Eric Ciotti pour une réforme « profonde » de la justice
« Le système est à bout de souffle », plaide le député azuréen et président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, qui propose de construire 20000 places de prison supplémentaires
Député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti est le « Monsieur sécurité » des Républicains. Pourquoi ne pas avoir voté jeudi soir le budget sécurité du gouvernement ? Il n’est pas à la hauteur des défis à relever. En pleine crise migratoire et face à une menace terroriste très élevée, il augmente de , %. Il aurait fallu le relever a minima de %. La colère monte chez les policiers et les gendarmes, qui travaillent dans des conditions épouvantables.
Ils ont été entendus, puisque le gouvernement annonce créations de postes… C’est un cautère sur une jambe de bois, alors que le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve décide de réinstaller le contrôle aux frontières. Nous avons besoin de moyens autrement plus conséquents. Le gouvernement Sarkozy avait diminué le nombre de policiers… Ce fut une erreur. Je l’ai souligné à plusieurs reprises. En revanche, il ne faut pas regarder uniquement les effectifs. Sous Sarkozy, un système « d’optimisation opérationnelle » permettait de démultiplier le nombre de policiers sur le terrain, grâce au paiement d’heures supplémentaires que les socialistes ont supprimé.
Que demandent Les Républicains ? Nous voulons que les policiers retournent à leurs missions premières – le maintien de l’ordre, le renseignement et l’investigation – qu’ils soient déchargés des tâches dites indues (gardes statiques…) Nous souhaitons une réforme en profondeur de la justice. Le système est à bout de souffle, avec peines de prison en attente d’exécution, une surpopulation carcérale, un déficit de moyens et le recours automatique aux aménagements de peine.
Le précédent gouvernement a favorisé ces aménagements… Ce fut l’oeuvre d’une loi de que je n’ai pas votée. Lors de son examen, je l’avais critiquée avec force. Nicolas Sarkozy lui-même a reconnu que c’était une erreur. Pour exécuter les peines, il faut construire places supplémentaires de prison.
Vous militez pour un retour aux peines planchers… C’est un bon moyen de lutter contre la récidive. On demande également un recours plus systématique à des peines d’interdiction du territoire pour les délinquants étrangers. En d’autres termes, un étranger ayant commis un délit ou un crime n’a pas vocation à rester en France. Je vais déposer une proposition de loi en ce sens.
Prônez-vous, comme Christian Estrosi, un grand ministère Justice-Intérieur ? Nous ne sommes pas allés jusque-là lors de notre convention sur la sécurité. J’y suis plutôt favorable mais c’est un autre système de fonctionnement.
Pour François Fillon, c’est une « ligne rouge qu’aucun républicain ne peut franchir »... Je ne suis pas d’accord et j’ai eu l’occasion, cette semaine, de m’en expliquer avec lui. Je ne vois pas où est la difficulté.
Où en sont vos relations ? Je suis toujours très proche de lui, mais pas sur ce point-là.
Mettre l’accent sur la sécurité, n’est-ce pas apporter de l’eau au moulin du FN ? Je ne me résoudrai jamais à laisser traiter ces questions par le Front national. Je me bats sur ces sujets depuis que je suis parlementaire. En attente d’autorité, les Français veulent que les lois soient respectées.