Il y aura bien une primaire de gauche
Fait inédit dans la Ve République pour un président sortant: François Hollande passera, selon toute vraisemblance, par une primaire s’il veut se représenter en 2017, après la décision du Conseil national du PS d’organiser une telle consultation. À moins d’un an de la présidentielle, le parlement des socialistes a en effet approuvé hier «à l’unanimité» une résolution affirmant que, «faute de soutien des Verts et du PCF à une primaire de toute la gauche, le Parti socialiste décide d’organiser une primaire ouverte aux acteurs de la Belle Alliance populaire et [à] tous ceux qui soutiendraient la démarche».
«Hollande a hâte d’expliquer qu’il a réussi»
Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, avait mis fin vendredi soir à un long suspens, en annonçant son intention de proposer au Conseil national l’organisation de cette primaire ouverte à tous les citoyens, mais resserrée sur le périmètre politique de la Belle Alliance populaire (PS, PRG, écologistes pro-gouvernement). Il a redit hier qu’il «souhaitait» la participation du président de la République. Et d’ajouter: «Je crois qu’ [il] a hâte d’expliquer quels ont été ses choix [...] et de souligner devant l’ensemble des Français comment il a réussi et comment les résultats, que ce soit de la croissance ou de l’emploi, sont bons aujourd’hui et comment tous les indicateurs sont au vert.» Sans surprise (on imagine bien que Jean-Christophe Cambadélis n’a pas pris cette décision sans l’aval de François Hollande), cette décision ne trouble pas outre mesure le chef de l’État: «Si je ne suis pas en mesure de remporter la primaire, comment pourrais-je espérer remporter la présidentielle?» ,aurait-il Selon l’ex-ministre Benoît Hamon, cette décision est la preuve qu’il n’y a « plus de candidat naturel » du PS pour .
(Photo d’archives Franz Chavaroche)
confié à des visiteurs. Du reste, le calendrier proposé apparaît taillé sur mesure pour le président de la République, qui doit annoncer en décembre sa décision sur une éventuelle candidature pour un second mandat : le texte propose d’organiser ces «primaires de l’unité les 22 et 29 janvier». La date d’ouverture des candidatures est fixée au 1er décembre, la clôture au 15 décembre.
« Le dernier clou sur le cercueil »
Mais si certains y voient une primaire de «relégitimation», d’autres, y voyant un aveu de faiblesse, ont aussitôt tenté de s’engouffrer dans la brèche. Aux yeux du député et ancien ministre Benoît Hamon (qui fait partie de l’aile gauche du PS), l’organisation de cette primaire est ainsi la preuve qu’il n’y a «plus de candidat naturel» du PS à la présidentielle. Un sentiment partagé
dans l’opposition: «C’est un peu le dernier clou sur le cercueil électoral du Parti socialiste que d’imposer à un sortant [...] de passer par une primaire», a ironisé Thierry Solère (LR), président du comité d’organisation de la primaire de droite. Dans le camp des partisans de la primaire, les réactions étaient contrastées hier. Chef de file des frondeurs, Christian Paul a jugé «acceptable» le texte adopté. Porte-parole de l’ancien ministre de l’Economie Arnaud Montebourg, François Kalfon aurait de son côté souhaité voir écrit que les modalités 2017 seraient les mêmes que celles de 2011. Il n’a eu que partiellement gain de cause, la direction du PS ajoutant au texte initial une phrase selon laquelle «les modalités de vote et de débat», qui ne seront fixées définitivement que le 2 octobre, «s’inspireront des primaires citoyennes de 2011».