Faux départs en série
Malgré trois tentatives et 2h30 d’attente, le comité de course a annulé les régates d’entraînement hier à Toulon, faute de vent. Déçus, les marins estiment avoir pu travailler en vue du week-end
Le compte à rebours tourne encore sur la vedette du comité de course, plantée au milieu de la rade. Les grands chiffres rouges, annonçant le temps restant avant les départs, ont défilé tout l’après-midi d’hier. En vain. Skippers, speakers, suiveurs, journalistes et la foule présente au Mourillon, à Toulon, ont attendu que le vent se lève. Il n’a jamais soufflé. Ou trop peu. Six noeuds. Six petits noeuds (11 km/h). C’était pourtant le minimum requis pour lancer les régates d’entraînement. Les F1 des mers ont viré autour des bouées à l’allure d’une 4L en panne. Ils ont bien cru, à 15h59, 16h05 et 16h30, qu’ils allaient pouvoir s’expliquer, mais le jury les a rappelés derrière la ligne moins de deux minutes plus tard. Trois faux départs. Voilà ce qui reste de cette première journée toulonnaise de la Coupe de l’America. Et peut-être aussi l’impression que Groupama Team France (bien placé sur les deux premiers essais avortés) peut tirer son épingle du jeu par temps de pétole. « Oui, il y a des trucs qu’on maîtrise mieux dans les départs qu’il y a un an. C’est bien de rééditer ce genre de départ. Après, on sait que quand un bateau en rate un, il peut être premier le coup d’après. Il n’y a pas beaucoup de mauvais partants. C’est de la bagarre à chaque fois, mais c’est sympa », a admis Franck Cammas, le skipper national, déçu que « son » public ait été sevré du spectacle annoncé.
Le match Britanniques Kiwis retardé
Leaders du général et frustrés eux aussi, les Britanniques préféraient retenir le positif. « Si on devait perdre un jour de course, c’était aujourd’hui (hier, ndlr). Car à partir de demain (aujourd’hui), ça compte ,a confié Giles Scott, équipier sur Land Rover BAR et récent champion olympique en Finn. L’idée c’est d’engranger des points pour rester en tête après Toulon. Mais ce ne sera clairement pas facile. Quand il y a peu de vent, c’est toujours très serré, les écarts sont faibles. Il faudra une dose de chance et se montrer constant. À nous d’être les plus réguliers. » Concurrents les plus sérieux des Britanniques pour devenir le challenger d’Oracle en juin prochain aux Bermudes, les Néo-Zélandais ont relativisé. « C’est quand même bien d’avoir pu tester le plan d’eau, car des petites conditions sont encore annoncées demain (aujourd’hui). Et sur ces bateaux, c’est difficile », a remarqué Ray Davies. Le tacticien d’Emirates Team New Zealand a estimé que son équipe était prête pour le duel au sommet. Elle l’a montré en étant la seule à s’élancer sur le troisième faux départ. « Le vent a complètement changé de direction une minute avant. On était placés et on a réussi à partir, mais derrière, tout le monde est resté coincé dans un trou. » Voilà les six syndicats rentrés à quai, afin de pister les conditions météo à venir. Sept à huit noeuds de vent sont annoncés aujourd’hui et demain. C’est peu… Il ne reste plus qu’à espérer que les charmes imprévisibles de la Méditerranée gâtent les marins comme le public. Pour ne pas que ce week-end toulonnais tourne au fiasco complet sur l’eau. Tic, tac, le chrono tourne. Comme le nombre de médaillés olympiques qui naviguent ce week-end dans la rade de Toulon : Ben Ainslie ( médailles) et Giles Scott () sur Land Rover BAR ; Tom Slingsby () sur Oracle ; Glenn Ashby (), Peter Burling () et Blair Tuke () sur le bateau néozélandais ; Chris Draper () du côté de Team Japan ; Nathan Outteridge ()et Iain Percy () chez Artemis. Au total, donc, breloques olympiques (onze en or, cinq en argent, une en bronze) vous contemplent. Rien que ça!