Turkish Airlines: le coup de colère après le rapport
Une erreur de pilotage. Voilà ce qui ressort de l’enquête sur le survol de Nice, à très basse altitude, par un Boeing 737. Des conclusions sans surprise qui exaspèrent les riverains
Selon le rapport d’enquête sur le survol à basse altitude de Nice, le 27 août dernier par le vol TK1815 de la Turkish Airlines, l’équipage n’a pas suivi la trajectoire initialement prévue pour un atterrissage. Voici donc l’erreur de pilotage confirmée. « Dès constatation de l’écart de trajectoire, l’équipage a procédé à une remise des gaz, ce qui est conforme aux procédures applicables », indique le rapport. Menée par la Direction de la sécurité de l’aviation civile (DSAC) en coordination avec la Direction des services de navigation aérienne (DSNA), l’enquête rendue publique, hier, s’est appuyée « sur les données enregistrées par les systèmes de communication et de surveillance de la navigation aérienne ». Les conclusions ont été remises mercredi dernier au directeur de la sécurité l’aviation civile (DSAC).
« Ce rapport enfonce une porte ouverte »
Une erreur de pilotage donc. À dire vrai, pas grand-chose de neuf sous le soleil. Quid des enregistrements des conversations dans le cockpit ? Le rapport n’en fait pas état, et rien ne dit que les enquêteurs y aient eu accès. Quid de la raison qui a provoqué cette erreur ? Là encore silence radio. Ces conclusions ont le don d’agacer le président de l’association de sauvegarde des sites du Mont-Boron, MontAlban, Cap-de-Nice. D’autant que Claude Benitah sait de quoi il parle. Il a été commandant de bord-instructeur du Glam, le Groupe de liaisons aériennes ministérielles. Cet ancien militaire a piloté plusieurs présidents de la République. « Ce rapport enfonce une porte ouverte », proteste Claude Benitah (lire par ailleurs). Dans leurs conclusions, les enquêteurs indiquent que l’équipage du vol THY9GQ n’a pas suivi la trajectoire initialement prévue mais «a appliqué, conformément et sans délai, les instructions des services du contrôle aérien, la procédure de remise immédiate des gaz ayant permis d’écarter tout risque d’accident à l’atterrissage ». Ce qui semble être la moindre des choses. Fait surprenant, les enquêteurs précisent que l’altitude de survol la plus basse constatée sur l’agglomération est de 180 mètres, selon l’enquête, et non de 130 mètres. Cette dernière altitude avait pourtant été confirmée par la Direction générale de l’aviation civile, trois jours après l’incident. Mais, comme l’explique Claude Benitah, ceci ne change rien « et cherche même à entretenir la confusion », car cette altitude, calculée par rapport à la mer ne tient pas compte du relief comme le mont Boron. Et à plus de 80 mètres/seconde, l’impact avec le sol se joue à un peu plus de deux secondes seulement...
La Turkish Airlines sanctionnée
À la lumière des éléments du rapport d’enquête, la DSAC indique qu’elle va mettre en oeuvre une procédure d’infraction à l’encontre de Turkish Airlines pour « nonrespect des règles de l’air » et notamment des dispositions applicables localement. Par ailleurs, la DSAC a annoncé qu’elle dressait hier un procès-verbal de manquement aux règles environnementales, permettant à l’autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (ACNUSA) d’instruire la procédure prévue par le code de Transports. Enfin, le directeur de la DSAC demande que les services de la navigation aérienne procèdent à un retour d’expérience sur cet événement afin que, dans un cas similaire, le survol de la ville de Nice soit « significativement réduit ». On n’en attendait pas moins. Mais est-ce suffisant ?