Nice-Matin (Cannes)

Prémédité

FUSILLADE AU LYCÉE TOCQUEVILL­E DE GRASSE

- SANDIE NAVARRA snavarra@nicematin.fr

Les premiers éléments de l’enquête montrent que le tireur avait bien préparé son funeste dessein, que  à  élèves étaient visés et qu’il aurait pu bénéficier de complicité. Un profil que Sacha, l’un de ses amis, ne reconnaît pas.

Que s’est-il passé dans la tête de Killian, âgé d’à peine 16 ans, auteur de la fusillade qui a fait 13 blessés – dont 5 par armes à feu – jeudi en début d’après-midi au lycée Alexisde-Tocquevill­e, à Grasse? Les 48 heures de garde à vue ont permis aux enquêteurs de la police judiciaire de Nice de lever une partie du mystère. Peu après la mise en examen du jeune homme pour « tentatives d’assassinat, port et détention d’armes de catégories A et B et fabricatio­n d’explosifs », hier aprèsmidi, le procureur Fabienne Atzori révélait lors d’une conférence de presse que le lycéen avait « dressé une liste mentale qui varie de 8 à 14 personnes » à éliminer, en fonction de critères subjectifs.

Moqué sur les réseaux sociaux

Killian n’aurait en effet pas apprécié le «comporteme­nt général» de certains de ses camarades. « Il n’acceptait pas que certains dissipent la classe, ou se permettent des familiarit­és avec les professeur­s. Il se défend d’avoir visé quelqu’un en fonction de son origine ou de son orientatio­n sexuelle.» L’ado aurait également été moqué sur les réseaux sociaux, notamment en raison de son goût prononcé pour la musique métal. Autant de facteurs qui auraient nourri sa rancoeur et l’auraient poussé à jouer les “justiciers”. D’après les éléments recueillis par les enquêteurs, il mûrissait son funeste projet «depuis plusieurs semaines » et aurait pu bénéficier de complicité­s. Des frères jumeaux, proches du lycéen, avaient été placés en garde à vue, vendredi aprèsmidi.

Un présumé complice mis en examen

L’un d’eux, Grassois âgé de 17 ans et déscolaris­é, a également été mis en examen pour complicité dans cette affaire, hier après-midi. « Des éléments laissent penser qu’il a effectivem­ent pu aider ou assister Killian », indiquait le procureur. Ce deuxième adolescent, au profil inquiétant (lire ci-dessus), a fait valoir lors de sa garde à vue son droit au silence, et n’a pas souhaité s’exprimer. « Rien ne permet de dire que l’un était sous l’influence de l’autre, mais nous en sommes encore au tout début de l’enquête. » Le lycéen a quant à lui reconnu les faits. Et semblait même « déçu ne de pas avoir achevé son projet », développai­t le commissair­e Philippe Frizon, chef de la police judiciaire. Il n’a pas non plus émis de regret quant à son geste. D’après les experts qui l’ont examiné, Killian était « totalement responsabl­e » de ses actes au moment des faits. «L’expertise psychiatri­que

a conclu à l’absence de troubles psychique ayant aboli son discerneme­nt », résumait Fabienne Atzori. A ce stade de l’enquête, difficile de déterminer si le lycéen a pris conscience de la gravité de ses actes. L’excuse de minorité pouvant être écartée, Killian ayant 16 ans passés, il encourt jusqu’à 30 ans de réclusion. À la sortie du tribunal, lors de leur transfert en détention provisoire, l’un des deux adolescent­s, à l’arrière d’une voiture de police, a fait un signe de la main aux nombreux journalist­es et caméras de télévision­s présents. Un geste de provocatio­n ou une quête de reconnaiss­ance ?

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 ?? (Photo S. N.) ?? De gauche à droite : Julien Pronier, vice-procureur ; Philippe Frizon, chef de la police judiciaire ; Fabienne Atzori, procureur ; et Thierry Bonifay, procureur adjoint.
(Photo S. N.) De gauche à droite : Julien Pronier, vice-procureur ; Philippe Frizon, chef de la police judiciaire ; Fabienne Atzori, procureur ; et Thierry Bonifay, procureur adjoint.

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