Hors-bord haute couture
Après un premier 12 mètres, le chantier de Gujan Mestras étoffe sa gamme hors-bord en lançant ce Picnic 10 Open au style épuré. Objectif : séduire une clientèle jeune et exigeante avec un prix plus doux, sans rien concéder à la légendaire fabrication tout
Rien de mieux qu’un petit tour dans la passe nord du bassin d’Arcachon pour mettre une carène à l’épreuve. Ça bouillonne dans tous les sens, les vagues se croisent et se recroisent mais le Picnic Open 10 M trace sa route en se jouant de ces obstacles mouvants. Pour les qualités marines, c’est mention très bien avec les éloges du jury ! On pouvait craindre un moment que, flanqué d’une paire de hors-bord, le très chic Picnic habitué aux robustes bimotorisations inboard diesel perde un peu de son âme de croiseur distingué. Ce n’est pas le cas.
Un savoir-faire unique en son genre
Le bateau présente beaucoup de similitudes avec les Picnic Dubourdieu originels, mais c’est un modèle plus compact, plus ramassé. Il a été spécialement étudié pour recevoir deux Mercury Verado V8 de 300 ch chacun. Avec l’Open 10 M, Dubourdieu s’adapte à son époque en s’équipant de hors-bord de nouvelle génération qu’une clientèle pare de toutes les vertus : plus sportif, plus simple à entretenir, plus facile à mettre en oeuvre. Bref, plus dans l’air du temps. Pour autant, le chantier applique son savoir-faire au modèle hors-bord avec le même sérieux. Sur ce point, pas de changement notable, : la coque recouverte de carlingue en contreplaqué marin et finition Epoxy reste de rigueur. Le travail des charpentiers de marine est unique en son genre. C’est ce qui fait la spécificité du chantier. L’assemblage en revanche est moins complexe que celui d’un modèle inboard. Le gain en nombre d’heures de travail est loin d’être négligeable, d’où un prix final forcément plus abordable qu’un grand picnic Open. Cette approche va de pair avec un plan de pont presque simplifié où l’on cherche à mettre en avant la noblesse du bois et rien d’autre. Volontairement, les membrures étaient apparentes sur le modèle numéro un, une façon de dévoiler une partie des secrets d’une construction artisanale de haute qualité. Cette absence de vaigrage peut surprendre par son côté brut et l’évasement du pavois qui augmente au fur et à mesure que l’on avance vers la proue. Elle a aussi son avantage. Dubourdieu exploite les
vides entre les membrures pour y glisser des pare-battages plats. Astucieux et fonctionnel à souhait. Les aménagements sont rigoureusement centrés afin de dégager de larges passavants et rendre les déplacements aisés. Le cockpit s’offre un bain de soleil arrière ainsi qu’un carré pour 4 à 6 personnes avec bancs en teck en vis-à-vis, efficaces mais au confort un peu spartiate. Un bloc cuisine s’appuie sur le dos de la banquette pilote. Pas de plancha à bord (le client ne le souhaitait pas) mais de nombreux rangements accessibles pour abriter la vaisselle et le petit matériel indispensable. Le pilote s’installe face à une console en teck naturel aux lignes cunéiformes qui ne sont
pas sans rappeler le style Bertone des années 70. Les instruments sont réduits au strict nécessaire. Dans cet environnement minimaliste, il faudra se contenter d’un écran multifonctions de taille réduite, mais qu’importe. Le client pourra choisir entre le joystick en option ou/et le propulseur d’étrave au titre d’aide à la manoeuvre. Beaucoup apprécieront le très orignal hard-top en teck lamellé collé et dalles de plexi fumé de 10 mm d’épaisseur. L’open bénéfice aussi d’une petite cabine d’appoint avec toilettes. Impossible enfin de ne pas évoquer la lisse en teck birman et le pont de même nature (15 mm d’épaisseur), taillé directement par les menuisiers du chantier. Sur l’eau, nous l’avons dit, le Dubourdieu est un régal pour le pilote. La direction hydro électrique fait le job. Après quelques tests, les V8 ont troqué leurs hélices Mirage 3 pales contre des Revolution 4 pales. Le bateau a gagné en accroche dans les virages et génère moins de vibrations. L’option sortie d’échappement « Sport exhaust » du V8 ajoute un ton rauque aux moteurs. Prohibé par les autorités, en principe, mais c’est juste pour le fun !