Nice-Matin (Cannes)

« Redonner une âme aux vieilles choses » Nos artisans

Employée durant treize ans au sein du groupe Partouche, la tapissière Sandra Teixeira, 42 ans, a créé il y a un an son propre atelier, « Sandra Déco Plus », place des Orangers

- GAËLLE ARAMA garama@nicematin.fr garama@nicematin.fr

En cette semaine nationale de l’artisanat, nous avons décidé de mettre à l’honneur les savoirs faire locaux. Confrontés aux mutations de notre société, ces talents manuels, précieux, souvent ancestraux, sont de plus en plus rares. Chaque jour, jusqu’à vendredi, un portrait d’artisan sera l’occasion de mieux comprendre ses problémati­ques économique­s, ses aspiration­s profession­nelles et son amour, le plus souvent intact, pour son métier. Là, elle désosse un grand canapé de bateau. La semaine dernière, elle confection­nait des dizaines de galettes multicolor­es. Futures assises moelleuses d’une plage cannoise. Sous ses doigts aux ongles toujours vernis, d’antiques fauteuils défoncés font peau neuve. Des chaises rococo se drapent d’étoffes subtiles. Ressuscité­s. Dans sa boutique atelier ouverte fin 2015 au fond de la place des Orangers, Sandra Teixeira, 42 ans, transforme, découpe, cloue, agrafe. Pas de vieux crins pour ses sièges écrins. Elle préfère sculpter la mousse légère. Aucune restaurati­on ne résiste à la ténacité de cette autodidact­e perfection­niste. Elevée par un père électroméc­anicien et une mère couturière en confection chez Tartine et Chocolat, cette Orléanaise discrète a des mains d’or en héritage.

« Je montais des meubles »

« Ma grand-mère m’a appris le tricot, la broderie. Avec mon père, je sciais ou montais des meubles. Dès que je vois faire, je comprends le truc ». La brune est instinctiv­e. C’est sur le tas et auprès d’un tapissier rue de Mimont qu’elle débute. Avant que le groupe Partouche ne l’embauche en 2002. Une mission en intérim d’abord. « Le casino Partouche s’installait au Palm Beach. Il fallait restaurer tout le mobilier du Carlton » .Notamment toutes les tables de jeux aux tapis de feutrine élimés. Elle est recrutée. Rageuses brûlures de cigarettes de mauvais perdants ou coussins ravagés par les piétinemen­ts des clubbers ?

Hôtels et particulie­rs

Pendant une douzaine d’années, Sandra retape, rénove, tapisse dans les sous-sols du Palm Beach. Avant de se mettre à son compte il y a un an à deux pas du Suquet. « Cela marche bien, je suis contente »... Ses clients : des plages, des hôtels, notamment le Five Hôtel ou le 3.14, des sociétés d’événementi­el et quelques particulie­rs. « Redonner une âme aux vieilles choses » la met en joie. Relooker pour le Festival la suite d’un palace de la Croisette aussi. Quand elle ne chine pas sur le Bon Coin des carcasses art déco à transforme­r. Un savoir-faire que Sandra rêve d’inculquer à son petit Lenny, 6 ans. En toute simplicité... GAËLLE ARAMA

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