Nice-Matin (Cannes)

Le trophée d’Auguste à La Turbie n’a rien à envier à l’Italie Le site aujourd’hui. (© DR)

- RÉGINE MEUNIER

Le 25 septembre 1920, Jules Formigé, architecte des monuments historique­s, prend sa plume pour défendre « les monuments du Midi », dans la revue hebdomadai­re L’Illustrati­on. Parmi eux, le trophée d’Auguste à La Turbie, village près de Menton, qui surplombe la Principaut­é de Monaco. «Bien des touristes s’imaginent qu’il faut aller en Italie pour voir des monuments romains remarquabl­es. Cette défaveur est doublement injuste : nous possédons des chefs-d’oeuvre de l’art romain, et tous portent la marque de notre génie national. Dès l’époque d’Auguste, écrit-il, la Provence a produit des monuments qui appartienn­ent à une école locale très personnell­e.» «A l’heure où la France commence à renaître, où elle va recevoir la visite de tant d’étrangers qui veulent la mieux connaître pour l’aimer davantage, il semble à propos de parler des monuments romains du Midi, qui sont les plus beaux et les plus riches. La Provence était, en effet, dans l’antiquité comme de nos jours, un pays de luxe. Grâce à sa prospérité et aussi à sa situation géographiq­ue, elle a vu pendant plus de quinze siècles se dérouler chez elle l’histoire du monde. »

À la gloire du fils adoptif de Jules César Les monuments du Midi sont antérieurs « au plus grand nombre de ceux d’Italie » note-t-il. Et d’énumérer ces nombreux trésors de la région : de l’aqueduc du pont du Gard et ceux de Fréjus en passant par d’autres comme les amphithéât­res d’Arles et de Nîmes, au trophée de la Turbie, dont il publie une reconstitu­tion. Car il est en ruine. «Les matériaux ont été utilisés pour la plupart

des constructi­ons», précise-t-il. Le trophée d’Auguste - dit aussi des Alpes ou de La Turbie - a été érigé en l’an 6 ou 7 avant Jésus-Christ. Il a été élevé à la gloire de l’empereur Auguste, fils adoptif de Jules César. D’où le nom de ce monument. Certains pensent, qu’il était à l’origine surmonté de sa statue et supposent qu’il mesurait alors une cinquantai­ne de mètres de haut. Il glorifie la puissance de l’empire romain après les victoires d’Auguste, qui ont entre autres conduit à la soumission d’une quarantain­e de population­s alpines, sur un territoire allant aujourd’hui de La Turbie à l’Autriche : leurs noms sont inscrits sur le socle. Auguste a ainsi imposé une paix durable. Aujourd’hui, l’ouvrage est géré par le Centre des monuments nationaux. Il est un des plus fréquentés lors des journées du patrimoine. Sa restaurati­on s’est terminée en 1934. Certaines maisons de la Turbie ont été rachetées afin de récupérer les morceaux manquants de l’édifice. Ses pierres contemplen­t un paysage extraordin­aire depuis l’Estérel jusqu’à l’Italie. Point de vue qu’elles partagent avec les visiteurs venus se faire une idée de la grandeur de cet empire qu’elles incarnent.

 ??  ?? Le trophée d’Auguste est cette ruine imposante, qui en  a déjà récupéré des colonnes retrouvées lors de fouilles. (© L’Illustrati­on) La reconstitu­tion du trophée d’Auguste avec sa statue au sommet. (© L’Illustrati­on)
Le trophée d’Auguste est cette ruine imposante, qui en  a déjà récupéré des colonnes retrouvées lors de fouilles. (© L’Illustrati­on) La reconstitu­tion du trophée d’Auguste avec sa statue au sommet. (© L’Illustrati­on)

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