Plages du Soleil : ouverture sous tension
Lors d’une rencontre avec les exploitants des établissements, le préfet a prôné la fermeté... mais repoussé la date de démolition fixée jusqu’à lors au 31 mars
Coup de peinture fraîche sur les murs, terrasse nettoyée, sable soigneusement ratissé... Les plages privées du Soleil s’éveillent, comme chaque printemps. Les clients déjeunent paisiblement face aux îles de Lérins et au cap d’Antibes. Sauf que cette année, la saison à Golfe-Juan s’ouvre dans une atmosphère très tendue. Déjà, cette reprise a failli capoter ! « On nous avait fait savoir que, faute de signer rapidement les engagements pour démolir nos installations, nous devions fermer le 31 mars ! Avant le festival de Cannes,au tout début de la saison », frémit Danièle Missud, présidente de l’association des plagistes et gérante de « Vallauris Plage ». Un rendez-vous, en fin de semaine dernière, avec le nouveau préfet Georges-François Leclerc et Serge Castel, responsable de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) a permis de repousser l’échéance. Reculer pour mieux sauter ? Le message porté par les représentants de l’Etat a été très ferme : le Décret plage interdit les constructions en dur sur le domaine public. Serge Castel a martelé la règle : « Lorsqu’une installation est permanente, en dur, elle doit être démolie. C’est le cas de Golfe-Juan ». A la place ? De nouveaux lots issus d’une concession renouvelée, à la demande de la mairie et des structures démontables en fin de saison. Les plagistes, eux, ont avancé leurs arguments. Les mêmes depuis le début : ils ne sont pas ici « sans droit ni titre ». Certains se sont vus attribuer des permis de construire par les municipalités précédentes, d’autres disposent de baux commerciaux.
« On est loin des gargotes...»
Pour François Stifani, avocat de l’association, « on est loin des gargotes auxquelles la DDTM fait la chasse. [N.D.L.R. : le snack La Petite Afrique à Villefranche-sur-Mer a été démonté le 15 mars]. Ce sont de véritables fonds de commerce et lorsque leur existence résulte de titres réguliers, ils méritent une protection à laquelle la loi Pinel apporte la première pierre, en reconnaissant des droits à ces exploitations qui bénéficient bien d’une clientèle propre ». Autres arguments répétés par les exploitants : l’activité économie directe et indirecte générée par ces entreprises. « En pleine saison, ce sont plus d’une centaine d’emplois sur le site, des familles entières », souligne Pierre-Jacques Marquise, du célèbre restaurant « Tetou » implanté depuis plus de cent ans. L’enseigne emblématique a accueilli – et continue d’accueillir – de nombreuses célébrités, notamment lors du Festival de Cannes. Un véritable patrimoine, lié à l’essor touristique de la Côte d’Azur mais qui, pour la préfecture, doit aussi plier sous l’obligation du respect du Décret Plage. Dura lex sed lex. Il faut démolir, assène la DDTM. Et ce sont les exploitants eux-mêmes qui devront s’exécuter, à leurs frais. François Stifani s’insurge : « certains établissements ayant fait l’objet de permis de construire réguliers, sur le domaine public propriété de l’Etat, c’est donc de lui que dépend leur destruction ! »