Nice-Matin (Cannes)

Le parcours sans faute du “président des Bretons”

- DENIS CARREAUX dcarreaux@nicematin.fr

Il est l’un des seuls à avoir traversé le quinquenna­t Hollande sans une égratignur­e. Plus fort encore : cinq ans après avoir intégré le gouverneme­nt, Jean-Yves Le Drian n’est pas loin de faire l’unanimité, au point d’être accueilli à bras ouverts chez un Emmanuel Macron assez tatillon quant au pedigree des vieux loups de mer socialiste­s prétendant rejoindre ses rangs quelques semaines avant une victoire annoncée. C’est un pilier, un roc, un menhir qu’Hubert Coudurier, directeur de l’informatio­n du Télégramme, s’attache à décrire dans un livre dense au titre évocateur : Jean-Yves Le Drian, Le glaive du Président. Fin connaisseu­r du monde politique, l’auteur décortique avec précision la méthode Le Drian et retrace avec force détails le parcours sans faute d’un militant « qui s’identifie à l’histoire du socialisme breton depuis plusieurs décennies ».

« Tel un cobra, il absorbe des opposants »

Né à Lorient en  dans une baraque en bois dépourvue d’eau et d’électricit­é, ce fils de magasinier a grandi dans une famille catholique de « Bretons taiseux ». « Monté à Paris », le jeune Le Drian se pique très vite de politique. Il adhère au PS en  avant de devenir député quatre ans plus tard. Maire de Lorient dès , celui qui, «telun cobra, absorbe des opposants » acquiert rapidement une excellente connaissan­ce de la chose militaire. Il manie les contrats, multiplie les contacts, soigne ses réseaux. Secrétaire d’État à la Mer dans le gouverneme­nt Cresson, en , Le Drian est « oublié » par Jospin en . Ce poste qu’il convoite tant, qui lui ira comme un gant, il se le voit offrir sur un plateau par... Sarko. Mais contrairem­ent à certains de ses amis d’alors, le Breton ne franchit pas le Rubicon. Il attend patiemment son heure, qui sonne enfin lorsque François Hollande s’installe à l’Élysée.

L’un des plus puissants ministres de la Défense

Incontesta­ble et incontesté, réélu en  à la tête du conseil régional de Bretagne, JeanYves Le Drian s’accorde le luxe de déroger à la charte déontologi­que du gouverneme­nt en conservant son fauteuil de « président des Bretons » auquel il tient tant. Hollande n’a pas le choix. Il plie. Salué pour sa solidité, y compris par ses adversaire­s, celui qui restera comme l’un des plus puissants ministres de la Défense ne sortira toutefois pas indemne de ce quinquenna­t en tous points éprouvant. Ainsi que l’explique Hubert Coudurier, « les événements du -Novembre l’ont changé, comme chaque enterremen­t de soldat auquel il a assisté. La mort l’accompagne à chacun de ses pas ». Solide, mais cabossé, le glaive du président. Jean-Yves Le Drian, Le glaive du

Président, d’Hubert Coudurier, Plon, 248 pages, 14,90 €.

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