Le ras-le-bol du personnel au centre Labreuille
Malgré la pluie battante, les employés (environ 50 % du personnel) du centre pour handicapés René Labreuille ont déployé parapluie et planté piquets de grève, hier matin, devant l’établissement. Des résidents sur fauteuils roulants les ont même rejoints à leur rythme, afin d’afficher leur solidarité à ce mouvement de grogne. En cause : Un PRE (« Plan de Retour à l’Équilibre) que la direction souhaite appliquer pour combler les déficits.
Déficit et « mauvaise gestion »
Autrement dit, un plan de redressement économique, dont les préconisations nuiraient gravement aux conditions de travail des salariés, comme à la qualité des soins prodigués aux patients. Et ce, sans aucune négociation, selon FO. « Ce plan vise à réduire les effectifs, le temps de déjeuner avec le patient n’est plus compris dans le temps de travail, les conditions sont de plus draconiennes », se plaint une employée. «Il y a des pressions psychologiques sur le personnel et cela se répercute sur les soins aux patients », ajoute une infirmière. Le PRE a été présenté à deux reprises, en septembre et en mars, mais sans aucune possibilité de le discuter selon les grévistes. D’après Rachida, déléguée syndicale, le déficit de l’établissement APF (Association des Paralysés de France) serait de 475 000 € en 2015, dont 300 000 € de dépenses inconsidérées, alors que la dotation de l’ARS (Agence Régionale de la Santé) était prévue à la baisse. Car au-delà du plan, les salariés pointent l’équipe dirigeante actuelle, et la « mauvaise gestion » du directeur, Robert Kezel, depuis son arrivée en 2008. « Il y a eu des exclusions arbitraires de résidents, des licenciements abusifs et des pressions. Sur le plan financier, ce ne sont pas toujours les meilleurs prestataires qui ont été choisis. »
Dialogue de sourds
En cure hier, M. Kezel était absent, et n’a pas répondu à notre sollicitation téléphonique. Sur place, ni le directeur adjoint Jean-Luc Fouchier, ni le directeur du centre de Nice, M. Rebani (les deux centres sont mutualisés) n’ont voulu s’exprimer. En revanche, la mère d’une résidente est venue à notre rencontre, au nom de l’association des familles : « Nous sommes solidaires de la grève, car la situation du personnel et des patients est de plus en plus critique. Il y a un dialogue de sourds avec la direction. En 28 ans, c’est la première fois que je voie ça ! » Dehors, un gréviste précise : « Aujourd’hui, ce n’est qu’un premier mouvement d’avertissement. On est en grève, et pourtant, on l’aime notre métier ». A. CARINI