• Bénéteau Flyer 10
Elu European Boat of the Year 2020 dans sa catégorie, ce grand day-boat est représentatif d’une nouvelle génération d’opens habitables horsbord à la fois design, polyvalents et en adéquation avec les pratiques familiales d’aujourd’hui. Revue de détails en
Lancé en septembre dernier à l’occasion du Cannes Yachting Festival, le Flyer 10 propulse Bénéteau dans l’univers des grands opens horsbord. Le modèle est en effet le premier de la famille Flyer à franchir le cap des 10 mètres de long hors-tout. Le gap est plus important qu’on ne le croit entre le précédent Flyer 8.8 et ce Flyer 10. Son lancement a eu lieu trois mois seulement avant celui de l’amiral Antarès 11 que l’on a pu découvrir au Nautic de Paris. Chacun à leur manière, les deux nouveaux Bénéteau sont au coeur d’un marché motonautique qui, jusqu’à 12 mètres de long, ne jure que par la motorisation hors-bord. Cette tendance, on l’a vu venir des Etats-Unis où l’émergence de gros hors-bord est allée de pair avec l’augmentation de la taille des coques open et la désaffection pour le stern drive. Beaucoup de chantiers américains comme Tiara, Formula, Sea Ray se sont convertis aux hors-bord, en imaginant des plans de pont ouverts mais aptes malgré tout à la petite croisière. En France, Jeanneau leur a emboîté le pas avec le Cap Camarat 10.5. C’est au tour de Bénéteau maintenant de surfer sur le concept tout en faisant valoir sa différence.
Un mixte entre open et cabin-cruiser
Le chantier reste fidèle à l’agence française Style & Design qui est à l’origine du look ultra contemporain de toute la gamme Flyer. Il y a sans aucun doute quelque chose du Sea Ray Sundancer 320 dans le traitement du plan de pont qui fait le mixte entre open et cabincruiser. Pour autant, Bénéteau réussit à façonner un bateau à fort caractère, combinant avec talent sportivité, ergonomie et usage familial. C’est ce qui lui a permis de décrocher la couronne de l’European Boat of the Year, remise le 18 janvier dernier dans le cadre du salon de Düsseldorf.
1/ Programme
Il est loin le temps des Four Winns Vista ou des Sea Ray Sundancer des années 2000 où la nécessité de préserver un bon volume intérieur pour la petite croisière se faisait au détriment des espaces extérieurs, réduits alors à la portion congrue. Le traditionnel cabin-cruiser à l’américaine n’a aujourd’hui plus droit de cité. L’époque exige des bateaux beaucoup plus polyvalents à l’instar du Flyer 10 capable de convertir le moindre centimètre carré du pont en surface utile. Avec ses 10 mètres de longueur hors-tout, le nouveau Bénéteau veut tout faire : des sorties familiales à la journée – c’est la priorité –, du ski nautique ou du wake dans de bonnes conditions, et des croisières de plusieurs jours en logeant jusqu’à quatre passagers dans des conditions de confort plus qu’honnêtes. Sur ce point, le hard-top à armature inox en option sera à privilégier car il offre la possibilité de protéger la partie cockpit et d’éventuellement l’habiller de bâches cristal. Pour un programme encore plus croisière, le tout nouveau Bénéteau Gran Turismo 32 reprend en tout point l’agencement du Flyer 10 mais il se pare d’un hard-top profilé avec pare-brise couvrant, vitrages latéraux et... le look sportif en moins !
2/ Ergonomie
La notion est certes un peu galvaudée mais elle est la clé dans un univers aussi restreint qu’une coque de dix mètres. On perçoit nettement derrière chaque aménagement une réflexion intense du bureau d’étude et des designers de Style & Design sur l’optimisation des formes et des volumes. Cette approche surprend parfois. Il suffit d’observer la table ou la banquette de cockpit qui multiplient les angles pour comprendre que les équipes ont dû sérieusement phosphorer pour obtenir un rendu aussi original. Mais le résultat est là : le salon de cockpit est une incontestable réussite. Six personnes trouvent naturellement leur place autour de la table sans avoir à se contorsionner. Même constat pour le bloc cuisine qui vient s’adosser au poste de pilotage. Son profil travaillé évite aux passagers de buter dessus lorsqu’ils se déplacent dans le cockpit. Par la force des choses, l’évier et la plaque
de cuisson sont assez compacts, de même que le frigo en option. Sachez qu’un barbecue sur pied en option peut s’installer dans l’angle bâbord de la plate-forme de bain.
3/ Farniente
On ne va pas le nier, s’allonger confortablement au soleil reste l’une des activités favorites au mouillage comme en navigation pour ceux qui n’ont pas les com
mandes en main. Le Flyer 10 utilise son salon de cockpit pour le convertir en un immense bain de soleil. L’ajout d’un matelas sur la table abaissée à niveau et le basculement du dossier arrière créent une surface de plus de 5 m ! Les dossiers restants ont une légère inclinaison pour mieux caler les reins. Toute la plage avant est également consacrée au farniente et remonte en pente douce jusqu’à la base du pare-brise. Ici encore, la sellerie standard manque d’habillage et de mains courantes pour profiter de la surface en navigation. Un petit défaut d’ergonomie justement que l’option «Elégance» ne pallie que partiellement.
4/ Intérieur
Les concepteurs ont pris le parti de s’affranchir de la cuisine dans l’habitacle. Un choix sans risque en réalité, issu du retour des clients qui, compte tenu de la taille de bateau, ne font pas un usage forcené d’une kitchenette souvent réduite à la portion congrue. Cette absence libère l’espace à l’entrée et permet d’aménager un placard sur le flanc bâbord où l’on pourra introduire un réfrigérateur supplémentaire et pourquoi pas un four à micro ondes. Pour le reste, Bénéteau joue une partition très classique en optant pour un salon en fer à cheval convertible en double couchage. Un rideau séparateur permet d’isoler l’espace. L’habillage tout grand placage bois manque singulièrement de fantai
sie mais cela reste efficace avec une bonne hauteur sous barrots (2 m), des vitrages généreux et des rangements suspendus ou dissimulés sous le matelas. Sur tribord, la salle de bain prend ses aises et dispose d’une vraie cabine de douche. La surprise vient de la midcabin qui se glisse sous le cockpit. Le lit en 150 au raz du plancher occupe toute la largeur du bateau. Devant l’entrée fermée par une porte, un dégagement muni de puits de lumière permet de se tenir debout. Le travail d’optimisation de la surface est remarquable.
5/ Baignade
Au moment de passer à l’eau, il existe toujours des craintes sur la sécurité des bambins en raison de la proximité directe des deux hors-bord. Le problème est ici résolu par l’ajout de deux larges plates-formes qui encadrent les moteurs. Elles sont complétées par un passage intercalé entre la cuvette et le dossier de banquette et un précieux arceau de ski (proposé en option), qui rassure et sécurise tous les déplacements.
6/ Pilotage
L’ergonomie est encore à l’honneur autour du poste de pilotage conçu comme celui d’une voiture. Un écran Garmin jusqu’à 12 pouces occupe le centre de la planche de bord ponctuée de commodos inox à lumière bleue. Pilote et copilote bénéficient chacun d’un fauteuil enveloppant de bon standing tandis que deux autres passagers peuvent vivre en direct la navigation en prenant place sur la banquette bâbord. Côté équipement, des flaps à lames automatiques Zipwake sont proposés en option de même que le propulseur d’étrave qui vient épauler l’indispensable joystick de manoeuvre. Sur l’eau, le pilote profite d’une visibilité remarquable, bien à l’abri derrière un pare-brise très anglé.
7/ Performances
Dépasser ou pas les 40 noeuds en pointe ? C’est le dilemme induit par les deux versions hors-bord de 2 x 300 et 2 x 350 chevaux. Avec cette dernière configuration, nous avons atteint les 41 noeuds en pointe quand d’autres ont filé 43 noeuds, confirmés par la vitesse conservée en mémoire sur le traceur. La carène Airstep est assez ventrue du fait de l’importance des aménagements intérieurs mais cela n’altère pas les performances. On note toutefois un déjaugeage assez tardif (autour de 17 noeuds). En rythme de croisière, le Flyer 10 obtient son meilleur rendement à 4 000 tr/mn pour une vitesse de 25/26 noeuds. Les moteurs consomment alors moins de 90 l/h.