« Merci Nice ! » : l’incroyable message d’espoir
Nicolas Leslie, 20 ans, américain. Rickard Kruusberg, 21 ans, Estonien. Misha Bazelevsky, 22 ans, Ukrainien. Le point commun entre ces jeunes garçons ? Ils participaient à Nice, dans les jours précédents l’attentat, à « l’Académie d’innovation européenne ». Soit 370 jeunes réunis durant trois semaines dans la capitale azuréenne. Tous issus des rangs des plus grandes universités internationales. Parmi eux, 85 étudiants de la prestigieuse Berkeley, en Californie. Au programme : des cours délivrés par des pointures de la Silicon Valley et, au bout du stage, la possibilité de rencontrer, à Nice, des investisseurs venus de Californie et d’ailleurs. Hélas, Nicolas, Rickard, Misha ne reviendront pas de leur séjour niçois. Ils ont succombé sous les roues du camion. « Ils étaient heureux. Ils ont aimé chaque instant ici à Nice. C’est une tragédie. Ce sont ceux qui aimaient le plus cet endroit qui ont été touchés », témoigne Ken Singer, directeur du programme pour Berkeley. Il gérait le groupe d’étudiants rassemblés à l’université à SaintJean-d’Angely. « J’étais dans mon appartement. Très vite j’ai reçu des textos des uns et des autres. »
C’est Félix Kudelka, PDG d’une start-up niçoise, SynchroNext, qu’il appellera vers 2 heures du matin. « Ken avait besoin que
je l’aide à aller à l’hôpital, témoigne Félix Kudelka, à passer des coups de fil, effectuer les démarches en français. »
« Les Niçois sont incroyables »
Les étudiants se mobiliseront totalement pour retrouver leurs camarades portés disparus durant plus de trois jours. Sollicitant Nice-Matin pour les recherches, ainsi que d’autres médias, relayant sans relâche l’appel sur les réseaux sociaux. Hélas, les trois étudiants ont perdu la vie, plusieurs ont été blessés. Mais Ken Singer préfère retenir la formidable mobilisation des Niçois. « C’est l’un des moments les plus difficiles de ma vie. Mais l’histoire, la vraie, c’est que les Niçois sont incroyables ! Ils ont abrité nos étudiants toute la nuit, certains d’entre eux étaient terrorisés. Ils leur ont donné un toit, à manger, permis d’appeler leurs proches à l’étranger, les ont conduits à l’hôpital. Et tout cela sans questions, sans rien en retour. C’est magnifique. Cette histoire a mis en avant des choses affreuses, mais aussi projeté une lumière sur des gestes d’une gentillesse inouïe. Les docteurs, les infirmières, tout le monde a été formidable. C’est une incroyable leçon d’humanité. » Thomas Ferry, un Nantais de 20 ans, étudiant à Berkeley, veut lui aussi saluer cet élan de solidarité. « Cela peut paraître bizarre, mais dans les minutes suivant l’attentat, j’ai ressenti comme une sorte de sentiment de sécurité. Les autorités sont arrivées très vite et les Niçois nous ont immédiatement entourés. »
« Nice, la célébration de la vie »
John Josi, 21 ans, Californien, témoigne avec une étonnante maturité pour son âge. Il a entendu les tirs, puis été pris dans le mouvement de foule. Lui aussi a été accueilli par des Niçois, chez eux. « Je ne les connaissais pas, ils ne parlaient pas beaucoup anglais et je ne parle pas un mot de français, sourit-il. Outre le groupe avec lequel je suis venu, qui a été formidablement soudé, je me souviendrai toujours de leur accueil. » Il se remémore une population à l’écoute. Comme si à la plus profonde des humanités répondait à la plus mortifère des barbaries. « Cet amour enlevait un peu à la tragédie. Je ne pourrai jamais associer Nice à la tristesse et à la douleur. Mais plus à la célébration de la vie. » Ken Singer, lui, envisage déjà de revenir à Nice. « Nous n’en voulons évidemment pas à cette ville, nous n’y associons pas des images de douleur. J’espère même sincèrement que certains de mes étudiants bâtiront leur propre entreprise ici. »