• Lexus LY 650
L’auto, source d’inspiration
La marque automobile Lexus a dévoilé à Miami son premier bateau réalisé en collaboration avec le chantier US Marquis et les designers Nuvolari & Lenard.
Quel curieux profil ! Quand on s’approche du Lexus LY 650, on est immédiatement frappé par cette superstructure aux lignes sculpturales et musculeuses. C’est le retour à un style tout en courbes qui avait été un peu délaissé ces dernières années par des designers adeptes de la ligne droite et des angles saillants. Lexus est un novice sur le secteur du bateau mais sa réputation n’est plus à faire dans le milieu automobile où la marque de luxe de Toyota s’est spécialisée dans les voitures haut de gamme. Transposer l’esprit d’une Lexus dans un yacht de 65 pieds, voilà le défi auquel se sont attelés les ingénieurs de la marque associés pour l’occasion au duo de designers italiens Dan Lenard & Carlo Nuvolari. Rarement un tel esprit de synthèse aura été nécessaire pour mener à bien un projet pareil. «Nousavonsmisenplace un travail de collaboration intense entre trois continents et de culture différente, confie Carlo
Nuvolari. Un vrai échange d’idées et d’influences que nous avons tâché de mettre en musique pour obtenir cette vedette à part de presque 20 m de long.» Lexus avait déjà travaillé sur un day-boat au style futuriste en 2017 en coopération avec le chantier américain Marquis situé dans le Wisconsin. La marque a renouvelé sa confiance au constructeur pour la réalisation d’une vedette à fly, projet nettement plus ambitieux. C’est assez naturellement que l’on retrouve en tant que chef d’orchestre du design, le studio vénitien Nuvolari & Lenard. Les deux compères, considérés comme les designers les plus prolifiques de ces dix dernières années, ont l’habitude de travailler avec Marquis. Aussi fallait-il dans ce cas se mettre au diapason du style et du design propres à Lexus. Tout est compliqué en réalité : les process mis en place par un géant de l’automobile contrastent avec la démarche plus artisanale et ajustable de l’industrie nautique. De même les ingénieurs et les designers Toyota n’ont pas la même approche technique et stylistique que des architectes de yachts. «Cefut une expérience vraiment fascinante, poursuit
Carlo Nuvolari. En raison du volume de production auquel Lexus est habitué, ses équipes ont un mode defonctionnementtrèsstructuré.Jepensequ’eux aussi ont dû trouver gratifiant le fait de collaborer avec des experts du secteur nautique. » Pour les designers italiens, les équipes de Toyota-Lexus travaillent sur des échelles beaucoup plus petites et sont de fait extrêmement soucieuses du moindre détail. « Ils bossent à l’échelle millimétrique tandis
que nous sommes à l’échelle métrique !» Il a donc fallu trouver un langage intermédiaire. En matière
t de conception, le plus gros challenge de Nuvolari & Lenard a consisté à identifier avec précision l’esprit Lexus. Il a fallu extrapoler un environnement confiné comme celui d’une voiture et l’adapter sur une échelle beaucoup plus grande. « Même s’il n’est pas possible de reproduire exactement à bord d’un yacht de cette dimension l’ergonomie et les sensations que l’on a dans l’habitacle d’une automobile, constate Lenard, nous nous sommes efforcés de distiller dans l’enveloppe extérieure et les volumes intérieurs l’essence et la philosophie
delamarque.» Pendant deux ans, les équipes italiennes et japonaises ont fait la navette entre les deux continents pour parvenir à une sorte de consensus sur les aménagements. Une fois cette étape validée, le chantier Marquis Yacht a été l’interlocuteur privilégié des designers italiens et du team Toyota pour définir les matériaux de la déco et des codes couleurs en tenant compte des contraintes en termes d’espace et de faisabilité. Dans l’unique but de recréer l’univers de la voiture, les designers ont tout fait pour éviter les arêtes vives ou le mobilier rectiligne à l’intérieur. Ce travail est particulièrement visible dans le traitement tout en rondeur des cabines et de la suite propriétaire. Le lit king size par exemple est installé sur une base flottante et incurvée. La tête de lit donne l’impression d’être dans un cocon qui évoque de façon lointaine l’espace protégé du cockpit de la voiture. Par la force des choses, les matériaux utilisés devaient être en accord avec un environnement marin mais faire aussi écho au look Lexus qui se veut très haut de gamme. Le choix du cuir a fait l’objet de beaucoup d’attention tout comme les éléments de porte confectionnés avec des motifs de couture élaborés. La teinte claire des selleries en cuir se combine au ton plus tranché des armoires, des vaigrages et du sol (dominante de couleur brune et taupe). Les boiseries font appel à de l’eucalyptus et du noyer laqué pour un rendu très « glossy » que certains trouveront peut-être un peu clinquant. Autour du poste de barre, les desi
gners se sont évertués à conserver l’ambiance du tableau de bord Lexus. Les commandes Volvo par exemple ont été ainsi intégrées dans un support en verre enveloppé d’un cerclage en inox. Ces petits détails ont fait l’objet d’intenses discussions entre les designers et le team Toyota. Les fauteuils pilote enfin ont été le fruit de nombreuses études préalables pour se rapprocher le plus possible de ceux que l’on peut observer à bord des berlines de la marque. Au final, que vaut le Lexus 650 ? Est-ce un simple exercice de style, à la fois sophistiqué et raffiné, ou ce type d’unité qui sera facturée un peu moins de 4,5 millions d’euros full options apporte un réel plus dans l’univers du petit yacht ? Un peu des deux à la fois sans doute. La clientèle est avant tout américaine mais il est probable que le Lexus soit bien accueilli en Europe et au Moyen-Orient, friands de ces modèles d’exception. En attendant, sachez que le Lexus LY 650 navigue plutôt bien aux dires des responsables du chantier Marquis. Equipée de 2 x 1 000 ch Volvo couplés à des pods IPS 1 350 dans sa version la plus musclée, la vedette à fly file les 33 noeuds à plein régime.