• Prestige 590
Et voilà la remplaçante officielle de la Prestige 550/560 ! Une vedette à fly de 18,70 m de longueur subtilement remise au goût du jour et s’inscrivant dans la continuité d’un concept qui a fait ses preuves.
Leader incontesté sur le segment de la vedette à fly entre 40 et 60 pieds, la marque Prestige est au coeur d’une phase intense de renouvellement. L’opération est capitale : il s’agit de remplacer, ou plutôt de faire évoluer, une génération dorée de vedettes hard-top et fly-bridge qui, depuis le début de la décennie, occupe les premières places du palmarès des ventes. Après le remplacement des modèles 450 (460 aujourd’hui), 500 (le best-seller devenu 520) et 620 (630 en 2018), voilà l’heure du renouvellement de la Prestige 550. Lancée au salon de Düsseldorf en janvier 2012, cette vedette de 18 mètres de longueur a déjà fait l’objet l’année dernière d’un premier relooking sous le nom de 560.
Des hublots de coque différents
Une petite cure de jouvence pour une unité vendue à travers le monde à plus de 200 exemplaires en cinq ans de commercialisation. Pour autant, la carrière devrait s’arrêter prématurément pour ce modèle qui, comme sur le secteur automobile, avait tous les attributs de la «série limitée» censée booster les ventes d’un bateau déjà bien amorti. Il faut compter désormais avec la Prestige 590 que Neptune a pu tester en exclusivité, en clôture du rassemblement de concessionnaires Prestige qui a eu lieu à Port- Bourgenais début juillet. La nouvelle désignation «590» ne doit pas impressionner outre mesure. Le gap de taille entre le dernier modèle et la 560 est plutôt modeste. De 18,22 m, on passe à 18,70 m hors-tout soit un demi-mètre de plus, autant dire pas grand-chose à l’échelle du bateau. En termes de marketing, on imagine aisément l’impact que cela peut avoir sur l’acheteur qui se rapproche avec ce modèle du seuil fatidique des 60 pieds. Dans la réalité, l’espace à vivre est assez semblable à la précédente version. De même, sur un plan purement esthétique, la Prestige 590 est un copier-coller de la ligne de la 520 (lire Neptune n°265), qui se distingue par une forme différente de hublots de coque (d’un seul tenant désormais) et
d’un pont plate-forme sur l’avant qui déborde légèrement de la coque, à la manière d’un porteavions, toutes proportions gardées bien évidemment !
Une silhouette redynamisée
La dynastie de designers italiens qui règnent sur la gamme Prestige depuis ses débuts (Garroni père et fils) procède ici par petites touches. Des vitrages de timonerie plus généreux, une poupe débarrassée de toute aspérité, un arceau de fly arrière reprofilé, une proue plus anguleuse suffisent à redynamiser une silhouette qui commençait à accuser le poids des ans. La carène, issue d’un nouveau moule, adopte la même motorisation que la Prestige 560, à savoir une paire de 600 ch Cummins couplée à des pods Zeus. La marque vendéenne aurait pu faire le choix de la nouveauté en s’équipant des pods IPS Volvo assortis du bloc D8-600, tous deux lancés l’année dernière.
Manifestement, la solution Zeus reste la plus sage, le chantier préférant maintenir un semblant de concurrence sur un créneau (la transmission pods) largement dominé par le motoriste suédois. Elle a aussi de nombreux avantages que l’on a tendance à oublier comme les flaps automatiques intégrés aux pods ou encore l’ancrage virtuel (skyhook), livré en standard contrairement à Volvo qui facture lourdement l’option.
Une timonerie bien agencée
Enfin, le pilote dispose d’un joystick Mercury plus sophistiqué que celui de l’IPS. Ce gros buzzer est à puissance progressive et se dote d’un anneau lumineux à couleur changeante selon l’utilisation. Comme pour la 560, le nouveau modèle Prestige propose deux aménagements de poupe différents. Le chantier est l’un des rares avec Galeon à offrir sur ce segment le choix entre une cabine de marin et un garage à annexe capable d’abriter un Williams 285 Turbojet. Sur la plage avant, le bain de soleil se pare désormais d’une toile d’ombrage fixée à quatre piquets démontables. Dans ce domaine, les designers retiennent un peu leur coup de crayon et se refusent pour le moment à suivre la voie peu esthétique initiée par Sunseeker, Princess ou Absolute, qui consiste à ajouter de la superstructure sur l’avant pour y intégrer salon de pont et soutes de
rangement. La timonerie reprend à la lettre le canevas qui a si bien fonctionné sur le précédent modèle. La cuisine à l’entrée qui communique via une console d’angle ouverte sur le cockpit reste un must, de même que la descente privative conduisant à la fameuse mastercabin. Les aficionados de la marque sont partout en terrain de connaissance. Le salon s’est élargi et gagne une porte latérale sur le côté tribord.
Des contraintes pour la décoration
Combiné à la grande vitre électrique bâbord, ce dispositif assure une excellente ventilation de l’espace et retardera le déclenchement de la puissante climatisation de 72 000 BTU. Prestige a accompli un gros travail de décoration pour se hisser au niveau de la concurrence même si la contrainte d’un
process quasi industriel et d’un prix tiré au cordeau représente une contrainte de poids. L’habillage du mobilier en chêne grisé s’impose comme un nouveau standard mais il y a toujours l’alternative du wengé mat ou grand brillant qui revient à la mode.
Un choix de références limité
Côté sellerie, le catalogue propose plusieurs références de cuirs et tissus et deux pour le plancher stratifié (chêne ou wengé brossé). Le plan de travail de la cuisine se décline en laminam imitation marbre ou corian clair. Idem pour les salles d’eau. Le client compose ainsi son intérieur sans être noyé par un choix invraisemblable comme ce peut être le cas chez certains chantiers italiens. Dans un registre luxe et confort à bord, Prestige a signé un partenariat avec Bowers & Wilkins, grand spécialiste britannique haut de
gamme de la hi-fi embarquée. De même, la vaisselle est signée Villeroy & Boch. Au niveau inférieur, l’espace nuit à l’avant n’a que peu évolué. Les dimensions des hublots demeurent les mêmes.
L’efficacité du gyrostabilisateur
On note toutefois la possibilité de transformer le dressing fermé de la cabine avant VIP en une troisième salle de bain dédiée à la cabine latérale. La mastercabin et son accès privé profitent de hublots panoramiques plus généreux. L’agencement identique à la 560 bénéficie d’un traitement plus moderne. Plafonds et planchers ont été encore un peu plus nivelés pour obtenir un espace qui gagne en homogénéité. Quant à la salle de bain communiquant avec le grand dressing, elle n’a pas d’équivalent sur le marché. Vedette familiale par excellence, la Prestige 590 flirte avec les 30 noeuds à plein régime, comme quoi les Cummins de 600 ch supportent bien le léger embonpoint pris par rapport au précédent modèle. En croisière, le rendement est quasi stable sur le segment de vitesse entre 20 et 26 noeuds. Si le prix du nouveau modèle s’établit à 1 074 000 euros TTC, il faudra compléter le budget d’environ 100 000 euros pour obtenir un bateau réellement prêt à naviguer. Plus si vous vous équipez d’un luxueux gyrostabilisateur Seakeeper (80 000 euros TTC), qui était monté sur notre unité d’essai. Une démonstration en pleine mer devrait pouvoir vous convaincre de son époustouflante efficacité.