Construction haute couture
Avec ses luxueux bateaux connectés, équipés d’une carène aussi brevetée qu’efficace, HOC Yachts affiche ses ambitions : changer le nautisme. En attendant, la qualité de ses méthodes de construction témoigne d’un savoir-faire resté traditionnel.
Petit chantier deviendra grand ? Tel est le but affiché de HOC Yachts, qui se présente comme une start-up à l’avenir brillant. Fondée en 2014 par Vilhelm Djurberg, ingénieur et architecte naval de 42 ans, HOC ambitionne tout simplement de... révolutionner le nautisme. Et pour y parvenir, le Suédois dispose de sérieux atouts. Les voici. Le HOC 33, son premier modèle de 10 m, décliné en versions open et timonier, est l’un des rares bateaux au monde à disposer d’une carène de cHOC signée Petestep. Il a fallu presque huit ans à ce bureau d’études de Stockholm pour concevoir cette carène à trois déflecteurs. Un système novateur à chevrons qui rend les navigations plus douces, plus silencieuses, plus véloces et moins gourmandes. A cette innovation technologique répond un ensemble de navigation embarqué tout aussi « high- tech », doté d’un écran rectangulaire de 29 pouces, avec les commandes centralisées au volant, fonctions doublées sur une tablette tactile de 10 pouces. Données de contrôles et météo, caméra arrière, Wi-fi et vidéos défilent sur cet écran géant, à la pointe de « l’infotainement » . Ce dispositif a été développé par Yacht Defined, une société qui vient d’être rachetée par Navico. Dans un même mouvement, le leader mondial des systèmes embarqués (avec les marques Simrad ou Lowrance) a pris une participation très significative dans HOC Yachts. Le but ? Que HOC devienne la vitrine des solutions développées à bord par Navico. Tout simplement. Et avec la puissance d’un tel partenaire, le chantier dispose de réels moyens pour imposer ses vues.
Process artisanal et industriel
Autre atout à prendre en compte : la qualité de construction et de finition de ces unités « made in
Sweden ». Pour en témoigner, Neptune s’est rendu dans les ateliers de fabrication des HOC. C’est à Visby, « capitale » de l’île de Gotland, plantée au coeur de la Baltique à 100 milles au sud-ouest de Stockholm, que Vilhelm Djurberg a choisi de faire construire ses bateaux. A la tête d’une équipe
composée d’une quinzaine d’artisans, Niklas Lund et Kenth Lindqvist ont fondé Swedish Composites en 2012.
Cinq postes d’assemblage
Complémentaires, ces deux solides gaillards aux yeux bleus ont installé leur atelier dans l’ancienne usine Nimbus, pour lequel ils ont longtemps travaillé, avant que la fameuse marque suédoise ferme le site de Visby. Swedish Composites a récupé- ré 3 800 m couverts sur les 12 000 m de l’ancien complexe. Depuis 2014, HOC est son principal client. « Construire des HOC est un vrai challenge, car ils exigent des procédés de fabrication très complexes », prévient Niklas. L’usine est divisée en trois grandes zones de pro- duction. La première rassemble le stockage et la découpe des panneaux d’Airex (dont la couleur signale la densité) ainsi que ceux des rouleaux des tissus de gelcoat. L’ensemble des éléments nécessaires à la fabrication d’une pièce (coque, pont, petites structures) sont répertoriés et rassemblés sur un trolley. Celui-ci gagne la zone dédiée à la stratification, en direction du moule qui lui est destiné. Fixés sur des ponts basculants, pour les retourner à la demande, les moules de coques seront infusés sous vide, puis renforcés par stratification manuelle. Il en sera de même pour les super-structures
et les autres pièces. « Le processus de stratification d’un bateau prend environ deux semaines », nous indique Kenth. Le temps pour ces pièces blanches de gagner la troisième zone de l’usine, où se trouvent les lignes d’assemblage. On retrouve les grands postes, pont, coque, autour desquels s’activent les opérateurs, afin d’enrichir ces éléments vides de tout l’équipement (visible ou invisible) d’un bateau : réseaux électriques, fluides, réservoirs, motorisation, mobilier, vaigrages... L’électronique compte pour une grande part dans ce processus d’équipement complexe.
Rigueur, précision et adaptabilité
Il règne ici une rigueur et un sérieux scandinave, tant au niveau de l’organisation générale du travail, que dans la concentration apportée par chaque opérateur dans la tâche qu’il réalise. Les gestes sont calmes, précis. « A part les vitrages, le métal et les textiles que nous achetons à des fournisseurs, nous réalisons tout ici, moules compris », commente Niklas. Témoignant ainsi une fois encore que l’industrie nautique reste à la jonction entre les méthodes artisanales et le process industriel. HOC et Swedish Composites jouent également sur la flexibilité, car ils sont capables d’apporter une modification ou une innovation sur les unités fabriquées, sans avoir à attendre « le modèle de l’année prochaine ». Une adaptabilité que l’on retrouve dans le mode de fonctionnement de l’usine. « Notre premier objectif est de sortir entre 20 et 30 bateaux par an », assure Kenth, qui ajoute : « Nous avons la place pour créer une seconde ligne de production. Et de sortir jusqu’à 100 bateaux par an ». L’outil de production étant en place, reste à HOC (et à Navico) le soin d’imposer leur approche innovante du nautisme contemporain. Et à étoffer, comme prévu, le catalogue.