Besenzoni, manufacture high-tech
Le champion de la passerelle hydraulique est devenu aussi un expert des accessoires de plaisance sophistiqués. Neptune s’est rendu dans son fief de Sarnico en Lombardie.
Passerelles hydrauliques, plates-formes immergeables, pieds de table, échelles de bain, grues télescopiques, baies vitrées, fauteuils pilote... le catalogue de la société italienne Besenzoni ressemble à un inventaire à la Prévert à consonance nautique. Cette PME familiale a grandi en même temps que l’expansion de la plaisance en Italie jusqu’à devenir l’un des leaders mondiaux de l’accessoire haut de gamme. Au milieu des années 1960, la marque Riva connaît son âge d’or. Dans son fief de Sarnico, petit village de pêcheurs au sud du lac d’Iseo, les artisans affluent pour fournir les pièces les plus sophistiquées nécessaires à la construction navale. La région abrite aussi d’autres chantiers comme Rio, fondé en 1967 par la famille Scarani. C’est dans cet environnement que Giovanni Besenzoni, chaudronnier de formation, crée son entreprise après avoir fait ses armes dans un chantier local comme fournisseur de pare-brise.
L’accessoire haut de gamme
Sa spécialité devient vite la passerelle arrière puis la plate-forme de bain avec échelle intégrée qu’il invente en 1973. C’est une vraie révolution pour l’époque. Il part démarcher les constructeurs navals de l’Adriatique plutôt que ceux de la côte ligure où les sous-traitants se livrent une concurrence farouche pour travailler avec les grands chantiers de Viareggio. Son intuition est la bonne. C’est là qu’il fait la connaissance des frères Ferretti qui commencent à se faire un nom dans le milieu de la plaisance. La petite société du lac d’Iseo prospère et gagne son bâton de maréchal en 1985 avec la mise au point des premières passerelles hydrauliques à télécommande. Dès lors, Besenzoni est un fournisseur incontournable dans le domaine de l’accessoire nautique haut de gamme dès le milieu des années 1990 avec le développement des grands chantiers italiens et européens tels qu’on les connaît aujourd’hui. La compagnie se
concentre sur tous les produits qui font appel à l’hydraulique, comme les grues télescopiques ou les fauteuils qui sont entièrement conçus sur place. Pour répondre à la demande, Besenzoni déménage en 1989 pour s’installer dans de nouveaux locaux à Paratino juste à côté de Sarnico. Le fabricant est en 1997 la première société du secteur à obtenir la certification technique ISO 9000:2001 pour son process de production. Il emporte aussi un prix prestigieux au Salon de l’équipement d’Amsterdam en 2003 avec la mini-grue « Magic ». Avant la crise, Besenzoni tourne à plein régime avec 200 employés. La société est devenue de dimension mondiale sous la houlette du fils de Giovanni qui a repris les rênes de l’entreprise. 2008 est l’année de tous les dangers pour Besenzoni
qui parvient à survivre au krach en diminuant ses effectifs à moins de 70. Douze ans plus tard, la marque familiale a retrouvé des couleurs. Le chiffre d’affaires s’élève à 15 millions d’euros et emploie 100 personnes. Besenzoni s’appuie sur trois clients principaux, à savoir Sunseeker, Ferretti et Cranchi qui représentent plus d’un quart du chiffre d’affaires. Giorgio Besenzoni a aussi réorienté le business en innovant dans le secteur du yacht. Une nouvelle ll entité ié b baptisée ié U Unica i a vu le jour voici deux ans. Il s’agit de répondre à la formidable demande des grands chantiers de yachts qui ont besoin d’accessoires customisés toujours plus sophistiqués nécessitant un vrai savoir-faire technologique parfaitement maîtrisé par les ingénieurs Besenzoni.
Un savoir-faire irremplaçable
L’entreprise imagine des tableaux arrière de yachts ultra-complexes qui sont capables de se convertir en plate-forme et d’être immergés pour la mise à l’eau des tenders. Cela vaut aussi pour les baies vitrées à ouverture à guillotine, ou des toits ouvrants nouvelle génération comme ceux qui équipent le Cranchi 78 pieds, présenté le mois dernier au salon de Düsseldorf. Sur ce terrain du méga custom,
la firme lombarde a conquis au fil des ans de nouveaux marchés, notamment en Turquie mais aussi en Chine. Une part de ses activités concerne le milieu militaire pour la fourniture de fauteuils de pilotage techniques. Besenzoni fournit aussi ceux de la passerelle des paquebots. On les retrouve à bord du géant de 323 mètres Costa Venezia, mis à l’eau en 2019. Pour autant, Besenzoni n’abandonne pas les accessoires destinés à la plaisance. La passerelle hydraulique représente encore son coeur de marché. Le produit a cependant bien
évolué au cours des dix dernières années. Avec l’avènement de la plate-forme immergeable, la passerelle hydraulique utilisée aussi pour la mise à l’eau des annexes a moins la cote. Idem pour la grue. C’est aujourd’hui la passerelle escamotable logée dans un fourreau d’acier qui rencontre un beau succès sur le segment des bateaux de dix mètres et plus.
Savoir anticiper les demandes
Pour l’avenir, Besenzoni a identifié plusieurs axes de développement. L’aluminium s’impose peu à peu comme une matière de choix pour obtenir des accessoires plus légers, qui intéressent particulièrement le secteur de la voile. De même, le système hydraulique qui équipe les passerelles devrait être bientôt mis en concurrence avec des solutions tout électriques, plus simples à mettre en oeuvre. « Encore quelques mises au point techniques à réaliser, nous confie le directeur des ventes de Besenzoni, mais la passerelle électrique, c’est pour très bientôt ! »