Comment payer son bateau moins cher ?
Naviguer en divers endroits du globe en louant son bateau pour en assurer le financement, telle est la promesse alléchante de la gestion location. Mais comment ces programmes fonctionnentils concrètement ? Explications.
Profiter des avantages de son bateau de plaisance en limitant au maximum les contraintes, quel plaisancier n’en a jamais rêvé ? Encore peu développés en France, bien que les choses aient tendance à évoluer, les programmes de gestion location consistent à investir dans l’achat d’un bateau confié à une société professionnelle chargée de le louer lorsque son propriétaire ne l’utilise pas. À l’heure actuelle, il faut néanmoins aimer naviguer sur deux coques pour souscrire à un programme de la sorte. Les deux grands acteurs présents sur ce marché, Moorings et Dream Yacht Charter, n’ont en effet en catalogue que des offres de catamarans. Le premier a lancé son programme de gestion locative en 1971 dans le but de développer sa flotte, et propose des catamarans à moteur depuis 2000.
Deux profils de plaisanciers
Arrivé plus récemment sur le marché, Dream Yacht Charter, leader mondial dans le secteur de la location de voiliers, développe petit à petit son offre de gestion location pour les motoristes. Mais que l’on soit chez l’un ou chez l’autre, le principe de ce financement demeure le même et concerne deux profils de plaisanciers. « On constate deux types d’approche parmi les gens qui viennent nous voir. explique Guillaume Caffin, directeur des ventes chez Moorings et Sunsail. Il y a d’un côté les locataires qui souhaitent faire baisser le budget de leurs vacances. De l’autre, des acquéreurs qui souhaitent acheter un bateau de façon moins douloureuse. » Les premiers louent régulièrement des bateaux deux à trois semaines
par an depuis plusieurs années. « Le côté structuré et la bonne lisibilité financière de la gestion location
les séduit. » Les seconds voient dans la gestion location un moyen de concrétiser leurs souhaits par le biais d’une acquisition moins onéreuse. « Afin de satisfaire tous les profils, nous avons deux types de programme, poursuit Guillaume Caffin. D’une part, le programme de gestion à revenus garantis, qui permet à un acheteur de financer un bateau dans sa totalité. » Durant toute la durée du programme, qui s’étale sur cinq ou six ans, celui-ci reçoit chaque mois des revenus locatifs fixes, permettant de financer en partie son bateau. « Ces revenus, garantis et contractuels, sont indépendants de l’activité locative réelle du bateau », précise Guillaume Caffin. Leurs niveaux s’élèvent à 9% de rentabilité annuelle sur cinq saisons aux Caraïbes et à 8% sur six saisons en Méditerranée et dans les zones exotiques.
Prise en charge des divers frais
En dehors des frais de pavillon, toutes les dépenses sont couvertes par Moorings. Le propriétaire n’a donc pas à régler les factures liées à la place de port, à l’entretien, à la maintenance ou à l’hivernage. Concernant l’usage, le propriétaire
Des niveaux de rentabilité garantis de 8 à 9 % sur cinq ou six saisons d’exploitation.
n’est pas limité à son propre bateau. Celui-ci peut ainsi chaque année passer jusqu’à douze semaines sur le sien ou sur un bateau équivalent dans la vingtaine de bases Moorings réparties à travers le monde. Sur les douze semaines, quatre ou six doivent être réservées à l’avance, le reste pouvant l’être à la dernière minute.
Système de crédit annuel de points
Bon à savoir, la flotte de bateaux est standardisée concernant les équipements et les options. Ceci facilite l’entretien et permet à l’acheteur de retrouver un bateau similaire quel que soit le port de départ. Le système d’utilisation fonctionne sur la base d’un nombre de points. Le propriétaire se voit octroyer un crédit annuel de 42 points, utilisable en haute ou basse saison (la haute saison s’étend de Noël à Pâques aux Antilles et de mi-juin à mi-septembre en Méditerranée), une journée en basse saison coûtant un point, contre deux en haute saison. En fin de programme, les propriétaires ont le choix entre prendre livraison de leur bateau, le revendre par le biais du service de brokerage de Moorings ou commencer un nouveau programme de gestion. « L’autre possibilité offerte à nos clients est d’opter pour le programme à option d’achat, qui permet à un investisseur d’acquérir le bateau à un prix réduit », ajoute Guillaume Caffin. Le financement se fait alors en fonds propres. L’acheteur doit verser 45% du prix du bateau pour pouvoir profiter de celui-ci ou d’un autre dans les mêmes conditions que dans le cadre d’un programme de gestion
à revenu garanti – à la différence notable que ce programme ne concerne pas toutes les destinations. Au terme du programme, le propriétaire peut garder le bateau en payant un solde de 20%, ou le rendre en se faisant rembourser 20% du prix d’achat. Si la société Moorings occupe aujourd’hui une position de force, les Français de Dream Yacht Charter tentent de s’immiscer sur le marché du catamaran à moteur. L’entreprise exploite aujourd’hui une vingtaine de bateaux de ce type dans le monde, situés à 70% dans les Caraïbes et 30% en Méditerranée. « Notre potentiel est très important. Avec 1 200 modèles, nous sommes la première société de location de bateaux au monde », rappelle Clément Daël, le directeur des ventes. « Nous avons 46 bases de location, l’intégration va se faire petit à petit, en accélérant sur la Méditerranée. » Avec son programme Dream Garanti, l’entre
prise propose un type de gestion calquée sur celle de Moorings, avec une utilisation limitée à 12 semaines par an, des bateaux disponibles dans différentes bases et des revenus locatifs garantis allant jusqu’à 9%. « Les gens commencent à prendre conscience qu’il s’agit d’une bonne alternative à la propriété, ajoute Clément Daël. Prenez l’exemple de notre plus grand grand modèle, le Nautitech 47 Power. Dans le cadre d’un programme Dream Garanti, avec un apport initial de 50% – soit 425 000 € pour un bateau vendu 850 000 € HT - les 5 666 € versés chaque mois couvriront la quasi totalité du coût du leasing. »
Une solution bien dans l’air du temps
A l’instar d’autres secteurs comme l’automobile, des changements de mentalité interviennent à l’heure actuelle dans le monde du nautisme. Avec des consommateurs de plus en plus attachés à la notion d’usage et de moins en moins à celle de propriété, il y a fort à parier que la gestion locative ne se cantonnera plus au catamaran dans un futur plus ou moins proche. Sur des tailles allant de 40 à 60 pieds, les nombreux acteurs ne devraient pas manquer dans les années à venir. Affaire à suivre…