Questions à
Antoine Peillon, auteur de « Ces 600 milliards qui manquent à la France » « Il n’y aucune volonté politique sérieuse de lutter contre l’évasion fiscale »
Antoine Peillon est grand reporter à La Croix, spécialiste des circuits financiers occultes. Il a notamment publié, en , un ouvrage intitulé « Ces milliards qui manquent à la France ».
L’objet de cette enquête ? L’évasion fiscale industrielle organisée par la banque UBS en France dans les années , estimée à plus de milliards d’euros. Cette enquête s’appuyait sur de nombreuses sources au sein de la banque et des informations émanant d’officiers du renseignement.
Notamment sur ce qui se passait à Cannes… Dans le cadre des affaires spéciales, un auditeur interne de la banque avait découvert-là des choses qui, audelà, de l’évasion fiscale, relavaient du blanchiment, de la criminalité organisée, voire du financement du terrorisme. C’est d’ailleurs au travers de ce travail que cet auditeur d’UBS avait fini par découvrir les dossiers d’évasion fiscale. C’est alors que la direction suisse de la banque a commencé à lui mettre des bâtons dans les roues. Ainsi qu’au président français de la banque à l’époque.
Trop sensible ? Si on l’a bloqué c’est parce que l’évasion fiscale touchait à des dossiers très sensibles politiquement, dont le dossier Bettancourt.
Y a-t-il une réelle volonté de lutter contre ce fléau ? Il n’y a aucune volonté politique, sérieuse, de s’attaquer à la grande évasion fiscale, celle qui concerne les personnalités les plus importantes et les plus riches. Parce que tous les politiques dépendent de ces mêmes sources de financement.
Depuis , rien n’a changé ? Rien ! Si ce n’est ce petit spectacle mis en scène du retour à Bercy de quelques petits dossiers dont le volume global est d’environ milliards, alors qu’on est sur des flux annuels de l’ordre de milliards d’euros d’argent évadé par an.
De quoi changer la donne économique ? Il y a unanimité des économistes pour dire que l’évasion fiscale est un facteur très lourd, voire le facteur principal de la pauvreté des États. La conséquence de ces milliards d’euros d’argent évadé chaque année, c’est à peu près la moitié du budget de l’Éducation Nationale qui ne rentre pas dans les caisses du fisc.