Parc d’attractions : légende ou réalité ?
Selon ses promoteurs, des étrangers seraient prêts à investir sur la Côte d’Azur, près de Cannes, pour créer un immense parc d’attractions de 35 à 50 hectares. Enquête sur un drôle de dossier
On connaissait Le Bureau des légendes ,la série de Canal +. Voici désormais « La Cité des légendes»: un parc d’attractions sur le thème du cinéma, qui verrait le jour sur la Côte d’Azur. C’est un post Facebook du patron du médiatique restaurant «en 4D» (on y mange en immersion à 360 degrés dans des univers virtuels) Studio 887 (Trans-en-Provence, Var) qui a mis la puce à l’oreille de notre rédaction. Le bouillonnant Olivier Pupin, connu pour sa grande créativité, indiquait avoir été contacté pour concevoir l’imaginaire de ce futur parc, qui serait créé dans la région de Cannes. L’info a été relayée sur nos sites Internet. Financé par des fonds étrangers, il s’étendrait sur 35 à 50 hectares, avec attractions, hôtels, restaurants, studios de cinéma. Soit plus du double de Ok Corral, à Cuges-lesPins, dans les Bouches-duRhône. Et même plus grand que l’ensemble du complexe Marineland d’Antibes. Bigre !
Une association derrière le parc
Contacté, Olivier Pupin, au sérieux reconnu et qui fut artiste chez Disney, a confirmé les mots tenus sur Facebook, mais s’est refusé à en dire plus, avouant d’ailleurs avoir peu d’éléments de la part des promoteurs.
«Ils m’ont simplement demandé d’assurer la partie artistique, l’imaginaire du parc, et m’ont donné carte blanche.»
Quel grand groupe international serait donc intéressé ? Notre enquête nous a menés vers… une association de Peymeinade. Il
s’agit de « Côte d’Azur développement de l’univers des légendes » (Cadul) qui promeut cette fameuse « Cité des légendes ». Créée en mars 2016, en sous-préfecture de Grasse, elle a pignon sur Internet. Selon son site, le parc d’attractions entend « apporter joie et plaisir dans un futur proche. » La structure est présidée par Albert Wolff, qui explique travailler dans le « transport événementiel » et habiter Le Tignet. Elle compte notamment comme viceprésidents un ancien souspréfet de Grasse, Claude Serra, et Evelyne Colle, « madame cinéma » de la chambre de commerce et d’industrie Nice Côte d’Azur. Certains de ses membres auraient tenté d’avoir un rendez-vous en mairie de Cannes. Quand nous appelons les uns et les autres, panique à bord. « D’où sortez-vous une telle information ? Cannes ? Pas du tout. Nous n’avons rien à voir làdedans. Vous savez, des projets, il y en a beaucoup sur la Côte d’Azur », affirme Evelyne Colle. Idem du côté du président, qui indique que l’artiste contacté n’a rien à voir là-dedans. Circulez, y’a rien à voir, tout ceci n’est que légende. Roulez jeunesse !
Des investisseurs chinois ?
Pourtant, à ce stade, le projet prévoit de très nombreuses animations et infrastructures (lire ci-dessous). Confrontés à nos éléments d’enquête, ses promoteurs finissent par rétropédaler et à admettre que c’est bien de la « Cité des légendes » dont on parle. « Nous avons rencontré deux-trois personnes en mairie de Cannes pour le présenter », reconnaît Evelyne Colle. En mairie de Cannes, on prend ses distances. «Ces personnes ont été reçues par un fonctionnaire municipal, comme nous le faisons avec tous ceux qui ont des idées. Le maire ou son cabinet n’en avaient d’ailleurs pas connaissance. La mairie ne dispose pas d’une telle emprise foncière, et cela ne correspond absolument à rien dans les projets municipaux.» Selon nos informations, les responsables du projet se seraient targués auprès de différents interlocuteurs de disposer du soutien d’investisseurs chinois. Nous n’en saurons pas plus. Beaucoup d’incertitudes donc. Sur le Facebook de Nice-Matin, de nombreux internautes se félicitaient déjà de la naissance de ce parc à thèmes. D’autres restent plus prudents. La Côte d’Azur a encore en tête le traumatisme de Zygofolis à Nice dans les années 80 (lire ci-dessous). Hier soir, l’artiste-restaurateur de Trans-en-Provence, Olivier Pupin, annonçait se retirer de ce dossier. Le parc verra-t-il le jour ? Ne lui reste plus qu’à construire sa propre légende…