Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL Le roi Sané

Joueur allemand le plus cher de l’histoire, Leroy Sané a mis six mois à s’adapter à Manchester City. A l’aller, l’ailier supersoniq­ue a fait très mal aux Monégasque­s et Pep Guardiola le sait

- MATHIEU FAURE

C’est assez rare qu’un joueur s’excuse d’avoir marqué un but en Ligue des champions. C’est pourtant le cas du Mancunien Leroy Sané, auteur du dernier but contre l’AS Monaco lors du match aller (5-3). Bon, en même temps son caramel a fait perdre 34 200 Euros à un parieur qui avait misé sur le score de 4-3 en faveur de City. Apprenant la petite histoire dans les journaux, le milieu offensif a pris pitié pour le supporter et s’en est excusé

‘‘ sur Twitter. Décidément, entre la Ligue des champions et l’ailier allemand, il se passe toujours quelque chose. 10 mars 2015, huitième de finale retour Ligue des champions face au Real Madrid. Sané joue à Schalke 04 mais débute le match sur le banc. Défaits à l’aller chez eux (2-0), les joueurs de Gelsenkirc­hen sont au pied du mur. Rentré à la 29e minute en lieu et place d’Eric-Maxim Choupo Moting (blessé), Sané martyrise la défense merengue au point de finir par lui coller un but d’une frappe enroulée du gauche. Au coup de sifflet final, Schalke repart sans la qualificat­ion malgré une victoire 4-3 mais avec une nouvelle certitude : Leroy Sané a (e tout d’une star. Rapide, technique, adroit devant le but, le jeune Allemand, fils de l’ancien internatio­nal sénégalais Souleymane Sané, semble avoir tout pour lui. Chez les Sané, le football est une affaire génétique. Papa a fait les beaux jours de nombreux clubs allemands dans les années 80 (Fribourg, Nuremberg) avant de porter le maillot du Sénégal plus de 50 fois. C’est d’ailleurs en hommage au sélectionn­eur français Claude Le Roy que le pater a prénommé son fils Leroy. « J’ai hérité du rythme de mon père » rappelle le fiston. Il faut dire que papa avalait les 100 mètres en 10,7 secondes à son époque. Leroy a deux autres frangins, Kim et Sidi, tous les deux pensionnai­res du centre de formation de Schalke 04. Une famille d’athlètes puisque maman, Regina Weber, est une ancienne gymnaste ayant remporté une médaille de bronze en gymnastiqu­e rythmique lors des JO de 1984 à Los Angeles. C’est pourtant avec un ballon que Sané va se faire un prénom, notamment dans un club qui donne sa chance aux jeunes. Dans la Ruhr, le garçon confirme que Schalke est une machine à Leroy Sané, môme, sous le maillot de Schalke  (en haut) a fait des débuts prometteur­s en Bundesliga, au point de faire l’Euro  avec l’Allemagne (ci-dessous contre la France en demi-finale). former des champions. Quatre joueurs du club ont d’ailleurs gagné le Mondial 2014 : Manuel Neuer, Benedikt Howedes, Julian Draxler et Mesut Özil. Former des jeunes, c’est bien. Réussir à les exploiter est une autre affaire. Après sa folle rentrée contre le Real Madrid, Sané doit confirmer. Et tout le monde l’attend au tournant. L’an passé, pour sa première saison

‘‘ complète en Bundesliga (33 matchs disputés), le jeune internatio­nal a inscrit 8 buts et délivré 6 passes décisives. Suffisant pour que Manchester City sorte 50 millions d’euros pour en faire le joueur allemand le plus cher de l’histoire, devant Mesut Özil. Un choix avant tout motivé par la présence de Josep Guardiola sur le banc de touche à en croire l’intéressé lors de sa présentati­on officielle : « C’est lui qui m’a convaincu de venir à Manchester. J’ai suivi ce qu’il a fait au Barça et au Bayern et je sais qu’il est très fort avec les jeunes joueurs. Je pense qu’il peut faire de moi un joueur plus complet ». Le Catalan est encore le genre d’entraîneur qui attire à la seule évocation de son nom. Mais bosser avec l’ancien patron du Barça n’est pas une garantie de succès malgré tout. Mario Götze, alors âgé de 21 ans, avait lui aussi choisi de rejoindre Guardiola au Bayern Munich dans le but de franchir un palier, avec les conséquenc­es que l’on connaît aujourd’hui, puisque l’internatio­nal allemand est retourné à Dortmund tout en ayant perdu sa place en équipe nationale. Mais Guardiola ne se trompe pas toujours, surtout concernant Sané : « L’objectif est de faire bouger l’adversaire, pas forcément le ballon. Il est peut-être meilleur sans ballon, c’est pour ça que je le voulais », avançait le Catalan en janvier avant de parler de sa résurrecti­on après six premiers mois compliqués. « Les gens racontent que, lors du mercato hivernal, nous n’avons recruté qu’un joueur. Non, Gabriel Jesus n’est pas notre seule recrue, je pense que deux joueurs sont arrivés. Leroy est une recrue. Il est si rapide, il joue avec une telle intensité que ça nous aide beaucoup. Il n’a que vingt et un ans, donc je suis très heureux pour City qui possède un joueur important pour son futur. »

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