Esthétique
Dans le cadre du congrès FA.C.E.2f@ce qui se déroule aujourd’hui à Cannes, focus sur les limites de la médecine et de la chirurgie esthétiques
Lorsque, sous les mains expertes d’un spécialiste de l’esthétique, le visage, vieillissant, parvient à (presque) retrouver sa jeunesse d’antan, souvent, c’est le cou, coquin, qui trahit le secret, laissant entrevoir les empreintes des années. « Certaines régions du visage sont très difficiles à appréhender : c’est le cas du cou, mais aussi des lèvres et des cernes; sur ces zones, la médecine esthétique ne fonctionne pas très bien », reconnaît le Dr Frédéric Braccini, chirurgien de la face et du cou à Nice et organisateur du congrès FA.C.E.2f@ce (lire ci-contre). Et il en explique les motifs. « Contrairement aux autres zones du visage, le vieillissement du cou apparaît assez brutalement après 45 ans, développe le spécialiste de l’esthétique. Et surtout, il comprend trois composantes : musculaire, cutanée et graisseuse. D’où cet aspect froissé, parfois associé à l’apparition d’un double menton et de lignes verticales. Les traitements esthétiques doivent prendre en considération ces trois paramètres, ce qui accroît la difficulté. »
Bien informer
En cas de vieillissement à prédominance musculaire, c’est l’utilisation du célèbre Botox qui est privilégiée « afin de détendre les muscles du cou. Ce traitement, sans produire d’effets miraculeux, permet de différer la solution chirurgicale. » Par contre, cette issue serait incontournable en cas de bajoues. « Les fils tenseurs ne donnant pas de très bons résultats, on est obligé d’avoir recours au lifting. » Autre solution, destinée à traiter la composante graisseuse, la liposuccion. « Mais, il est rare qu’elle soit utilisée de façon isolée. On combine généralement liposuccion et lifting… » Des traitements invasifs, pour des résultats qui peuvent être jugés insuffisants. Aussi les spécialistes y recourent avec prudence, en dépit d’une demande très forte de la part des femmes. « Informer les patientes pour éviter des désillusions est une nécessité absolue. » Deux autres zones du visage continuent de défier l’expertise des professionnels de l’esthétique : la lèvre supérieure et les cernes.
Plutôt redessiner la bouche qu’effacer les rides
« Elles sont difficiles à combler par de l’acide hyaluronique, admet le Dr Braccini. Dans le cas des cernes, il existe en effet un risque d’apparition d’amas, difficilement prévisible, susceptibles d’aggraver le regard. » Pour prévenir de tels « incidents », le mot d’ordre est : « peu d’acide hyaluronique, peu réticulé, et le recours à des techniques d’injection très prudentes. » Quant au traitement anti-âge de la lèvre supérieure, on peut régulièrement en croiser les échecs. C’est la célèbre bouche déformée « en bec de canard ». Pourquoi ces « échecs » ? « Dans cette zone, il y a peu de graisse, la peau est « posée » sur un plan musculaire, développe le Dr Braccini. Lorsque l’on injecte de l’acide hyaluronique (trop réticulé), il se fixe sur les rides verticales – celles dites du code-barres – s’hydrate, ce qui va permettre effectivement d’effacer ces rides mais avec le risque que la lèvre supérieure gonfle de partout ! Aussi, est-il très important d’utiliser là encore de l’acide hyaluronique peu réticulé, de ne pas s’acharner à remplir les rides, mais plutôt de privilégier le contour des lèvres, en renforçant le relief entre la lèvre rouge et la lèvre blanche (la peau blanche du dessus) qui tend à s’effacer et à s’aplanir avec les années. » Des actes bien posés, une information claire et honnête, des attentes raisonnables. Les vraies clés de la réussite en esthétique?