Paul Vallin, ébéniste à Cannes
Nos artisans Installé depuis 1994 à la Bocca, Paul Vallin, 47 ans, ébéniste, a vu son métier évoluer. Malgré les difficultés de transmission et la concurrence, il met du coeur à l’ouvrage
En cette semaine nationale de l’artisanat, nous avons décidé de mettre à l’honneur les savoirfaire locaux. Confrontés aux mutations de notre société, ces talents manuels, précieux, souvent ancestraux, sont de plus en plus rares. Chaque jour jusqu’à vendredi, un portrait d’artisan sera l’occasion de mieux comprendre ses problématiques économiques, ses aspirations professionnelles et son amour, le plus souvent intact, pour le métier. Dans son atelier de 250 m2, au 28 rue Anthony-Dozol, le parfum du bois laisse peu à peu place aux aseptisés mélaminés. Agglomérés de copeaux qui composent cuisines, dressing, placards livrés entre trois et six mois. C’est l’évolution imparable dans le secteur que ne peut que constater Paul Vallin. Né dans la Sarthe, l’artisan de 47 ans s’est installé en 1994 à la Bocca. Après un CAP d’ébénisterie passée à Nice et huit années chez le menuisier historique cannois Mauro di Mauri.
« Créer me rend heureux »
L’ébénisterie, un métier choisi « un peu par hasard » que ce
grand gaillard au regard bleu, fils de fonctionnaire, vit toujours
« avec passion ». « Créer des objets très visuels à partir d’une planche de bois, cela me rend heureux. Mais les chantiers d’ébénisterie sont de plus en plus rares depuis une dizaine d’années. Le mobilier volant, c’est fini. On fait moins de belles choses qu’avant... » Pourtant, wengé, chêne, merisier, Paul Vallin a travaillé toutes les essences. Armé de sa toupie pour sculpter ses moulures ou de sa raboteuse, le professionnel aime sentir sous ses larges mains « cette matière vivante très agréable à travailler ». Sa plus grande fierté ? Ces meubles art déco en loupe de sycomore. Une commande des Pays-Bas.
« Je concurrence les cuisinistes »
Aujourd’hui, le menuisier s’est diversifié. « Je concurrence les
cuisinistes haut de gamme. Avec du sur-mesure, mais moins cher. Je travaille aussi la résine de synthèse, je fournis l’électroménager... »
Ses clients ? Beaucoup de particuliers via les architectes, et quelques hôtels cannois. Le chiffre d’affaires est stable au prix d’une cinquantaine d’heures de travail par semaine. Seul. L’artisan qui avait employé et apprenti il y a encore cinq ans, a renoncé à transmettre son précieux savoir faire. « C’est compliqué. Neuf fois sur dix, ce sont des jeunes pas motivés, illettrés parfois...» Autre évolution du secteur, les chantiers des belles villas de luxe ne sont plus confiés à des artisans locaux mais à une maind’oeuvre étrangère à moindre coût qui vient sur place pour quelques semaines de travail. « C’est un problème. On ne peut pas concurrencer ». Du coup, les professionnels du bâtiment souffrent. « Régulièrement, j’entends des boîtes qui ferment...» acculé par les
Même s’il se dit « charges », Paul Vallin reste toutefois optimiste. Et songe à la relève. « Mon fils, 14 ans s’intéresse au métier. Pourquoi pas ? Pour des gens qui travaillent bien, il y aura toujours du travail ». Ebenisterie Paul Vallin. 28 avenue Anthony- Dozol. Tél : 06.09.45.09.84. ou 04.93.48.22.91. Site internet : contact@ebenisterie-vallin.com