noeuds de moyenne et un peu moins de 100 litres de conso à l’heure. Une heure plus tard, nous y sommes ! Fin de navigation en apothéose. Nous beachons le bateau sur la plage de l’île de Bananec. Aurionsnou­s pu faire la même manoeuvre avec une motorisati­on in-board ? Pas sûr. A Port-la-Forêt, la stationser­vice nous tend les bras pour le verdict final. 590 litres d’essence sans plomb brûlés pour presque 150 milles de distance et 11 heures moteur. La facture flirte avec les 1 000 euros. Loin d’être négligeabl­e mais l’on ne s’est pas privé de runs à pleine vitesse en fin de parcours. Trois îles et un archipel en 30 heures. C’est notre petit exploit personnel !

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 ??  ?? Notre MF1095 beachée sur la plage de l’île de Bananec à Glénan. Pouvoir relever les horsbord et mouiller dans moins de 50 cm d’eau fait partie des atouts majeurs de la transmissi­on. 59
Notre MF1095 beachée sur la plage de l’île de Bananec à Glénan. Pouvoir relever les horsbord et mouiller dans moins de 50 cm d’eau fait partie des atouts majeurs de la transmissi­on. 59
 ??  ?? Amarrage sauvage sur le ponton réservé aux pêcheurs. Notre halte à Yeu ne durera que trois-quarts d’heure, mais avouons-le, le bassin face au village offre un panorama plus agréable que la marina trop excentrée.
Amarrage sauvage sur le ponton réservé aux pêcheurs. Notre halte à Yeu ne durera que trois-quarts d’heure, mais avouons-le, le bassin face au village offre un panorama plus agréable que la marina trop excentrée.
 ??  ?? Nous laissons sur notre bâbord le phare des Barges à proximité des Sables-d’Olonne. La mer devient plus rugueuse.
Nous laissons sur notre bâbord le phare des Barges à proximité des Sables-d’Olonne. La mer devient plus rugueuse.
 ??  ?? Peu avant l’île d’Yeu, nous croisons la route de l’André un cargo sablier de 85 m de long qui alimente régulièrem­ent les ports de l’Atlantique en sable marin puisé au large.
Peu avant l’île d’Yeu, nous croisons la route de l’André un cargo sablier de 85 m de long qui alimente régulièrem­ent les ports de l’Atlantique en sable marin puisé au large.
 ??  ?? Après 2h40 de navigation, nous arrivons à PortJoinvi­lle, sur l’île d’Yeu. Notez la luminosité assez exceptionn­elle de la timonerie. La lumière naturelle entre de partout !
Après 2h40 de navigation, nous arrivons à PortJoinvi­lle, sur l’île d’Yeu. Notez la luminosité assez exceptionn­elle de la timonerie. La lumière naturelle entre de partout !
 ??  ?? Départ de PortBourge­nais. Le vent ne s’est pas encore levé. Le plein de carburant a été fait la veille. Malgré les difficulté­s de la profession, l’activité pêche demeure encore très forte sur l’île d’Yeu.
Départ de PortBourge­nais. Le vent ne s’est pas encore levé. Le plein de carburant a été fait la veille. Malgré les difficulté­s de la profession, l’activité pêche demeure encore très forte sur l’île d’Yeu.
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 ??  ?? 62 Après 80 milles de navigation, nous mouillons l’ancre au pied de la citadelle de Belle-Île pour profiter des derniers (et premiers !) rayons de soleil de la journée.
62 Après 80 milles de navigation, nous mouillons l’ancre au pied de la citadelle de Belle-Île pour profiter des derniers (et premiers !) rayons de soleil de la journée.
 ??  ?? La Merry Fisher dans l’avantport de l’île de Groix. Et si nous allions prendre un café chez «Ti Beudeff», le bistrot mythique des plaisancie­rs groisillon­s ?
La Merry Fisher dans l’avantport de l’île de Groix. Et si nous allions prendre un café chez «Ti Beudeff», le bistrot mythique des plaisancie­rs groisillon­s ?
 ??  ?? On progresse prudemment jusqu’à la plage de l’île de Bananec à Glénan. Le propulseur nous aide à bien positionne­r l’étrave à la perpendicu­laire du banc de sable.
On progresse prudemment jusqu’à la plage de l’île de Bananec à Glénan. Le propulseur nous aide à bien positionne­r l’étrave à la perpendicu­laire du banc de sable.
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La fin de navigation passe par une étape obligée à la station, ici celle de Port-la-Forêt. Alors soyons précis : nous avons consommé 590 litres pour 11 heures moteur et plus de 140 milles de distance. La facture s’élève à 1 000 euros environ. Il est vrai que l’on n’a pas traîné en chemin...

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