Sacha, un ami : «Je ne le reconnais pas dans ce que je lis»
Sacha, 16 ans, proche de Killian depuis plusieurs années, dresse un portrait de son ami très différent du jeune homme mal dans sa peau, harcelé au lycée et fasciné par les armes et la tuerie de Columbine.
Tu connais Killian depuis longtemps. Comment le décrirais-tu ?
Comme un jeune normal ! On était au collège Canteperdrix ensemble, ça s’est toujours bien passé. Il a toujours eu des amis, il était apprécié et réputé pour être gentil. Il a aussi eu des petites copines. Quand j’ai quitté le collège en troisième, il s’est rapidement fait de nouveaux potes. Ce n’était pas une victime. Il avait des notes correctes, n’a jamais redoublé ou été exclu. Il s’entendait bien avec sa famille. Il avait tout pour réussir.
Vous étiez toujours en contact ?
Oui, on a continué à se voir régulièrement. On se retrouvait le week-end pour jouer au softball. Même dans ces moments-là, quand on se blessait par accident, il venait tout de suite s’excuser. Il n’est pas du tout violent, je ne l’ai jamais vu s’embrouiller ou se battre.
Son profil Facebook révèle pourtant une facette plus sombre ?
Il n’aimait pas s’afficher, c’est pour ça qu’il y a peu de photos de lui. Et les réseaux sociaux ne reflètent pas vraiment la personnalité de quelqu’un. On le décrit comme sataniste, solitaire, fasciné par les armes à feu. C’est tout le contraire ! On avait déjà parlé de la tuerie de Colombine ou de l’attentat du -Juillet et on était tous du même avis : les tueurs sont de gros tarés !
Il avait changé de comportement ces derniers temps ? Je l’ai vu il y a trois semaines, et je l’ai eu au téléphone quelques jours avant la fusillade. On parlait de tout et de rien, de jeux vidéo, du softball. Pas de politique, en tout cas. Il s’en foutait, il disait que c’était de la m…
Il avait des problèmes au lycée ?
Il m’avait dit il y a quelque temps : « Il y a quelques mecs qui me font chier », mais il ne s’est pas étalé sur le sujet. Ça ne paraissait pas grave. Rien qui laissait penser qu’il allait faire un truc pareil, en tout cas. Et puis il avait aussi des copains à Tocqueville. L’année dernière, on a fêté son anniversaire avec des amis à lui du lycée, dont un musulman. Killian n’est pas non plus quelqu’un de sectaire, il a des copains de toutes nationalités et de toutes confessions.
Pour toi, son geste n’était pas prémédité ?
Pas du tout. Il a dû agir sur un coup de colère sans penser aux conséquences. S’il avait voulu, il aurait pu faire beaucoup plus de victimes. Je ne pense pas non plus qu’il ait été influencé par qui que ce soit.
Tu souhaites rester en contact avec Killian ?
Bien sûr. J’aimerais lui écrire dès que je saurai où il est. Pour lui demander des explications, mais aussi pour le soutenir. Je ne veux pas défendre ce qu’il a fait, mais je veux le défendre lui. Je ne le reconnais pas dans tout ce que je lis dans les médias aujourd’hui.