Nice-Matin (Cannes)

Gérard Collomb: «La vague emmène tout avec elle…»

Le sénateur-maire PS de Lyon vient défendre le projet d’Emmanuel Macron, ce soir à Cannes

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Gérard Collomb, le sénateurma­ire de Lyon, est le tout premier poids lourd du PS à s’être engagé, dès l’origine, derrière Emmanuel Macron. Il tiendra ce soir à Cannes, à 18 h 30 à l’hôtel Gray d’Albion, une réunion publique pour présenter le projet du candidat à la présidenti­elle.

Emmanuel Macron bénéficie de ralliement­s de tous bords. Ce côté « attrape-tout » de sa candidatur­e ne renforce-t-il pas l’illisibili­té de son projet ?

Son programme a été tiré à  millions d’exemplaire­s et il le décline désormais tous les jours. Je fais moi-même un certain nombre de réunions publiques, comme celle qui va se tenir à Cannes, pour en présenter les grandes lignes. Ce projet part des difficulté­s de la France, tant économique­s que sociétales, pour proposer quelque chose de différent. Le fait que nous rassemblio­ns aujourd’hui des gens qui viennent de l’aile réformiste du PS comme du centre droit montre que les électeurs, quel que soit leur passé, ont envie d’un projet commun pour l’avenir. Ils ne veulent plus de cette opposition frontale et stérile que nous avons connue jusqu’ici.

Vous vous réclamez d’un vote utile contre le FN. N’est-ce pas un peu facile ?

Ce qu’on dit simplement, c’est que le Front national a un programme de régression sur le plan économique, qui ne ferait que des perdants. La sortie de l’euro serait suicidaire. Elle nuirait à tous les Français, à commencer par les plus modestes. Je ne pense pas que toux ceux qui veulent voter pour Marine Le Pen partagent ses idées. Ils le font par lassitude. Comme maire de terrain, je vois bien par exemple les problèmes de délinquanc­e qui se posent dans les grandes villes. Il faut des mesures de fermeté. Qu’il y ait eu à un certain moment des politiques un peu trop laxistes, je suis le premier à le dire.

La caricature d’Emmanuel Macron sur Twitter ce week-end marque-t-elle une radicalisa­tion de la campagne? Je perçois un durcisseme­nt, par exemple quand François Fillon évoque une « guerre civile » dans notre pays. Ce sont des mots très forts. Je vois bien tout ce qui peut séparer notre société. Mais le rôle d’un responsabl­e politique est justement de rassembler.

S’il ne monte pas dans les sondages, croyez-vous encore possible un ralliement de Benoît Hamon à Emmanuel Macron ?

Non, je ne pense pas. Je vois, en revanche, beaucoup de gens qui étaient plutôt positionné­s à droite et qui aujourd’hui rejoignent Emmanuel Macron, tout simplement parce qu’ils pensent que François Fillon ne peut plus correspond­re à l’attente des Français. Même votre président de Région, Christian Estrosi, a dit à un moment que ce n’était plus possible de le soutenir, avant de revenir en arrière, contraint et forcé. François Fillon a aussi eu des mots très durs envers Nicolas Sarkozy durant la primaire, et certains dans sa famille politique ne l’ont pas oublié…

Le talon d’Achille de Macron, s’il est élu, sera sa capacité à réunir une majorité parlementa­ire…

Je ne crois pas que, quand vous venez d’être élu Président, vous ayez une difficulté à avoir une majorité. Beaucoup de gens seront candidats et élus sur la ligne d’Emmanuel Macron. Quand j’ai été élu jeune député en , je n’étais pas connu, mais j’ai balayé le sortant. Quand il y a une vague, connu ou pas, la vague emmène tout avec elle. Et puis nous aurons quand même un certain nombre de députés sortants à travers tous ceux qui nous rallient. Il y aura parmi nos candidats un dosage d’anciens et de nouveaux, de gens expériment­és et d’autres issus de la société civile.

Newspapers in French

Newspapers from France