Peut-on s’en passer ?
Qu’elle est donc dépassée et anachronique l’époque où un quatuor de sympathiques fantaisistes, baptisés Les Charlots, faisaient un tube en chantonnant Merci patron !. Aujourd’hui, le mot est devenu presque obscène. On lui préfère le boss ou, si l’on est poète, le président-directeur général, l’un de nos plus beaux alexandrins. L’autre soir, M avait imaginé de filmer un chef d’entreprise déguisé en ouvrier afin que ses employés ne le reconnaissent pas. Original concept. Au moins tant que les syndicats ne protestent pas contre ce qui pourrait constituer un espionnage intra-muros généralement dévolu au directeur des ressources humaines. Car la tentation est grande pour les anciens de mettre en garde le nouveau contre les petits chefs et même le grand manitou. Aux ÉtatsUnis, de plus en plus de sociétés pratiquent la « hiérarchie plate » consistant à laisser les salariés libres de décider eux-mêmes des heures de travail, de la périodicité des congés et du montant des salaires. On appréciera les résultats en terme de productivité et de bilan avant de conclure sans doute que si on peut se passer de patron, il est possible d’économiser les plus gros émoluments. Bref, les seuls patrons ne risquant pas d’être remis en cause sont ceux qu’on trouve encore dans certains magazines de mode et que les lectrices mutilent à grands coups de ciseaux
sans aucune intention revendicative.