Nice-Matin (Cannes)

Peur sur la Prom’

Deux individus à scooter ont tiré des billes de peinture, hier matin à Nice, en visant notamment les conducteur­s. Un jeune suspect est en garde à vue.

- P. C. CHRISTOPHE CIRONE

Pure inconscien­ce ? Bêtise confondant­e? Troubles psychiatri­ques? Ou provocatio­n malsaine, sur une promenade des Anglais traumatisé­e par l’attentat du 14-Juillet ? Les policiers niçois cherchent à comprendre ce qui a conduit deux individus à interpréte­r, hier matin, une version à la fois soft et effarante de l’attaque de la diligence. Un suspect de 25 ans a été interpellé. Juché à l’arrière d’un T-Max, il aurait visé par des tirs de paintball quatre bus à l’ouest de Nice. Nul n’a été blessé. Mais plusieurs conducteur­s sont choqués. Et le suspect pourrait être amené à s’expliquer devant le tribunal correction­nel en comparutio­n immédiate.

Il portait un bracelet électroniq­ue

Il est 11 h 30, hier, quand un chauffeur de la ligne 8 perçoit une détonation à hauteur de Carras, à l’entrée de la Prom’. Il voit un scooter le dépasser et se mettre en travers de sa route, l’obligeant à piler. Le passager du scooter brandit alors une arme longue, et tire dans sa direction à plusieurs reprises. Non pas des balles. Mais des billes de peinture. Cinq impacts jaunes viennent maculer la vitre à sa hauteur. Le fait ne reste pas isolé. Au moins quatre « attaques » de ce type sont recensées hier matin, entre la gare Saint-Augustin et la chaussée sud de la promenade des Anglais (à Carras, Ferber et Fabron). Dans le viseur : un bus de la ligne 8 et trois autres des lignes 9/10 du réseau Lignes d’Azur. Des impacts de peinture sont retrouvés sur le pare-brise d’un bus, sur les flancs d’un autre, ou encore les deux à la fois. La police intervient avec le service sûreté de Lignes d’Azur. Un numéro de plaque d’immatricul­ation est diffusé sur les ondes. Bingo. A 12 h 20, le service de sécurité de proximité interpelle un suspect sur le T-Max recherché. Il en est le propriétai­re. Il correspond au signalemen­t. Pas d’arme factice sur lui. En revanche, il porte un... bracelet électroniq­ue. C’est que le garçon n’est pas inconnu de la justice. Placé en garde à vue, cet habitant du quartier des Moulins passe aux aveux. Entendu par la brigade criminelle de la sûreté départemen­tale, il attribue ces tirs à un simple Jean Boyer était passager du bus /, hier, à la mi-journée à Nice, quand son bus de Ligne d’Azur a essuyé des tirs de paintball. Il se remémore : « J’étais dans le bus côté sud de la Promenade des Anglais. Je revenais du centre administra­tif quand on a entendu deux impacts côté passager vers le milieu du véhicule ». A ce moment-là, peu de passagers se rendent compte de ce qu’il vient de se passer : « Dans le bus, ça a claqué comme une grosse bille, un gros bruit. C’était impression­nant. Les passagers ont sursauté au premier impact, mais ils n’ont pas compris sur le coup. Il n’y a pas eu de moment de panique, même si autour on n’était pas tranquille ». Mais la mésaventur­e de Jean et du véhicule de Ligne d’Azur va se poursuivre : « Deux-trois arrêts plus loin, ça a recommencé. Il y a eu des impacts sur le pare-brise, au moins cinq ou six. Deux ou trois billes ont ricoché sur le toit. Finalement le chauffeur a dû descendre pour nettoyer sa vitre. Je n’ai pas vu les personnes qui ont fait ça, car c’est un car articulé. Mais elles devaient être en scooter. Je pense qu’elles voulaient surtout impression­ner le chauffeur. » amusement. Mais il refuse de livrer son complice. S’il s’agissait là d’un jeu, il n’a pas fait rire ses protagonis­tes involontai­res. Le conducteur de la ligne 8 mis en joue est sous le choc. Trois agents ont déposé plainte hier, ainsi que la Régie Ligne d’Azur. Et les traces de peinture pourraient s’avérer plus aisées à effacer que les stigmates moraux...

Contexte sensible

Huit mois à peine après l’attaque au camion, le ressenti face à un tel scénario est particuliè­rement sensible. Face àces « faits particulie­rs » ,le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, envisage des poursuites pour « violences volontaire­s avec arme » sur agents chargés d’une mission de service public. Violences au sens psychologi­que du terme. « Il n’y a certes pas d’ITT, mais elles sont de nature à inquiéter gravement les personnes », justifie le procureur. Les policiers l’ont bien compris, prenant d’emblée l’affaire très au sérieux. Le jeune suspect, pour sa part, semble le réaliser un peu tard.

 ??  ??
 ?? (Photo Reporter mobile) ?? Le bus de la ligne  a essuyé cinq tirs dans le pare-brise.
(Photo Reporter mobile) Le bus de la ligne  a essuyé cinq tirs dans le pare-brise.

Newspapers in French

Newspapers from France