Nice-Matin (Cannes)

Les combats des années 

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Plus question de paroles. Voici des actes. Coluche se bat pour le faire grandir et lui donner quelque chance de réussite. Rappelons que, Touche pas à mon pote ne faisait pas plaisir à tout le monde. Même Pierre Desproges s’en méfie. «Je soutiendra­i ce mouvement le jour où il mettra un “s” à racisme», clame l’humoriste… 25 septembre 1985. Coluche se lance dans un nouveau défi et apporte sa voix au combat des homosexuel­s pour plus de reconnaiss­ance. C’est le mariage d’Yves Mourousi avec la belle Véronique (décédée à 31 ans, en 1992) qui a mis le feu aux poudres. Pour le microcosme parisien, Mourousi est dans le déni. Thierry Le Luron – qui lui non plus n’a jamais assumé cette part de sa personnali­té – se moque de cette union «bidon» .Il lance, cruel : «Ils ont choisi de se marier dans les arènes de Nîmes. Un bon choix! Il n’y a pas que le taureau qui aura des cornes ». Coluche y voit sans doute l’occasion de faire évoluer la société et organise un grand mariage avec Thierry Le Luron. L’événement est repris par toute la presse et les télés. On y croise Carlos habillé en bébé et Eddie Barclay en demoiselle d’honneur. La cause pour le mariage gay a-t-elle évolué ce jour-là? Nul ne le sait.

La parodie d’un mariage bidon”

Donner à manger et à boire

Coluche est particuliè­rement bien inspiré en ce mois de septembre 85. Peut-être inspiré par sa «nuit de noces», certaineme­nt

‘‘ poussé par un chômage qui pour la première fois, en 1984, dépasse les 10 % de la population active, le 26 septembre donc, il lance «une idée», comme ça. «Et si on offrait à tous ceux qui en ont besoin à manger et à boire?». Rien de plus. Rien de moins. Mais c’est une aventure humaine et sociétale considérab­le qui est ainsi mise en oeuvre. Aussitôt sorti du studio d’Europe 1, Coluche s’active. Il contacte ses amis. Ses ennemis aussi. Les hommes politiques de droite comme de gauche l’écoutent et l’entendent. Pierre Mauroy à Lille. Jacques ChabanDelm­as à Bordeaux. Très vite, le premier Restaurant du coeur ouvre ses portes. Coluche lui-même porte les sacs de pommes de terre et distribue les repas aux bénéficiai­res aux côtés des bénévoles. Le mouvement est lancé. Il demande à Jean-Jacques Goldman de lui écrire un tube pour alimenter les caisses de l’associatio­n. Là encore, il fait appel à ses amis. Ils sont cinq autour de lui à enregistre­r le tube des Restos : Jean-Jacques Goldman bien sûr (l’auteur), Yves Montand, Nathalie Baye, Michel Platini et Michel Drucker. «Ceux qui ne viennent pas sont des enfoirés», assure alors Coluche. En 1988, Véronique Colucci sollicite Jean-Jacques Goldman qui répond immédiatem­ent présent. Un concert est monté l’année suivante par J.-J. G. avec Michael Jones, Michel Sardou, Eddy Mitchell, Véronique Sanson et Johnny Hallyday. En 1992, d’autres Enfoirés viendront grossir la troupe : Renaud, Patrick Sébastien, Francis Cabrel, Maryse Gildas, Patricia Kaas, Smaïn, Muriel Robin… La suite, on la connaît. Grâce à Coluche, chaque année, en France, des millions de personnes trouvent «un peu de pain et de chaleur, dans les Restos du coeur».

Ceux qui ne viennent pas sont des Enfoirés”

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