Nice-Matin (Cannes)

Balles au centre

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Par DENIS JEAMBAR Nul n’imaginait ce duel présidenti­el il y a encore quelques semaines : une bataille pour incarner le centre et en porter les couleurs entre droite et gauche dans l’élection de . Certes, on savait François Bayrou en embuscade. Soutien loyal d’Alain Juppé, avec lequel il a passé un accord pour reconstitu­er un puissant parti centriste s’il gagne la course élyséenne, le président du Modem garde une seconde carte dans son jeu. Si le maire de Bordeaux est défait en novembre par Nicolas Sarkozy dans la primaire des Républicai­ns, il se portera aussitôt candidat. Il s’y prépare car il n’est pas sûr de la victoire de l’ancien Premier ministre. Ainsi travaille-t-il à un projet qui fera l’objet d’un livre qu’il ne publiera qu’une fois le match de la primaire de droite terminé. Patatras, ce plan bien huilé est, aujourd’hui, mis à mal par la démission du gouverneme­nt d’Emmanuel Macron et l’entrée en campagne électorale de l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande. Le danger est d’autant plus sérieux que ce coup d’éclat est salué par de bons sondages. Car c’est bel et bien sur les terres du centre que Macron veut chasser. Déjà la « macronmani­a » frappe des centristes historique­s. Jean-Christophe Lagarde, le président de l’UDI, la formation de centre-droit fondée en  par JeanLouis Borloo, lui tend la main tout comme Laurent Hénard, le président du Parti radical valoisien, l’une des cinq formations qui composent la nébuleuse UDI. Sont-ils sincères ? Ce n’est pas sûr. Peut-être cherchent-ils tout simplement à montrer que la droite aura besoin d’eux dans la présidenti­elle et qu’on ne peut les traiter comme des partenaire­s de seconde zone. Bref, ils font monter les enchères. Grosse ficelle qui non seulement ne passe pas très bien dans leurs troupes mais fait aussi sortir François Bayrou de ses gongs. Et pour cause, Macron vient le chercher sur son terrain et lui aurait même suggéré lors d’un déjeuner estival, avant même sa démission, de se ranger derrière lui. Pour François Bayrou, le temps des nouveaux ralliement­s est terminé.  sera sa dernière présidenti­elle. Ce sera tout pour Juppé, s’il gagne la primaire, avec de gros dividendes pour les centristes. Si le maire de Bordeaux est défait, pas question de laisser la place à Macron. Les petites phrases du coup volent bas. « Macron, une bulle de savon, des résultats absents, voire calamiteux. Derrière l’hologramme, des réseaux très influents mais des idées : zéro ! » Retour macronien virulent : « Bayrou, le clapotis de la décadence. » Nul doute que les deux hommes n’en resteront pas là car, de fait, ils se disputent le même pré carré. Le match commence. Balles au centre !

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