Supporters insupportés
FOOTBALL LIGUE 1 / OLYMPIQUE DE MARSEILLE - OGC NICE, DEMAIN À 17 HEURES Après Bastia, Saint-Etienne et Ajaccio, les passionnés du Gym sont une nouvelle fois touchés par une interdiction de déplacement à Marseille. La colère monte.
Quatre interdictions sur six déplacements, ça commence à faire beaucoup. Si leur équipe ressent un petit coup de pompe physique, les supporters niçois commencent à accuser le coup moralement. Après Bastia, Saint-Etienne et Ajaccio, ils seront privés de voyage à Marseille dimanche. « C’est un manque de respect pour notre public, s’était déjà indigné le président Jean-Pierre Rivère, lundi, juste après avoir pris connaissance de l’arrêté préfectoral. On ne réfléchit même plus à des solutions, on se contente de sanctionner systématiquement et aveuglement. Nous avons un peu de mal à comprendre sur quoi se fonde cette sanction, et surtout ce qu’elle augure pour la suite. » Et le club niçois ne s’est pas contenté de commenter. Mercredi, des représentants de différents groupes de supporters ont été conviés au siège du club. Pour échanger et surtout tenter d’ouvrir le dialogue avec des autorités qui abusent d’« une solution de facilité restrictive des libertés du citoyen, selon Greg Massabo, membre actif de la Populaire Sud. Parce qu’on englobe tous les supporters avec ces arrêtés, pas seulement les ultras. Des pères de famille sont concernés alors que ça fait quelques années qu’on est considéré comme des voyous ! Ça commence à être pesant. Puisqu’il est supporter de l’OGC Nice, même le maire de la Ville ne peut pas se déplacer au Vélodrome, dimanche. C’est grave! » Solange en témoigne, des femmes ont aussi le Gym dans la peau. Et elles aussi sont stigmatisées par ces interdictions pures et simples. « Je suis abasourdie, clame la représentante du Club des Supporters. On se déplace en famille dans notre groupe. Les hommes se déplaçaient seuls avant, mais aujourd’hui, ils emmènent leurs enfants, et même leur femme ! Le match, ça dure deux-trois heures dans la journée. Les déplacements nous permettent alors de visiter des villes, d’échanger et même de manger avec les supporters adverses parfois, comme à Lille. C’est une passion qui nous offre de bons moments. » L’injustice relève de l’incompréhension et du manque de dialogue avec les autorités compétentes. « Un encadrement spécifique pourrait être mis en place au lieu de seulement réprimer, argumente Greg Massabo. On pourrait comprendre que voir 500 véhicules personnels débarquer à Marseille poserait un problème d’organisation et de sécurité. Mais pourquoi ne pas préconiser un déplacement uniquement en train ou en bus. Même s’il fallait le limiter à 500 personnes avec carte d’identité obligatoire, on était prêt à le faire. » Alors que le déplacement au Vélodrome avait été autorisé la saison dernière, la Préfecture des AlpesMaritimes a préféré imposer sa décision cette année. Quitte à «attiser la haine ou à créer des rébellions » pour Solange. Ce qui pourrait engager un danger bien plus sérieux selon les représentants de la Populaire Sud. «Eninterdisant les déplacements encadrés, on prend le risque de radicaliser une frange du public qui, elle, se déplacerait par ses propres moyens et créerait potentiellement des incidents. » Et à quelques mois d’un Euro en France, les interrogations, justifiées, fleurissent : « Si l’arrêté considère “que la mobilisation des forces de sécurité, même en nombre très important, n’est pas suffisante pour assurer la sécurité des personnes et notamment celle des supporters eux-mêmes” pour 500 personnes, comment ils vont gérer les milliers de Croates, de Turcs ou de Polonais qui vont débarquer ? » « Jusqu’où va-t-on aller, interroge Solange. On va mettre des supporters en carton dans les tribunes et la sono à fond pour faire croire qu’il y a de l’ambiance ? » Le plus inquiétant, c’est que cette répression massive n’est pas répercutée dans le reste de l’Europe. Suffirait parfois de regarder ce qu’il se fait chez le voisin... « En Allemagne, Stuttgart va à Munich avec 5000 supporters. Il y a une réelle volonté de faire vivre les stades là-bas. Parce que le supporter fait partie du spectacle, rappelle Greg Massabo. En France et en 2015, on vide le parcage visiteur et les stades sont à moitié pleins... On ne peut pas dire qu’il y a beaucoup de vie. » Quand on critique le manque d’intérêt et de spectacularité de la Ligue 1, voilà un point qui mériterait d’être étudié par les instances dirigeantes comme les présidents se penchent sur le marché des transferts.
Un encadrement spécifique pourait être mis en place” Comment vont-ils gérer les milliers de Turcs ou de Croates à l’Euro ?”