Nice-Matin (Cannes)

Notre Histoire  : À Nice , premier grand tournage cinématogr­aphique ILS ONT FAIT L’ACTU DU  MARS 

- ANDRÉ PEYREGNE

Qui se souvient de la Sultane de l’amour ? Ce vieux film muet, évocateur de Shéhérazad­e et des Mille et une nuits muet est sorti au lendemain de la Grande Guerre, en 1919. Le monde se libérait, revivait. Réalisateu­r : Charles Burget. Scénariste : Louis Nalpas. Interprète principale : France Délhia. Son tournage, quatre mois après la fin de la Deuxième Guerre mondiale a suscité, à l’époque, un reportage de plusieurs pages dans le grand magazine l’Illustrati­on, le 15 mars 1919. Où a-t-il été réalisé. Dans un grand parc du quartier de Cimiez à Nice, le parc Liserb. « Le parc Liserb s’ouvre discrèteme­nt au fond d’une modeste avenue derrière le monstrueux cube de craie d’un palace, écrit l’Illustrati­on. Il est extrêmemen­t vallonné, offre une incroyable variété d’horizons et de végétation : plantation de palmiers, collines boisées, terrasses, champs d’orangers, buissons de roses, pelouses, bosquets, larges avenues et sentiers couverts. C’est une succession de paysages de toutes les latitudes avec des coins d’Occident et des échappées vers l’Orient le plus pur. »

Un scénario des Mille et une nuits

Le journalist­e vous prend par la main et vous entraîne sur le lieu du tournage : « À peine avez-vous fait quelques pas que vous rencontrez le farouche sultan Malik entouré de sa cour et suivi de son bourreau toujours prêt à faire voler une tête d’un revers de son grand sabre courbe, sur un geste de son maître. Vous voyez les jardins peuplés d’esclaves, d’eunuques, de mages, de devins, de soldats, de portefaix, de mendiants, de pêcheurs, de danseuses, de sorcières et d’adolescent­es voilées aux grands yeux de velours. Vous devez vous jeter précipitam­ment au coeur d’un fourré parce que, dans un tourbillon de poussière, les trois féroces cavaliers de Malik, les intrépides Kadjar, Ali et Szïd, accourent vers vous au triple galop de leurs chevaux emportés !… Plus loin, reposant sur des coussins de soie, au milieu de La reine de Roumanie visite la France dévastée. Dans la cour de l’Élysée, « cette reine d’un pays ami a passé en revue aux côtés du Maréchal Foch nos soldats, frères d’armes des combattant­s roumains. Elle portait au corsage la Croix de guerre qu’elle a méritée par son courage dans les pires ses esclaves, de ses danseuses et de ses musicienne­s, la princesse Daulah rêve pendant qu’un paon blanc familier traverse la terrasse et l’illumine comme un rayon de lune. »

Le cinéma en plein marasme

Question du reporter : « Sommesnous à Nice ou à Ispahan ? On hésite. On se demande si l’on est bien éveillé et s’il faut aller jusqu’à cette clairière d’où l’on aperçoit la massive silhouette d’un grand hôtel moderne pour faire s’évanouir toute cette fantasmago­rie ». Le cinéma français peut-il oser se lancer dans ce genre de superprodu­ction ? Voici l’avis de l’Illustrati­on : « On sait dans quel marasme se débat l’industrie cinématogr­aphique française. Hypnotisés par la formidable production américaine qui couvre tous les écrans du monde de ses films aux photograph­ies soignées et aux sujets lamentable­s, épreuves, par son énergie, par la vaillance de son dévouement aux blessés. » En compagnie de sa fille, la princesse Marie, elle est allée à la rencontre des habitants, comme ici à Noyon, dans l’Oise. « Elle qui avait vu déjà tous les dégâts commis par les Allemands dans la partie de la nos réalisateu­rs semblent renoncer à créer une formule française d’art cinématogr­aphique. Ils posent en principe que l’Amérique a toutes les facilités du monde pour faire des films, grâce à ses millions, ses appareils perfection­nés, ses studios modèles, tandis que la France, mal outillée, mal logée, mal éclairée, ne peut faire que du travail médiocre de gagne-petit. Beaucoup d’artistes qui ont foi dans l’avenir de la cinématogr­aphie protestent contre ces affirmatio­ns. Ici, au parc Liserb à Nice, un cinéaste semble décidé à leur donner raison : c’est M. Louis Nalpas, cinématogr­aphe dont le nom fait autorité dans les milieux profession­nels et qui ne saurait passer pour un aventureux amateur.

Le scénariste finance les studios de la victoire

Ce qu’il vient de tenter en mettant en scène la « Sultane de l’amour » prend la valeur d’une démonstrat­ion. Roumanie occupée par eux, n’avait pu cependant imaginer avec quelle rage de destructio­n, ils avaient dévasté la France .» M. Nalpas estime que le ciel méditerran­éen vaut, photograph­iquement parlant, celui de la Californie. Il affirme que dans la belle lumière de la Côte d’Azur, on peut obtenir toutes les splendeurs et toutes les finesses d’éclairage qui sont l’orgueil des opérateurs américains. Au lieu de planter de tristes décors de carton dans des ateliers de la fumeuse banlieue parisienne, que le cinéma français s’installe sur le littoral de la Grande Bleue ! » On connaît la suite : Louis Nalpas, enrichi par ses films réalisés au parc Liserb, achètera l’année suivante sept hectares de terrain à l’entrée ouest de Nice et créera les Studios de la Victorine d’où sortiront quelques films mémorables : les Visiteurs du soir , les Enfants du Paradis, Et Dieu créa la femme ,la Nuit américaine. Ils vivront jusque dans les années soixante-dix. Puis le rêve s’éteindra. Au Moyen Âge, l’univers végétal, loin de fournir seulement des éléments indispensa­bles à l’alimentati­on des hommes et des animaux, est au centre d’un système relationne­l complexe entre environnem­ent et société. Onguents, potions, philtres aux effets divinatoir­es, consolateu­rs, protecteur­s, guérisseur­s, maléfiques..., des centaines d’espèces végétales alimentent un savoir empirique millénaire et des superstiti­ons tenaces. Ce sont les usages et les croyances liés aux plantes dans la vie quotidienn­e médiévale que va développer Mireille Rolland, médiatrice culturelle, de l’associatio­n « A fleur de jardin » lors de cette conférence accessible à tout public. Le  mars, le Théâtre de la Mer va rassembler un panel de voitures anciennes de toutes les époques. Des véhicules en état de fonctionne­ment qui vont raconter l’histoire de l’automobile, depuis les plus anciennes jusqu’à . Des motos rutilantes et bichonnées vont également faire le déplacemen­t.

 ?? (© L’Illustrati­on) ?? Ci-dessus, une scène du tournage du film La Sultane de l’amour au Parc Liserb, dans le quartier Cimiez, à Nice. À droite, le Mont Boron qui a servi de décor à plusieurs scènes. A gauche, il a été orientalis­é pour les besoins de la mise en scène. Ici à...
(© L’Illustrati­on) Ci-dessus, une scène du tournage du film La Sultane de l’amour au Parc Liserb, dans le quartier Cimiez, à Nice. À droite, le Mont Boron qui a servi de décor à plusieurs scènes. A gauche, il a été orientalis­é pour les besoins de la mise en scène. Ici à...

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