• Occasion : un Linssen trentenaire
Oxydation, électrolyse... les coques en acier font souvent peur. Des craintes justifiées ? Pour en savoir plus, nous nous sommes penchés sur un Linssen de 1990 en vente. Une visite riche d’enseignements !
Tant qu’à passer au peigne fin une occasion, autant en trouver une affichant un certain nombre d’années au compteur... Cela tombe bien, un Linssen Classic Sturdy 400 AC s’apprêtant à célébrer son trentième anniversaire est actuellement proposé à la vente par la société Aquarelle France, concessionnaire de la marque hollandaise dans l’Hexagone. Ni une ni deux, nous voilà donc sur les bords de l’Yonne, au pied de la jolie ville médiévale d’Auxerre, par un frais et brumeux matin de février.
Ne pas lésiner sur la peinture !
« Albatros », mis à l’eau en 1990, affiche la ligne aussi caractéristique qu’intemporelle des modèles du chantier, avec son poste de pilotage extérieur surélevé situé derrière la timonerie. Il est à ce titre frappant de noter que les différences stylistiques avec le 40.9, son
très populaire successeur, se limitent à peau de chagrin, tout comme avec le 40.0, lancé en 2017 ! Difficile aussi, en découvrant le bateau, de ne pas être étonné par son excellent état. Bien qu’ayant appartenu à des propriétaires visiblement soigneux, on aurait pu s’attendre à ce que cette coque en acier présente quelques signes de vieillissement. « L’acier ça rouille ! Je ne sais pas combien de fois j’ai entendu cette remarque, s’amuse Mike Gardner-Roberts, directeur d’Aquarelle France. Mais les gens doivent savoir que, sur une coque en acier, le premier rôle de la peinture est d’offrir une protection avec l’atmosphère. » Et le moins que l’on puisse dire est que Linssen ne
lésine pas sur cette protection. Sur ce modèle, comme sur les autres, une première couche de peinture en zinc est appliquée, suivie de quatre couches de peinture époxy bi-composant. En cas de rayure ou de choc, il suffit de faire rapidement une retouche pour éviter les complications. Mais sans cela, appliquer une nouvelle couche peut attendre dix ou quinze ans. « Bien entretenu, un bateau en acier a une durée de vie quasi illimitée, poursuit Mike, en nous invitant à bord. D’autant que la rouille, qui attaque la coque de
l’extérieur vers l’intérieur, est un signal d’alarme facilement repérable. » Passé la porte latérale située sur bâbord, au niveau du poste de pilotage, on note également que l’intérieur n’est pas outrageusement daté.
Des boiseries d’une grande élégance
Lumineuse avec ses belles ouvertures latérales et son panneau zénithal, la grande timonerie est habillée d’un chêne clair qui a remarquablement résisté à l’épreuve du temps. Si la longue banquette du carré a conservé sa sellerie en cuir d’origine, celle du fauteuil du poste de barre et de la dînette a en revanche été remplacée par du skaï. Il s’agit d’ailleurs de l’une des très rares modifications intervenues à bord, avec l’ajout d’une instrumentation Raymarine. Mentionnons aussi l’arrivée d’une cuve à eau noire dans la salle des machines, située sous les planchers de la timonerie. Le Volvo TAMD41B développant 145 chevaux, affichant près de 4 600 heures au compteur, est toujours vaillant. Contrairement aux 40 pieds plus récents de Linssen, la dînette, convertible en couchage double, et la cuisine sont situées en contrebas par rapport au carré. Cette dernière demeure néanmoins lumineuse et dispose d’un four et de plaques de cuisson à gaz, d’un ré- frigérateur de vingt litres et d’astucieux rangements. La cabine avant compte trois couchages et une salle de bain. Située à l’arrière du bateau, la cabine du propriétaire présente de beaux volumes. Si les dimensions des hublots en bronze sont réduites par rapport à ce qui se fait aujourd’hui, les boiseries sont en revanche, ici aussi, particulièrement élégantes. Sans surprise, le pont du bateau est également resté dans son jus, seule la barre à roue ayant été remplacée. Le pont en teck, les balcons ou encore les bossoirs sont en parfait état, au même titre que le mât porte-radar basculant, l’une des signatures maison. Autant d’éléments laissant penser que ce modèle s’apprêtant à souffler ses trente bougies a encore de longues et belles années de navigation devant lui. Bon vent !