Killian, adolescent de bonne famille fan de tueries de masse et d’armes à feu
Le nom de sa chaîne YouTube ? La colère de Ragnarok. Cette fin du monde à la « nordique », faîte de batailles sanglantes et d’hivers sans soleil. Où la terre termine submergée par les flots et les flammes... Sa description, « celui qui marquera l’histoire avec votre sang ». Et les deux seules vidéos mises en ligne parlent de la tuerie de Colombine. Le 20 avril 1999, aux États-Unis, deux étudiants, Eric Harris et Dylan Klebold, tout juste majeurs, tuaient 12 élèves et un professeur. 24 autres étudiants avaient été blessés. L’acte fou de deux jeunes surarmés : couteaux, fusil, pistolet semiautomatique, carabine, fusil à pompe de calibre 12... Colombine, véritable obsession de Killian. Pas la seule... Une fascination qui a envahi les réseaux sociaux de l’ado d’à peine 16 ans. Comme sa page Facebook. Une page terriblement anonyme. Loin des selfies ridiculement heureux des « enfants » de son âge. En février dernier, le tout jeune homme postait, par exemple, des captures d’écran des caméras de vidéosurveillance de la cantine du lycée américain, où l’on aperçoit les deux tueurs armés de fusils d’assaut.
« Il regardait des vidéos bizarres » Une plongée dans l’univers numérique de ce Grassois révèle des images de scarifications, de tueur à la tronçonneuse, de photos de clowns pas drôles, la gueule en sang, toutes dents dehors... Adoration 2.0 pour les masques à gaz. Et surtout pour les armes à feu. Mais qui est donc Killian ? Un jeune loup solitaire fasciné par le gore, le sang et la mort, qui est passé à l’acte ? Un adolescent en mal de repères ? Sur son compte Twitter, utilisé une seule journée – mais quelle journée, si symbolique – il n’a tweeté que trois fois. C’était le 15 juillet dernier, lendemain de l’attentat de Nice. Le jeune homme demandait à ce que l’on regarde la vidéo du camion faire son terrible ouvrage... « Tout le monde se plaint de la vidéo, alors qu’il y a pire », écrivait-il. Provocation en 140 signes ? ...Ou un seul signe avant coureur ? En fait, il apparaît difficile de cerner cet ado. « C’était un gars que l’on ne remarquait pas » , dit de lui, un lycéen de Tocqueville. « Une tête d’ange », « une tête d’innocent » , dira un autre. Qui le connaissait vraiment ? Thomas, élève au lycée grassois était, en tout cas, intrigué par le personnage : « Je le connais seulement de vue, mais je sais qu’il regarde des vidéos bizarres, des scènes de guerre. Il a pété un câble ». Killian, enfant coincé dans un monde virtuel qui lui a donné le tournis ?
Victime de harcèlement ? Selon l’un de ses professeurs, qui parle sous couvert d’anonymat, Le lycéen était « mal noté en classe ». Et peu intégré. « Pas au niveau des autres élèves ». Killian vit, selon certaines sources, « des humiliations de la part de ses camarades de classe ». Killian, bourreau-victime de harcèlement ? Certains posts sur les réseaux sociaux le laissent également entendre. a-t-il cherché à se venger ? Une autre question intrigue. Comment s’est-il procuré un tel arsenal ? Fusil à pompe, pistolets, grenades... L’enquête devra le déterminer. Inconnu des services de police, Killian est le fils d’un homme politique grassois. Élu, tout d’abord, aux municipales en 2014 avec l’étiquette du FN, il a depuis rejoint la majorité municipale du maire Les Républicains, Jérôme Viaud. Le père du suspect est également coordinateur pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur du RPF, le Rassemblement pour la France, un mouvement souverainiste, qui vient d’apporter son soutien au candidat Fillon.